Fiche de présentation

RICHIER, Germaine

née le 16 septembre 1902 à Grans, Bouches-du-Rhône, France ; 1920-1926, Beaux-Arts de Montpellier ; 1925, élève de Bourdelle* à Paris ;  1926, épouse Otto Baenninger*, 1935, voyage à Pompéi où elle voit les hommes pétrifiés ; 1939-1946, vit à Zurich ; 1954, divorce et se remarie avec René de Solier, critique ; 1957, malade, s'installe près d'Arles ; 1959, meurt le 21 juillet à Montpellier.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Sculpteur

Présentation : Qu'est-ce à dire que ses débuts sont classiques? Déjà le non-conformisme l'attend, Buste n° 12 (1934), avec sa face sans visage, à l'instar de bustes du Julio Gonzales* de 1910, érodé suite à un long oubli sous-terre ou sous-mer. Déjà, dans Torse I, (1934), elle laisse l'armature apparente, ce qui est une de ses principales trouvailles. Déjà, La Grosse, (1939) indique la volonté d'abandonner la belle ouvrage polie pour la peau squameuse à force d'ajouts ou de suppressions, la tête déformée et les jambes campées. Déjà, Le Crapaud, (1940, KBe) annonce les hybrides. Déjà, elle expose ses pièces sur un fond en équerre, un panneau s'élevant du socle, Torse II, (1941).
À compter de 1944, elle s'éprend des insectes de sa Provence natale et les traite avec une grande liberté, en leur donnant une apparence fantastique, cruelle et tragique, humaine en quelque sorte, Sauterelle, petite, (1944), est son premier hybride, suivi de La Mante, (1946, MAMStE) et de La Forêt (1946, FMSP), arbre tragiquement anthropomorphe. Certes on songe aux Métamorphoses d'Ovide, mais aussi à la manière dont elle télescope les lois de l'évolution, La Sauterelle, grande (1955, Louis). Troisième trouvaille, avec  L'Araignée, (1946), les fils qui se tendent entre les différentes extrémités qui délimitent le volume de l'oeuvre, soutiennent les composantes durant la création et, finalement, deviennent partie prenante de celle-ci. Elle sculpte aussi des figures humaines, empesées dans un embonpoint dégradé par l'âge, dont le modèle octogénaire est Nardone qui, jeune, posa pour le Balzac L'Orage de Rodin. Ce sont, principalement, L'Orage, (1947, Louis) et L'Ouragane, (1949, Louis ). En 1950, à la demande du père Couturier*, elle crée un Christ, (1951, église d'Assy), à l'instar insupportable du ver, du psaume 22; cela lui vaut la notoriété du scandale alors que la métamorphose du bois en bras étendus est hautement symbolique. L'image est retirée durant vingt ans avant d'être classée monument historique en 1971.
En 1953 et 1954, elle revient au lisse le temps de quelques pièces non, ou peu, figuratives et c'est dans cette ligne que se situe Spirale, (1957, MPA). En 1953, encore, elle crée des plombs, par une technique personnelle, fondant la matière et la coulant dans des creux de terre. La dernière année de sa vie, elle réalise des bronzes, des bois et des plâtres peints, L'Échiquier, grand, (1959, Tate) 8 ex.. Quant à ses équerres de présentation, elle demande à ses amis peintres, Vieira da Silva* et Hartung* en 1952, Zao-Wou-Ki*, en 1956, Bernard Dufour*, et Kijno* en 1959, de les peindre ; elles sont, nécessairement, des faire-valoir de la sculpture.

Expositions : 1934, Kaganovitch, Paris, (P) ; 1939, Exposition internationale, New York ; 1941, Zurich, (P).

Rétrospective : 1956, Musée d'Art moderne de la ville, Paris;  1980, Louisiana, Danemark ; 1996, Fondaion Maeght, Saint-Paul-de-Vence.

Citation(s) : Elle a dit :
-Les formes déchiquetées ont toutes été conçues pleines et complètes. C'est ensuite que je les ai creusées, déchirées, pour qu'elles soient variées de tous les côtés. Je suis plus sensible à un arbre caliné qu'à un pommier en fleur. Le compas qui sert à prendre les mesures exactes du modèle et le modèle lui-même m'ont longtemps été indispensables : grâce à eux je ne partais pas de rien. Mais je faisais mentir le compas. J'évitais ainsi de faire les chosescomme elles sont. C'était une manière de créer, d'avoir une géométrie à moi.

Bibliographie(s) : Françoise Guiter, Catalogue raisonné; (en préparation)