Fiche de présentation

CHEN, Zhen

né en 1955 à Shanghai, Chine ; 1973-1975, étudie l'art traditionnel aux Beaux-arts de Shanghaï ; 1976, y enseigne ; 1982, institut théâtral de Shanghai ; 1983, déporté au Tibet ; 1986, arrivée à Paris; beaux-arts de Paris; 1989, Institut des hautes études en arts plastiques ; 1991, enseigne aux Beaux-arts de Paris ; 1993-1995, à l'Institut des hautes études en art plastique ; 1995-1999, aux Beaux- arts de Nancy ; 1997, au Centre pour l'art contemporain de Kytakyushu ; naturalisé français ; souffre d'anémie incurable ; 2000, meurt le 13 décembre à Paris d'un cancer foudroyant.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Installationniste

Présentation : Il débute en Chine au milieu des années 1980, avec une peinture inspirée par la philosophie chinoise traditionnelle, interdite par la Révolution culturelle. Lorsqu'il arrive à Paris, il vire de bord, abandonne la peinture et se met aux installations, à base de déchets de la société industrielle à laquelle il est brutalement confronté. Son classicisme recourt à la symétrie et à la sobriété, Le Monde/Chaos, (1990), un "columbarium" de journaux brûlés, venant du quotidien éponyme, avec une enseigne aux lettres gothiques. Des chaises aux fonctions typées, pliantes, curules, de bébé, etc., rendues impraticables parce que collées sous la table ronde, évoquent bien des impuissances, Round Table, (1995, MNAM). "Entre thérapie et méditation", dit-il. Le titre rend compte du propos lorsque, à base de matériaux insolites, tuyaux à perfusion, coquilles de noix, perles, tresses en œuf transparent, lit double à bascule, il témoigne de l'impossibilité de guérir un homme toujours absent, toujours errant, La Chose la plus importante, (1990), encadrement de ses papiers d'identité chinois et français. Prescriptions Parturitions, (1993), armoires de verre dans lesquelles sont placés des cendres de journaux brûlés qui ayant produit des textes se retrouvent à l'état naturel.
Des instruments de contention indiquent le sadisme inhérent à la démarche, tel cet énorme bali-fouet-serpillière composé de tuyaux de perfusion se terminant par leur aiguille. Daily Incantations, (1996), avec ses 101 pots de chambre en bois pendus au bout de ficelles, produisant le bruit d'entrechoquements lors de leur nettoyage, dûment enregistré, et confronté à une sphère transparente contenant les rebuts de la société de communication actuelle, dit en quelle estime il tient celle-ci. Ou Quand les villes dialoguent, (2000), projections sur trois murs de diapositives des bidonvilles de Soweto, Shanghai et Salvador de Bahia, avec, au centre, Le Paysage intérieur du corps, (2000), six sculptures de bougies pliées, courbées, agencées comme des paillotes, six couleurs différentes, chacune sur un piédestal de fer forgé. La plus "engagée" de ses installations est Jue Chang, (1999), présentée à Tel-Aviv, série de peaux tendues entre des meubles bousculés, sur lesquelles les visiteurs sont invités à frapper avec des débris de fusils, "cinq fois pour chaque partie", comme le recommande un dicton bouddhique, et, en l'occurrence, les deux parties sont la palestinienne et l'israélienne. Il conceptualise* son incarnation dans l'Occcident, l'utopie d'une entente universelle, et multiplie les inventions sans jamais se répéter, Purification Room, (1999, GNT), salon avec ses meubles et ses moindre objets, recouverts d'argile, témoin d'un désastre. Il met en scène sa maladie, Berceau, (1995, CNAC), ou Souffrance, (2000), une masse en forme de cocon géant, déborde d'un lit de fer à roulettes.
A titre posthume, on reconstitue dans la chapelle de la Miséricorde à Montpellier, un ensemble de lits de toutes sortes, ameublement d'une salle d'Hôtel-Dieu, (2005).

Expositions : 1986, Institut théâtral de Shanghaï, (P) ; 1987, Carrefour de la Chine, rue Sainte-Anne, Paris, (G ); 1991, Valentina Moncada, Rome, (P ); 1998, 2000, Ghislaine Hussenot, Paris (P) ; 1998, Biennale de Taipei (G), Deich Projects, New York (P) ; 1999, biennale de Venise ; 2001, Serpentine, Londres (P) ; 2004, palais de Tokyo, Paris, (P).

Rétrospective : 2002, Institute of Contemporary Art, Boston ; 2003, PS1, New York ; 2003, Palais de Tokyo, Paris ; 2007, Kunsthalle, Vienne.

Citation(s) : Il a dit :
-Les Français disent "c'est du chinois" pour indiquer quelque chose d'incompréhensible. Je le prends comme un très grand compliment. Cela montre que les Chinois n'abordent pas les problèmes de front et qu'ils commencent par ne rien affirmer.
- Nous nous exprimons par allusions, évocations, par métaphores, en nous servant d'un prétexte, d'un paradoxe, d'un renversement d'idée, d'un euphémisme.-
- J'ai reçu une bénédiction, celle d'être gravement malade. Les crises sans fin, la souffrance, les difficultés physiques aussi bien que mentales m'ont toute ma vie accompagné.Eles ont façonné ma volonté comme mon esprit, les transformant en sources d'énergie vitale, cette énergie qui me permet d'être encore vivant et passionné par l'art.