Fiche de présentation

KISLING, Moïse

né le 22 janvier 1891 à Cracovie, Pologne ; 1906-1910, s'inscrit en sculpture aux Beaux-Arts de Cracovie mais l'atelier étant complet, aboutit en peinture ; 1910, s'installe à Paris et y côtoie les peintres et les intellectuels à Montparnasse*; 1914, s'engage dans la Légion étrangère ; 1915, blessé et réformé ; voyage en Espagne; est pris en mains par Zborowski*; 1920, son ami Modigliani* meurt et il paie son enterrement ; 1924, déjà célèbre, il est naturalisé français ; 1938, vit à Sanary et à Paris ; 1940, se réfugie au Portugal ; 1941, aux États-Unis ; 1946, rentre des États-Unis d'où il ne rapporte qu'un seul tableau ; 1953, meurt le 29 avril à Sanary d'une crise d'urémie  ; est inhumé à Sanary.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : Dès ses débuts, il maîtrise le cubisme* cézannien, dans sa mise en page, dans sa touche brossée, dans son chromatisme aussi qu'il éveille d'espaces géométriques colorés, Les Toits rouges, (1911). Il adapte cette source refusant tout dogmatisme et comprenant sans doute qu'elle se prête mal aux portraits qu'il va produire abondamment, Le Poète Pierre Camo, (1913, MAM, Céret); les décors de ceux-ci, la construction des paysages, vont garder trace du cubisme mais il se rapproche de la tradition pour les sujets eux-mêmes, Jean Cocteau, (1916, PPG), Jardiniers de Provence, (1917, ibid.).
En 1915, il entame la longue série de figures, de portraits qui, avec les fleurs, vont faire son succès. Il y a un rapport entre sa manière et celle de son ami Modigliani*. Tous deux sont tentés par l'afféterie, celle de l'élongation pour l'un, celle de la rotondité pour l'autre, tous deux taillent des yeux vides chez l'un, fixes chez l'autre, tous deux inclinent légèrement les têtes, tous deux peignent leurs personnages sur un fond dépouillé, vide même chez Modigliani, et surtout tous deux peignent des contours nets, sans phrasés. Différence importante, la palette de Modigliani est mate, celle de Kiisling glacée (aux deux sens du mot).
Cette précision du profilage, son tranchant, Kisling l'applique non seulement au personnage lui-même, Autoportrait avec Renée et la chienne Kousky, (1917), Buste de Kiki, (1927, PPG), mais aux détails de son vêtement, de la végétation environnante, Colette de Jouvenel, (1932-1933, MCM), dont la robe en écossais précis se détache de chaque feuille des caoutchoucs devant lesquels elle pose, en faisant une verdure à la Douanier Rousseau*. Pour accentuer encore ce souci de précision, il va jusqu'à ciseler les dentelles de ses modèles comme un collage surajouté, Madeleine Sologne, (1936) ou Jeune Fille aux nattes, (1951). Il fait vriller les yeux, Devant la fenêtre, (1925), il donne la forme d'une sculpture à Nu allongé, (1925). C'est de la même ciselure qu'il peint ses bouquets de fleurs composés comme les bouquets flamands du XVIIe, Fleurs, (1931, PPG), et lorsqu'il s'agit de fleurs, chacune  est une minuscule tache d'or s'ajoutant à des centaines d'autres minuscules boules d'or, Narcisse, (1944) ; de la même veine, Paysage de Sanary, (1951). 
Il donne une autre opposition,celle du Bateau et grue  à la Seyne, (1935), celui-là précis, celle-ci réduite à une asse noire.
Peintre à succès, loin des avant-gardes, il se garde néanmoins des concessions qui oblitéreraient son style par flatterie, mais aussi de l'ambiguïté qui aurait pu mener plus loin que la représentation. A l'exception de l'académisme du Portrait de l'abbé Galli en vêtements sacerdotaux, 1953), vieillesse ou commande ?

Expositions : 1912, Salon d'Automne, Paris ; 1919, Druet, Paris.

Rétrospective : 1984, Salon d'Automne, Paris ; 1991, Daniel Malingue, Paris.

Musées : Le Petit Palais, Genève, conserve une large collection représentative de toute sa carrière.

Citation(s) : Il a dit :
- Le peintre est toujours à la poursuite de sa personnalité. C'est son propre portrait qu'il refait à travers tous ceux qui naissent de ses doigts. Quand j'étais jeune, j'avais ces immenses prunelles et j'ai continué à les peindre dans d'autres visages.