Fiche de présentation

COCTEAU, Jean

né le 5 juillet 1889 à Maisons-Laffitte, Yvelines, France ; cinéaste, dramaturge et, avant tout, poète ; 1918, se lie avec Raymond Radiguet ; 1923, décès de Radiguet ; 1926, se lie avec Jean Desbordes ; 1933, se lie avec Marcel Khil et se sépare de Desbordes ; 1937, se lie avec Jean Marais* ; 1940, mort de Khil, torturé à mort par la Gestapo ; 1947, rencontre Édouard Dermit, qui deviendra son fils adoptif et son légataire universel ; 1955, succède à Colette à l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique ; élu à l'Académie française ; 1963, meurt le 11 octobre à Milly-la-Forêt, Essonne ; y est inhumé dans la chapelle Saint-Blaise.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Dessinateur - Peintre

Présentation : Diaghilev lui dit : "Étonne-moi.". Il le fait. Il est moins qu'un créateur mais plus qu'un mondain, il est un révélateur de toutes les facettes artistiques et intellectuelles de son époque.
Son dessin (comme sa littérature, son cinématographe) est celui d'un autodidacte doué qui choisit de s'exprimer dans un graphisme ingresque. Il a écrit : "Ne jamais empiéter sur le règne du peintre. Demeurer écrivain." C'est pourquoi, sans doute, il reste graphiste dans sa peinture même. Il ne faut pas mettre sur le même pied, les dessins passe-temps jaillis de l'inactivité, griffonnés avec talent, au demeurant, sur un menu ou un programme et l'œuvre plus élaborée, comme les portraits ou la chapelle de Villefranche : il signait tout, d'où la confusion.
Lorsqu'il dessine pour dessiner, il s'inspire de la plastique du David de Michel-Ange : traits précis, yeux globuleux ou en forme de poisson, forte dose de virilité, lèvres épaisses et sensuelles, et la supérieur relevée sur la base du nez, front droit. La manière est aiguë et jamais anguleuse ni caricaturale, le trait de crayon est sûr, plus soucieux des contours que des détails, jusque dans les ombres dont seuls les volumes sont tracés. Il possède le sens du mouvement, l'art de la chute Orphée tombant de très très haut, (1925), et celui du raccourci auquel s'ajoute le sens de la décoration, Mains et pieds de plâtre attaquant les hommes au bord de la mer (1926, MPSG),  Exceptionnelles, les encres de La Vierge au g. c. (1930), scène de bordel hétérosexuel, aux traits elliptiques, avec le visage de l'homme en travesti, fouillé. Exceptionnelles aussi La Famille Rufus, (1934), dans une manière vériste* et une suite de dessins de ses contemporains, rassemblés par l'éditeur parisien Pierre Belfond comme 11 dessins de costumes pour Les Chevaliers de la Table Ronde, (1934-1937).
Ses portraits, au-delà de l'enveloppe du personnage, rendent des traits de caractère, Louis Jourdan, Jean Marais*, Max Jacob*, Édouard Dermit, Colette... sélection parlante.
Quant aux motifs décoratifs, il use de géométries avec intersection de droites, pointée, Faune assis, (1957) ; parfois, ce point est agrandi aux dimensions d'un œil et sert de centre à une toile de droites, de lignes brisées, de guilloches, ce sont ses "tatouages".
De ce style personnel, naissent des œuvres de verre, réalisées sous l'impulsion de Costantini*. De nombreux dessins sont dupliqués, par lui-même qui en garde des calques.
Restent les "bouts de papier" signés "Jean" flanqués d'une étoile et recueillis par la piété intéressée des amis. L'abondance de ces croquis de table rend futile une partie de sa production, authentique mais frappée d'inflation. Édouard Dermit, légataire universel, estime à 50 000 ces dessins issus d'une fabuleuse vitesse d'exécution.
De 1951 à 1954, il peint douze toiles, s'initiant à l'huile au moment où Édouard Dermit, qui a toujours peint, entre dans sa vie. Ces œuvres n'ont pas vraiment de marque personnelle. Il y a tantôt des réminiscences de Masson*, Le Champ de blé (1951), tantôt du Picasso* ingresque, Portrait d'une tragédienne (1951)  ou autre réminiscence du même, Oedipe ou le carrefour des trois routes, (1952), projet de rideau de scène, tantôt du Cocteau dessinateur, Le Vase étrusque, (1952). La série dite des Innamorati, (1954-1955) est encore un pastiche du même Picasso. Ce dernier lui enseigne comment user des crayons de couleur à la cire, superposés, qui donnent l'apparence du pastel. Ceux-ci, en 1954 et 1955, sont personnels dans la mesure où l'on retrouve le graphisme appuyé du dessinateur.
De 1957 à 1962, il est céramiste.
De 1903 à 1906, il donne à des journaux satiriques des caricatures qui relèvent du trait féroce, et elliptique, des publications de l'époque : il n'est pas encore le dessinateur que l'on identifie à Cocteau et c'est peut-être pour cela qu'il signe JAPH.

Expositions : 1925, Louis Manteau, Bruxelles ; Briant Robert, Paris ; 1938, Guggenheim-Jeune, Londres, (P) ;  2013, Musée Cocteau,  Menton, (P) ; 

Rétrospective : 1984, Pavillon des arts, Paris ; 1988, Londres ; 1999, Acropolis, Nice ; 2003, Centre Pompidou, Paris ; 2010, Palais Lumière, Evian ; 2015, Coullaud  Koulinsky, Paris, (P).

Musées : Musée Cocteau, Le Bastion, Menton, conçu par l'artiste ; Musée Cocteau, Milly-la-Forêt ; Musée municipal de Menton,  1440 pièces reçues de l'américain Severin Wunderman.

Lieux publics : Décorations murales :1932, Villa Blanche, près de Toulon ; 1950, Santo Sospîr, Saint-Jean-Cap-Ferrat ; 1956, Chapelle Saint-Pierre, Villefranche-sur-Mer ; 1957, Salle des mariages, mairie de Menton ; 1958, deux toiles de 42 m2, La Conquête de l'inconnu et Hommage aux savants, exécutés pour la 1re Exposition internationale d'astronautique, Terre et Cosmos, Cité des Sciences et de l'Industrie, Paris ; 1959, Chapelle Saint-Blaise-des-Simples, Milly-la-Forêt ; Chapelle de la Vierge, église Notre-Dame de France, Londres ; 1960, Amphithéâtre du centre méditerranéen universitaire, Cap d'Ail.

Citation(s) : Il a dit :
- Je décalque l'invisible.
On a dit :
- Un cocktail, des Cocteau. (Tristan Bernard)
- L'être le plus haïssable de ce temps. (André Breton)
- Charmant garçon, plein d'esprit et de dons. Tout le jugement à porter sur lui tient dans ces deux mots en apparence      contradictoires : profondément superficiel. ( Paul Claudel)
- Nous parviendrons bien à l'abattre comme une bête puante. (Paul Eluard)
- Ubiquiste français. (François Mauriac)
- Cocteau est la queue de ma comète. (Picasso)

Archives : En 2005, le collectionneur Severin Wunderman, homme d'affaires américain, né en Belgique, offre 2 000 œuvres à la ville de Menton à la condition d'y ériger  le musée Coctreau.