Fiche de présentation

KUPKA, Frantisek

né le 22 septembre 1871 à Opocno, Bohême orientale, République tchèque ; 1884-1888, métiers manuels, dont celui de broyeur de couleurs dans un atelier de peinture et chez un sellier qui l'initie au spiritisme ; 1889-1891, Académie de Prague ; 1892-1896, Beaux-Arts, Vienne ; gagne sa vie comme médium ; 1896, vient en France ; 1899-1909, illustrateur de revues, notamment de l'Assiette au beurre  ; 1906, se fixe à Puteaux ; 1914-1918, s'engage dans la Légion étrangère et milite pour la création d'une Légion tchèque ; 1922, nommé professeur, chargé des étudiants tchèques à Paris, par l'Académie des beaux-arts de Prague ; 1931-1934, participe à Abstraction-Création*; se détourne de l'hindouisme pour étudier la philosophie grecque ; 1939-1945, réfugié dans le Loiret, peint très peu ; 1957, meurt le 24 juin à Puteaux.
signature : double K.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : Postimpressionniste*, Le Bibliomane I, (1897, château de Prague) ou Les Cheminées, (1906, ORS), moderne par la mise en page du vide, mais surtout symboliste, ou nuageux, Les Voies du silence, (1903, GNP), ou agressif comme les Nazaréens, Soleil d'automne, (1905-1906, ibid.), on lui doit aussi un dessin Les Cavaliers, (ca. 1900), qui inspiré du praxinoscope, sorte de lanterne magique, crée le mouvement d'un bandeau dessiné, et ainsi anticipe les futuristes*.
Dieu turc, (1904, participation à  la bataille contre l'islam.
Étude pour plans par couleurs, Grand Nu, (de 1904 à 1909), révèle en trois tableaux son évolution du symbolisme à l'expressionnisme*. Expressionniste plus proche de Die Brücke*, plus soucieux de la figure humaine que de la manière fauve*, avec ses paysages flamboyants, La Gamme jaune, (1907-1908, MNAM), tragique camaïeu bouton-d'or, ou Le Rouge à lèvres nº III, (1908) et L'Archaïque, (1910, MNAM) que frôle l'excès du trait.
La transition de l'expressionnisme à l'abstraction* se réalise dans les années 1910 et 1911, Les Touches de piano, Le Lac, (1909, NAR), avec ce clavier arbitraire dans un paysage classique ; la figure humaine est enveloppée de géométries, Le Ruban bleu, (1910, MAMStE), et les plans diffèrent selon les couleurs, Plans par couleurs, (1910-1911, MNAM) qui amorce le mouvement sur lequel il reviendra à la fin des années 1920. L'abstraction devient sa préoccupation exclusive à partir de 1911, Nocturne, (20JW), tout en verticalité. Puis le disque intervient, orphique* comme ceux de Delaunay*, Disques de Newton, étude pour la fugue à deux couleurs, (1911-1912, MNAM). La verticalité l'amène à peindre des touches de piano, des tuyaux d'orgues, Plans verticaux, (1911-1912, PPG), Ordonnance sur vert en jaune, (1913, MNAM) ou simplement des rectangles debout, Plans verticaux III, (1912-1913, GNP). Son intérêt pour l'hindouisme devient explicite non seulement par les titres choisis mais par les motifs décoratifs exploités et l'atmosphère qui s'en dégage, Traits, plans, espaces, (1912, Musée Kampa, Prague), fait d'ovales creux en dégradés, fondus. Localisation de mobiles graphiques (1912-1913, NGW et Th-B), 200 x 194 cm, sans doute ses plus grandes toiles avec des volutes s'enfonçant dans des points de focalisation. Lignes animées, (1921, MNAM), Motif hindou, (1921-1923, MNAM), Autour d'un point (1921-1930, MNAM). Le cercle de 1911 est éclaté, enfoncé, réfracté, Étude, (ca. 1912), ou Contrastes