Fiche de présentation

SEGUI, Antonio

né en 1934 à Cordoba, Argentine ; 1951-1952, voyages en France et en Espagne ; académie San Fernando, Madrid ; Beaux-Arts de Paris ; 1958, voyage au Mexique ; 1961, revient en Argentine ; 1963, s'installe à Paris ; 1994, membre de lAcadémie Royale de Belgique ; 1983, vit à Arcueil et Cordoba.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre - Sculpteur

Présentation : Une oeuvre  précoce, d'abord classique, La Tente, (1927). Narratif, la BD* ne lui est pas étrangère. Il produit de grandioses toiles enfantines pour dire le désarroi de la multitude des adultes. C'est le voyeur qui privilégie l'oeil mort de l'aveugle, ou sain du voyant. À vous de faire l'Histoire, (1966, MCM), soixante petits carrés imagés, juxtaposés, véritable loto mis en situation, découpés dans du multiplex, en creux et en relief, peints de couleurs acides.
A compter de 1964, ses personnages (et leur décor), ne varient plus, toujours découpés, comme s'il s'agissait de marionnettes à fil, disposés autour d'un nuage, fichés dans un socle ; l'homme au gros nez et au chapeau mou, sans cesse répété, c'est lui ; d'autres têtes caricaturales, posées côte à côte, Maison de vieillards, (1963) ou Felicitas, (1963), un évêque dominant les têtes. Les acidités sont rapidement évacuées au profit de couleurs tassées, voire nettement sombres. L'instinct populaire se révèle aussi bien dans les évocations d'Al Capone, (1963-1980), que de Norbert Mendy, (1989-1993) - avec des accessoires du joueur de tennis légèrement en avant-plan -, ou dans les Hommes à Gardel Carlos, (1976-1978), un chanteur vu de face, vu de dos. Les héros sont tels que la presse du coeur les a mythifiés, revus par une mise en page et un pinceau fantaisiste et narquois, reprenant les astuces des BD, comme l'accumulation de petits traits pour signifier le mouvement, ou l'éclatement de taches pour suggérer le froissage. En 1962 et 1963, il refoule les corps repoussés dans un coin de la toile par une tornade.
Il lui arrive de peindre des photographies En Famille à la T.V., (1970), ou Udine, 1973),  évocatrices des XXè et XIXè siècles. Il reprend en hommage d'admiration ou de dérision les grands maîtres du passé qu'autrefois on copiait à titre de gammes. Ce sont les Leçons d'anatomie, en 1977-1978, revues et corrigées, venant en droite ligne du XVIIIe hollandais. La suite des Parcs nocturnes, (1978-1979) fait défiler dans les allées en spirale, éclairées par des réverbères, toute la lie que la nuit fait sortir de ses ténèbres et de ses repères, prostituées à cuissardes, proxénètes au feutre rabaissé, marlous à poignards, couples en ébats, dragueurs de toutes sortes. Leurs silhouettes tiennent du dessin d'enfant par la raideur de leur simplification ; on y retrouve le voyeurisme dans les traits, orientant les regards sur son objet, Parc aux aveugles, (1978, MNAM). Exceptionnellement, il isole un personnage et dépouille son environnement, La Femme au chien, (1981) ou L'Homme à la barque, (1981).En 1980-1982 et en 1991-1992, il se consacre à Paris, à ses monuments célèbres vus par un faux naïf* : la tour Eiffel est repliée parc que trop haute pour la toile, les rues courent verticalement autour des immeubles, sans perspectives, toute échelle étant brouillée, Textura infantil, (1987), avec des maisons aux dimensions des visages, mêlés dans une même grisaille qui accentue l'impression-oppression urbaine, au point, paradoxalement, de réduire la ville à des allusions envahies par le même homme mécanique dans des gestes du quotidien. En revanche, colorés arbitrairement, Gens soupçonneux, (2008), se jettent des regards sournois. À la fin des années 90, il dessine au crayon gras et ses figures prennent alors une dimension charnelle, venue de la matière sans doute, autant que de l'inspiration, Gardel à Paris, (1997), pastel sur toile crue, gros plan devant la butte de Montmartre*.
Le Sculpteur :
En 1966, déjà,il se sert de reliefs
De 1980 à 1996, il sculpte, devenu baroque, délaissant ses angularités frustes, par adjonction de plans de métal qu'il peint, Le Berger et ses moutons, (1996), toute approche caricaturale exclue, comme dans Médecins des colonies, (1996). Une oeuvre résume son style fétiche, un chapeau mou sur deux jambes allant l'une vers l'autre. L'année 2011 est consacrée à de la sculpture plate, en acier corten, Mistert Madoff, juché sur un cochon.

Expositions : 1957, Pedela, Cordoba, (P) ; 1961, Salon de Mai, Paris ; 1964, Jeanne Bucher, Paris ; 1992, 1998, Marwan Hoss, Paris, (P) ; 2010, Villa Tamaris, La Seyne-sur-Mer, (P) ; 2010, Claude Bernard et Jeanne Bucher, Paris, (P).

Rétrospective : 1969, Hessische Landesmuseum, Darmstadt ; Institut d'art contemporain, Lima ; 1971, Musée d'Art moderne de la ville, Paris ; 1972, Musée d'Art moderne, Buenos Aires ; 1985, Présence contemporaine, Aix-en-Provence ;  1991, Musée national des beaux-arts, Buenos Aires.