Fiche de présentation

POIRIER, Anne et Patrick

Anne, née le 5 avril 1942 à Marseille, Bouches-du-Rhône, France. Patrick, né le 31 mars 1941 Nantes, Loire-Atlantique, France; 1963-1966, Arts décoratifs, Paris; 1967, 1er grand prix de Rome; 1967-1971, Villa Médicis*, Rome. 1968, commencent à travailler ensemble; 1967-1971, Villa Médicis, Rome; 1977-1978, séjournent à Berlin; vivent à Paris et Trevi.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Installationniste - Sculpteur

Présentation : Dès le début de leur travail commun, ils se consacrent à la mémoire. C'est en 1968, et ils ordonnent dans des valises prêtes au départ des fragments de photographies anciennes, des dentiers, des empreintes d'orteil ,comme des dieux lares. Contrairement à la plupart des mémoratifs qui vont nourrir leur oeuvre de simples souvenirs personnels lâchés sur la toile, ils quittent le particulier pour se souvenir de l'universel, ces civilisations disparues à propos desquelles Valéry dit qu'elles aussi sont mortelles : Isola Saura, (1973), en papier mâché, ils accumulent les masques antiques disposés en frise incomplètement reconstituée; ce retour à l'antique marque leur travail et le souvenir du passé classique se mêle à la création de leur imaginaire, suppléant aux manques comme les restaurateurs abusifs. Ils sont proches de leur grand oeuvre, mais avant de s'y attaquer, ils multiplient études et esquisses qui constituent des oeuvres en soi et sont intitulés Archives de l'Archéologue, (1990), des plans sur calque; 1991 et 1992, des photos, esquisses, textes, fleurs séchées assemblées selon leurs affinités, ayant trait à un site déterminé, et regroupés en cadres identiques format colombe u raisin, vaste anamnèse de ce que l'esprit humain peut associer comme souvenirs. Durant ces mêmes années, ils se font auteurs d'installations et disposent leurs trouvailles dans des meubles à tiroir (1991), et leurs photos doublées derrière les lunettes-orbites, anaglyphes qui donnent une vision en relief (1993), ou encore dans des isbas dotées de sténopé qui permettent d'apercevoir des architectures intérieures, (1993). Sculpture de maquettes rigoureusement historiques de cités ruinées romaines ou helléniques revenues au jour grâce aux archéologues, et modelées en minuscules pièces de terre cuite, Ostia Antica, (1973, LMK) (72 m_), ou de charbon de bois, étendant La Voie des ruines, (1976, MNAM) sur 15 m de long. Travail analogue et probablement légèrement antérieur à celui de Charles Simonds*, légèrement postérieur à celui de Miquel Navarro*. À compter de 1982, ils procèdent à des installations. Une avalanche de pierres, un masque grec éclaté, et un élément de maquette, le tout sommé d'une flèche d'acier, Ruine, (1983, MPA)., ou huit panneaux-miroir articulés, gravés des mots du souvenir, à l'extérieur comme à l'intérieur, (2008). Ils passent ensuite au monumental de l'art de plein air, créant des jardins, dotés de sculptures, de mosaïques, de bassins et de colonnes à l'antique, Promenade classique, (1985), Alexandria en Virginie, et Jardin de Turin, (1989, Piémont). À partir de 1991, ils se livrent à des campagnes de fouilles dénommées Mnémosyne, qui donnent lieu à d'immenses maquettes de villes antiques imaginaires et idéales dans leur symétrie et dans le dirigisme totalitaire auxquelles elles eussent pu donner lieu, à l'instar de cette architecture industrielle paternaliste du XIXe siècle. Le souvenir se fait récent quand ils montrent des chênes-lièges calcinés, Allégorie du désastre, (1994), évocateurs des incendies récurrents du Midi, ou Mémoire avant dispersion, (1999), cube de 5 m de côté, enfermant derrière un grillage des débris entassés, recueillis lors de la chute du mur de Berlin. Ils passent à la cité du futur en créant Ovranopolis, (1995), anneau blanc suspendu, interrompu par quatre cercles subsidiaires, station spatiale, avec de petits hublots-oeilletons qui prmettent de découvrir les structures internes, habitations, stades, etc.,six vitrines accompagnent cette ville soucoupe, contenant les débris de verre témoins de cette civilisation découverte mais non localisée. Avec Exotica, (2000), ils changent e registre et créent une ville à base d'objets récupérés, dont la croissance est anarchique et qui se trouve tout uniment recouverte de noir, allégorie de la pollution et archéologie du futur. L'Ame du voyageur endormi, (2004, La Passerelle, Brest), dédié à leur fils mort brutalement à 33 ans, se compose de deux croix métalliques reliées entre elles, sur une douzaine de mètres de haut et d'un crypte emplie de pneus avec une inscription au néon Danger Zone. Maison cerveau/ maison de l'écrivain, (2005, espace Malraux, Colmar), demeure en bois dans la forme du cerveau, recouverte de couvertures e survie. Ils réalisent ainsi le va et vient entre mort et vie. Dans la seconde moitié des années 1990, ils montrent des photos d'arums, ou d'autres fleurs, dépouillés de leur étamine, agrandis aux dimensions d'un être humain, sur lesquels ils ont incisé un mot, Mirror ou Extrême douceur, et dont ils pervertissent la pureté en y rapportant parfois, de manière phallique, l'étamine; et encore en 2008). Ils conceptualisent* la mémoire dont ils ont fait leur miel; des échelles labyrinthiques, du verre, des inscriptions de grands chercheurs, des mots évocateurs, la reproduction d'un cerveau, etc. La Fabrique de la mémoire, (2008)

Expositions : 1970, Arco d'Alibert, Rome; 1973, Sonnabend, Paris (P); 1996, 1998, Thaddaeus Ropac, Paris (P); 2008, JGM, Paris, (P).

Rétrospective : 1994, Le Capitou, Centre d'art contemporain, Fréjus.