gothiques, (ca. 1920). Un double face, aux piliers cassés jaunes, recto ils montrentune issue que l'on voitau verso, Composition, (1925). Le mouvement circulaire est diapré par cette rupture en fragments de cercles et par la juxtaposition de points multicolores pour ancrer ces fragments. Les formes sont baroques, en flou de tentures, Aréation, (1911-1920, GNP), en feuilles de nénuphars découpées, fuyant, successives, vers l'infini, Contes de pistils et d'étamines (1919-1920, ibid.). La décomposition en plans successifs crée le mouvement avec un rappel du futurisme* Compliment, (1912-1922, MNAM). La synthèse de la verticalité et de la rotondité est rendue dans Le Jaillissement I , (1923, château de Prague), véritable salle hypostyle, ou dans Orgue sur fond vert, (1925, MAMVP). Il explore, ces années durant, les différentes voies de l'abstraction, l'impressionnisme avec de grandes nébuleuses, Facture robuste, (1920, MNAM) que Nay* reprendra;  la géométrie de l'ovale creux, Traits, Plans, Espaces III, (1925-1927, MNAM), développée par Bozzolini* cinquante ans plus tard ; l'Esprit nouveau*, La Foreuse, (1925, Th-B.). Équation des bleus en mouvement, (1929-1931), marque le glissement de l'hindouisme au platonisme : l'espace-plans est rendu par un semis de triangles vides ur triangles pleins. En 1931, en effet, il se tourne vers la philosophie grecque, ce qui l'amène à se consacrer à l'abstraction géométrique ; l'orthogonalité, Sans titre, (ca.1935) ou Trois Bleus, trois rouges, (1953-1957, MNAM) n'est pas radicale, elle sait se muer en grecques, adopter le cercle, ne pas refuser des joliesses décoratives, accepter le flottement suprématiste*, casser de blanc les couleurs primaires, Humoresques, (1953, MPSG). Son côté baroque de Bohême resurgit parfois, comme dans Tourbillon, (1955, ibid.). Il ne l'a jamais quitté dans les volutes de sa signature. De 1894 à 1912, il est dessinateur et graveur, issu du symbolisme, à mi-chemin entre Ensor* et Félicien Rops, Danse macabre, (1896) ; laissant poindre sa peinture "hindouiste"à venir, Commencement de la vie, (1900, MNAM), ou découpant déjà sa gravure en sections verticales, Les Cavaliers, (1900, MNAM). Son anarchisme anticapitaliste, antimilitariste, antireligieux établit une outrance adaptée aux journaux satiriques, La Vérité, (1905, Bibliothèque François Mitterrand), femme nue poursuivie par sergent de ville, bourgeois, prêtres et religieuses.
De 1901 à 1907, il collabore à L'Assiette au beurre, et sa violence croît. Son mysticisme s'exprime dans Le Cantique des cantiques, (1905-1931, Musée d'art du judaïsme, Paris) 134 pièces, des dessins préparatoires aux aquarelles finales) et Les Érynnies, (1908), dix aquarelles pour illustrer le poème eponyme de Leconte de Lisle, ; il y développe le goût de la décoration à la viennoise. En 1924, il illustre L'Homme et la terre, d'Élisée Reclus, avec 120 planches allégoriques.

Expositions : 1905, Brno ; 1921, Povolotzky, Paris ;  2012, Danser sa vie, Centre Pompidou, Paris, (G).

Rétrospective : 1946, Narodni galerie, Prague; 1958, 1989, Musée d'Art moderne de la ville, Paris ; 2002, Musée d'Orsay (créationdu peintre des années 1894 à 1912).

Musées : Musée national d'art moderne, Paris, et Galerie Narodni, Prague, avec 50 oeuvres.

Citation(s) : Il a dit :
- Je veux aider à aplanir les maux dont souffre la société. (à propos de ses dessins anarcho-satiriques).