Fiche de présentation

BROODTHAERS, Marcel

né le 28 janvier 1924 à Saint-Gilles, Bruxelles, Belgique ; 1940, rencontre Magritte*; 1962-1963, séjourne à Paris ; 1963, commence son activité artistique ; 1973, s'installe à Düsseldorf, puis à Londres ; 1976, meurt le 28 janvier à Cologne.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Plasticien

Présentation : Après avoir végété dans différents métiers, comme libraire, reporter, guide de musées, et poète, il décide, en janvier 1964, de couler dans le plâtre 50 exemplaires invendus d'une de ses plaquettes de poésie pour que la pensée devienne plastique et que la plastique soit pensée..
Le carton de sa première exposition est accompagné de la mention provocatrice : " Moi aussi je me suis demandé si je ne pouvais pas vendre quelque chose. " En 1972,  il filme La Tempête, navire s'enfonçant.
Il devient conceptualiste* de la dérision, appliquant les recettes formelles de Duchamp* - qui était inventeur - et celles du langage de Magritte - qui était plasticien - à dénoncer les perversions de l'art en général et des musées en particulier. Lequel musée n'attend pas sa mort pour le récupérer, avec sa complicité.
En 1990, Marien*, apprenant qu'un joaillier bruxellois crée des bijoux inspirés des formes de Magritte, écrit : " Pas plus que l'Hôtel de ville en saindoux ou les oeufs de Pâques en chocolat, il n'y a lieu de prendre au sérieux les faux Magritte confectionnés et exposés pour les fêtes de fin d'année [...]. Mais l'on envisage déjà les moules de Broodthaers en or massif et les spéculateurs s'inquiètent. Les copies ne vont-elles pas valoir plus cher que les originaux? "
Il " fabrique " des ready-made retouchés inspirés du pop* américain, et des Nouveaux réalistes*; il éprouve une affection particulière pour les coquilles d'oeufs, le charbon en vrac et les moules, Moules rouges casserole (1965, MRBABx).  et Miroir cadre blanc aux oeufs, (1966-1967, ibid). Il s'intéresse aux calembours, à l'instar de Magritte, mais sans son support esthétique, Machine à poèmes, (1965-1968), dans une housse de machine à écrire portative, des pots brisés marqués de la lettre M de Marcel, et cela donne Pot M, poème. Lettre ouverte, (1972) montre, sous verre, une lettre effectivement ouverte accompagnée de son enveloppe timbrée. Il réalise une maquette aveugle de certains passages du poème de Mallarmé Un coup de dés n'abolira jamais le hasard, (1959, Groeningemuseum, Bruges, imprimée sur papier transparent intercalé dans le texte de manière à occulter telle ou telle phrase. Un planisphère voit son titre corrigé, qui de Carte du monde politique devient Carte du monde poétique (1968, VAbbe). Quant à " Moule ", cela signifie ensemble LE et LA moule. D'autres objets, d'autres textes sont des rébus.
À compter de 1967, il applique assez naturellement son conceptualisme à des environnements* d'expositions d'objets futiles et de textes énigmatiques, avec la complicité d'institutions officielles, comme le palais des Beaux-Arts de Bruxelles en 1965; le Städische Kunsthalle de Düsseldorf en 1970, 1972 et 1975; celui de Mönchengladbach en 1971; le Lenbachhaus de Munich en 1973; la Nationalgaerie de Berlin; l' Institute of Contemporary Art de Londres et le FNAC à Paris en 1975. Chaque fois, il y va de la dénonciation des expositions, et des musées, célébrées par ceux-ci mêmes. L'aboutissement de cette démarche est la fondation, en 1968, d'un musée personnel, chez lui, 30, rue de la Pépinière à Bruxelles ; il y expose des caisses ayant servi au transport d'oeuvres d'art et des reproductions en cartes postales. Le MNAM conserve de lui MTL-DMT 1970, ensemble de dessins, manuscrits, pièces sus farde (sic), d'une inscription et d'un film, exposés à Bruxelles du 13 mars au 16 avril 1970, et aussi Salle blanche, (1975), intérieur de maisonnette en aggloméré, avec pour tout ornement les moulures et des inscriptions de mots en noir en place du papier peint. Il réalisa des oeuvres plus traditionnelles, Le Sous-sol (s. d., coll. Crédit communal de Belgique, Bruxelles), plaque de métal rouge repoussée avec graphisme et inscription noirs.

Expositions : 1964, Smith, Bruxelles ; 1966, Galère, Paris ; 1975, FNAC, Paris.

Rétrospective : 1992, Galerie nationale du Jeu de Paume, Paris.

Musées : Kunstmuseum, Bonn ; Van Abbe Museum, Eindhoven ; Musée national d'art moderne, (Paris), possèdent chacun de nombreuses oeuvres ;  Groeningemuseum, Bruges : un exemplaire de tous les imprimés.