GILBERT & GEORGE,

George Passmore, né en 1942 à Totnes, Devon, Angleterre, Royaume-Uni ; Darnington College et Oxford School of Art. Gilbert Proersch, né en 1943, à San Martino d'Abbia, Dolomites, Italie ; Wolkenstein, Hallein School of Art et Beaux-Arts, Munich.
1967, St. Martin's School of Arts, Londres; 1968, commencent à travailler ensemble ; emploient Dinos Chapman* comme assistant ; 1986, Turner Prize*.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Photographe

Présentation : Quoiqu'ils s'en défendent, leurs débuts sont marqués du signe de l'art corporel* plus que du conceptualisme* dans lequel ils baignent à l'école ; après avoir réalisé des actions* comme un Bacon Show, dans une fabrique de lard, ils s'exposent dans les cafés comme des sculptures vivantes, tête et mains parfois enduites de peinture métalisée. Rapidement, avec Sculpture narrative, (1969), ils veulent garder le souvenir - photographique - de ces moments où leur vie devient art. Ce sont alors les montages de petites "photos d'amateur", en noir et blanc, encadrées séparément, à l'identique, comme ces dix-neuf épreuves mêlant couple et environnement, Part Photo-Piece, (1971, SMAK) ; comme ces 114 photos de Balls: The Evening Before the Morning After. Drinking Sculpture, (1972, Tate), dont un conservateur dit que l'accrochage de guingois est là pour traduire l'ébriété, ou Autumn Ferns, (1973, SMA.), 100 photos qui font apparaître dans la verticalité de fougères, alternativement, Gilbert ou George. (Annette Messager* procède de la même manière en 1971). Ce sont aussi des vidéos* souvenirs, Un portrait des artistes jeunes, (1972, ACC.).
En 1974, ils arrivent à de grands ensembles constitués par un nombre donné de panneaux photographiques de 50 x 60, juxtaposés et dont le négatif ne sert qu'une fois, Rd Morning Bhuna, (1977, MACM). L'approche de la création se fait, ici, à travers une triple médiation, celle de la photographie trafiquée, celle de l'assemblage étudié et celle de la couleur, rouge d'abord, jaune, et verte à compter de 1980. Ces œuvres composites, à cause de l'encadrement de chaque panneau, renvoient à l'art du vitrail. Le thème reste la plupart du temps narcissique, par goût autant que par fidélité à une théorie: c'est la vie même de l'artiste qui est œuvre d'art. D'autant qu'à leur début, et même plus tard, ils se montrent en petits-bourgeois anglais bien sages dans leur costume-cravate fermé par trois boutons et leur pantalon mal pressé. Voici dépassé le stade de l'album familial de souvenirs et conquise la dimension plastique par l 'offrande à l'œil d'un objet, différent de la simple reproduction de la réalité: l'opérateur, l'appareil et le spectateur sont entés, liés dans le champ de la métamorphose, Fleur de cerisier, (1974), 16 panneaux qui, en plus policés, rappelleraient certaines œuvres du Rauschenberg* des années 1960, ou Love Lake, (1982). L'éclairage est souvent fantomatique, renouant avec celui des cinéastes de l'expressionnisme* allemand, Cemetery Youth, (1980, FNAC.) ; ils expriment la violence politique, sociale, sexuelle, England, (1980, Tate.), 30 panneaux ; voire les films de terreur, Eating Mad, (1982), et ne reculent pas devant la scatologie, The Naked Shit Pictures, (1995), 16 photos d'excréments sous les protagonistes nus. Ils dessinent des esquisses avant de les traduire en tableaux photographiques et les colorient à l'encre. Dans leurs compositions, outre eux-mêmes omniprésents, deux formes reviennent, la croix et le pénis et à compter de 1987, des jeunes gens. Chaque œuvre est titrée et signée,photographiquement. Leur matériau est constitué d'une banque d'images de 100,000 négatifs dans laquelle ils puisent et qu'ils manipulent numériquement pour accéder à l'image définitive. Toutefois, ils ne récusent pas le matériau plus conventionnel, Le Bar, (1972, Tate), réalisé au fusain jauni par le fixatif, ou le grand triptyque au fusain sur papier volant, 1 The nature of out looking, 2 We believe that love is the path for a better world act in which good and bad give way for Gilbert and Gerge to be, 3 The nature of our Looking, Ils interviennent parfois avant que l'oeuvre ne soit photographiée, p.ex. avec leurs deux verges, dans Winter Pissing, (1983) et leurs jets d'urine croisés. Vient ensuite la défiguration de leur visage grimaçant , Finger of God, (2008).  Collagistes* aussi de 253 cartes postales en couleurs de quatre types différents, alignées savamment, World Window, (1989).
A compter de 2002, ils se servent du numérique qui leur permet des compositions  et l'emploi de couleurs plus sophistiqués, Jack Freak Pictures, (2009). 
Par un sursaut de pudeur, ils abandonnent la photo osée et composent des séries de plus de 100 numéros de cartes d'identité, The Urethria Post  Card Art, (2009), rectangle de la même vignette publicitaire au creux duquel la même vignette est répétée, de 292, affiches ou de 3712 titres de journaux, reflétant ainsi la vie quotidienne , London Pictures, (2012).
En 2005, l'oeuvre compterait 1,500 numéros. 

Expositions : 1968, divers lieux publics, Londres, (P) ; 1970, 1977, Konrad Fischer, Düsseldorf, (P) ; 1971, Sonnabend, New York, (P) et 1973, 1975, Sonnabend, Paris, (G); 1980, Van Abbe Museum, Eindhoven ; 1981, 1983, Crousel-Hussenot, Paris, (P ; 1981, Kunsthalle, Düsseldorf et Berne, musée national d'art moderne, Paris, Whitechapel Art Gallery, Londres ; 1984, Baltimore Museum of Art; 1994, Musée d'art moderne, Lugano ; 1997, musée d'art moderne de la ville, Paris ; 2005, biennale de Venise ; 2007, Tate Modern, Londres; 2009, 2014, Thaddaeus Ropac, Paris, (P).