Fiche de présentation
ARTAUD, Antonin
né le 4 septembre 1896 à Marseille, Bouches-du-Rhône, France ; 1914, commence à dessiner ; 1915, se fait soigner pour troubles nerveux ; 1920, s'installe à Paris, confié à un psychiatre ; figuration théâtrale et critique d'art ; 1922-1925, joue une vingtaine de pièces au Théâtre de l'Atelier ; 1924-1935, joue dans une quinzaine de fims, sous la direction des plus grands ; 1924-1928, participe au mouvement surréaliste*; 1933, cure de désintoxication; s'intéresse à l'ésotérisme ; 1936, séjourne dans une tribu indienne et consomme des hallucinogènes ; 1937, cure de désintoxication; part pour l'Irlande rendre le bâton de saint Patrick, ayant appartenu antérieurement à Jésus ; 1939-1946, interné en asiles psychiatriques, et de 1943 à 1946, à celui de Rodez ; 1943, après plus de vingt ans d'interruption, recommence à dessiner ; 1946, vit à Ivry-sr-Seine ; 1948, trouvé mort le 4 mars à Ivry, probablement suicidé au chloral ; 1975, transfert de ses cendres au cimetière Saint-Pierre de Marseille.
Type(s) : Artiste
Technique(s) :
Peintre
Présentation : Écrivain, critique, comédien, dessinateur. L'oeuvre graphique doit être regardée comme une pièce 'une vie aliénée, et l'essai d'exprimer une âme comme on exprime des humeurs. Quatre périodes nettement séparées : de 1914 à 1924, des encres, peintures, fusains où les traits, les ombres, les cernes traduisent l'angoisse sans recours aux excès expressionnstes*. Quelques portraits, paysages, projets de costumes de théâtre. De 1937 à 1944, les sorts, lettres aux textes magiques, rehaussées de signes cabalistiques, trouées par le feu, jetant ou enlevant un sort, adressées ou non à leur destinataire. On note pour l'histoire, celle adressée à Hitler en 1939. Elles sont analogues au pouvoir catharthique du théâtre. Durant la même période, quelques dessins au fusain dans lesquels les croix et le glaive apparaissent de manière très construite, Sans titre, (1944, MNAM). De 1945 à 1946, les grands dessins de Rodez et les pages de carnets. Une quarantaine de dessins à la craie de couleur et au lavis, " documents " jetés sur le papier, indéchiffrables dans leur globalité, avec leur lot de formes et de figures, de trous de clous, de glossolalies, Été créateur des père-mère (1946, MNAM). Dessins de schizophrène, art brut*, sans doute pythique. La démarche est analogue à celle menée par Frida Kahlo*, qui exprimait les troubles de son cops; l'un comme l'autre sont des torturés. De 1946 à 1948, Il est portraitiste " classique " de visages au fusain, habités par l'hallucination, Autoportrait,(1946), Henri Pichette, (1947, MNAM) et Jacques Crevel, (1947, ibid.), frontaux, les yeux perçants dans des orbites hagardes, composés de traits (mal)adroits et échevelés, renvoyant à la propreté des photographies.
Expositions : 1947, Pierre,Paris (P) ; 1994, Musée national d'art moderne, Paris, (P).
Rétrospective : 1995, Musée Cantini, Marseille.
Musées : La presque totalité de l'oeuvre au Musée national d'art moderne, Paris.
Citation(s) : Il a dit :
- Je souffre d'une effroyable maladie de l'esprit. Ma pensée m'abandonne à tous les degrés.Depuis le fait simple de la pensée jusqu'au fait extérieur de sa matérialisation dans les mots. Mots, formes de phrases, directions intérieures de la pensée, réactions simples de l'esprit, je suis à la poursuite constante de mon être intellectuel. Lors donc que je peux saisir une forme si imparfaite soit-elle, je la fixe dans la crainte de perdre toute la pensée " (1922).
- A Alain Gheerbrant qui fut l'un des premiers à rechercher l'interné Arthaud à sa sortie de l'asile de Rodez et à vouloir lui demander un livre quand l'interné Arthaud n'avait encore donné aucune preuve de son existence littéraire ou de son existence simplement, (1947).
- Il ne s'agit dans cette " cruauté " ni de sadisme ni de sang, du moins de façon exclusive. [...] Du point de vue de l'esprit, cruauté ignifie rigueur, application et décision implacable, détermination irréversible, absolue [...] J'ai pointillé et bavuré toutes les colères de ma lutte en vue d'un certain nombre de totems d'être et il en reste ces misères, mes dessins. Ce ne sont pas des essins, ils ne figurent rien, ils ne défigurent rien, ne sont pas là pour construire, édifier, instituer un monde même abstrait, ce sont des notes, des mots, des trumeaux, car ardents, corrosifs, incisifs de je ne sais quel tourbillon de vitriol " (à props des dessins des carnets, 1948).
- Il est absurde de reprocher d'être académique à un peintre qui s'obstine encore à reproduire les traits du visage humain tels qu'ils sont; car tels qu'ils sont, ils n'ont pas encore trouvé la forme qu'ils indiquent et dsignent. Le visage humain n'a pas encore trouvé sa face et c'est au peintre de la lui donner.
On a dit : "
- Je connaissais Artaud depuis longtemps, et sa détresse et son génie. Jamais encore il ne m'avait paru plus admirable. [...] On venait de voir un home misérable, atrocement secoué par un dieu, comme au seuil d'une grotte profonde, antre secret de la sibylle, où rien de profane n'est toléré. [...] On se sentait honteux de reprendre place en un monde où le confort est formé de compromissions. (André Gide, après la séance Artaud, au Vieux-Colombier, le 13 janvier 1947).
- Il était né pour le supplice, faute d'avoir jamais habité son corps ni, par conséquent, sa parole, venue de l'ailleurs des poètes et des fous . (Bertrand Poirot-Delpech).