Fiche de présentation
BARBARIGO, Ida, ( Ida Cadorin, dite )
née le 25 août 1925 à Venise, Italie, d'une famille de peintres; 1942-1946, Beaux-Arts de Venise; 1949, épouse Zoran Music*; 1952, se fixe à Paris et continue à travailler partiellement à Venise.
Type(s) :
Artiste
Présentation : Zoran, (1946) sort de l'impalpable comme une apparition. Le thème dominant de sa peinture des années 60, c'est celui des chaises et des tables en fer tels qu'n les voit aux terrasses de café; ces sièges sont torturés, déformés comme s'ils étaient faits de laiton et disaient toute la misère du monde, d'autant qu'ils sont vus sous un rideau de pluie et d'huiles. Comme, d'ailleurs, ses autres sujets; si ses personnages sont assis, ils ont le chapeau dégoulinant au point d'effacer le visage et le vêtement, réduit à un tissu spongieux, Le Philosophe dit simplement : je pense (1970, NPSG). Ces chaises sont la projection dramatique - expressionniste*- de ceux qui ne les occupent point. Ses traits épais, ondulants ou cassés, désarticulent, L'Homme de pierre, (1967). En revanche, les assis le sont nulle part sur fond anonyme, crème ou gris, silhouettes tassées, avachies, dans leurs torses d'huiles. À compter de la fin des années 70, elle peint aussi des fleurs, comme on les voit, flétries, après une nuit de pluie. Les Persécuteurs, (1977-1979), ce sont des portraits d'hommes surgissant du nocturne, bourgeois graves et insensibles d'une junte de Goya, dont seul le visage est éclairé, sortant, impitoyable, de l'ombre. Les ténèbres propices aux interrogatoires ont succédé à la pluie, exprimées par de larges surpeints horizontaux à la brosse marron sombre ou gris, que l'on porrait assimiler à une vitre embuée. Dans cette même atmosphère, elle peint, à l'initiative de l'Élysée, trois Portrait de François Mitterrand,(1986-1987). Dans les années 1990, elle modifie sa technique pour Les Sphynges, figures frontales de grand format qu'elle recouvre d'un treillis de couleurs, camouflage* de sorte que le flou rappelle le voile de Véronique. Le fondu succède au brisé et les grandes figures implorantes, lie de vin, titrées par antiphrase, Suite dionysiaque, (1989), expriment aussi la misère du monde à laquelle Music se consacre.
Expositions : 1955, Salon de Mai, Paris; 1959, Seleti, New York, (P); 1965, Paul Facchetti, Paris, (P); 1999, Marwan Hoss, Paris (P).
Citation(s) : On a dit :
- Quand la pluie étalant ses immenses traînées,/D'une vaste prison imite les barreaux (Charles Baudelaire, Spleen).