Fiche de présentation

CHILLIDA, Eduardo
né le 10 janvier 1924 à Saint-Sébastien, Pays basque, Espagne, frère aîné de Gonzago, Chillida-Juantegui* ; 1943-1947, architecture à Madrid ; 1947, sculpture à l'académie libre de dessin Circulo de Bellas Artes ; 1948-1950, séjourne à Paris ; 1950, retourne à Saint-Sébastien ; 1958, Grand prix de sculpture de la Biennale de Venise*; 1984, Grand prix national des arts, (France) ; 1994, élu membre honoraire de l'Académie royale San Fernando, Madrid ; 2002, meurt le 19 août à Saint Sébastien ; inhumé dans sa propriété d'Hernani.
Type(s) : Artiste
Technique(s) :
Sculpteur
Présentation : Après quelques plâtres, il adopte le fer qu'il soude lui-même, (1951), le granit, (1955), le bois associé au fer, (1956), puis le bois seul, (1959), l'albâtre, (1965), le béton enfin, (1971) sans qu'aucun matériau n'exclue les autres. Tout comme sa sculpture de selle s'accommode de la sculpture monumentale. Depuis 1951, il adopte généralement la forme cubique, constructiviste*, Relief, (1951), creusée déja d'une ébauche d'espace vide, horizontaux et verticaux, enchaînés qui mettent en valeur la légèreté d'un solide et la circulation de l'air. Stèle funéraire, (1951). En 1952 et 1953, il ne s'agit plus que de tiges, aux formes agraires, pointues comme des herses, Esprit des oiseaux, (1952, Sofidu) ou De l'Horizon, (1956, Fondatin Beyeler), arrondie comme un oeillet, incurvée comme un soc, De l'intérieur, (1953, SGM) ou Vigie, (1956); durant ces mêmes années, il soude des plaques de fer, paralléléipipèdes irréguliers. Vient une année de transition, les tiges se font épaisses, le volume prédomine, Eloge du fer, (1956). Le volume prédomine dans des oeuvres rampantes, désarticulées, comme un serpent cubique, Foudre, (1957, HIR), comme un trépied irrégulier qui cherche son équilibre en se contorsionnant, Hommage à Bachelard, (1958). Comme les deux points d'appui, de Chant vigoureux, (1960, MFHA), en poutres équarries et assemblées hésitant à s'effondrer. En 1962, son vocabulaire est fixé, Lieu de rencontre, (1973, BAB), Ce sont des barres carrées, tordues ou rigides se rencontrant ou s'arrêtant et des mâchoires de tenailles, ouvertes ou fermées, Peigne du vent, (1976), fixé dans la roche face à la mer, des bras cherchent à s'approcher, à l'horizontal ou au vertical enchaînés, mettant en valeur la légèreté du solide et le pondéreux de l'air. Autour du vide, (1964, BAB). Il montre de simple pierre gravée de signes primitifs ou d'équerres amérindiennes, en 1965, la même année où il revient à un constructivisme opaque. Il reprend son trajet avec Peigne du vent , VI, (1968, Unesco, Paris). Ses stèles à Salvador Allende, (1974), à Millares, (1972) à Pablo Neruda, (1974, musée d'art contemporain, Téhéran), sont faites d'un socle, d'où jaillit une branche de demi mâchoires articulées comme une tige en pleine palingénésie. Dans le même esprit, De Musica, (1988), est fait de deux colonnes avec chacune une protubérance de demi-cercles que fait éclater la sève et qui tentent de se rencontrer. Le travail de l'albâtre lui fait mettre à plat et en creux ses structures comme s'il s'agissait d'une très vieille ruine érodée par les marées, d'enceintes arasées, perforées de cubes cerclées de tour, renvoyant à des cités précolombiennes, Hommage à la mer, (1979), et Hommage à Pili, (2000). Jamais son acier n'aura-t-il été aussi aérien que dans Hommage à Calder, avec ses 2 m 21 de diamètre, pendu dans le ciel, fait d'une articulation de demi mâchoires et que l'on pourrait titrer "La danse". Monument à la tolérance, (1985), un siège de moins d' 1m. de hauteur se prolonge par deux bras largement ouverts l'un courbé verticalement, l'autre horizontalement. Eloge de la lumière, (1990), creuse des cubes allongés dans un bloc brut, aux multiples entrées de sorte que les ouvertures, puits de lumières doivent se rejoindre au coeur de la masse.
Depuis 1952, il réalise des collages titré, à compter de 1987, Gravitation. Il reprend en noir, sur le papier de riz découpé en créneaux ou en festons et superposés de manière volante, ou sur des bas reliefs, les formes géométriques qu'il a posées dans l'espace, Collage, (1969, FMSP) ; bâtiments d'enceintes épaisses peforées de cubes et le cercle de leurs tours, renvoyant à des forteresses amérindiennes. Il les peint aussi sur des papiers de riz découpés en créneaux et superposés de manière volante ; bandes sortant ou affluant vers une masse noire et ondulant, il dessine et il grave ; ses pleins et ses vides, ses carrés en surplomb et ses rectangles articulés, mais aussi des anses symétriques, suggèrent des plans de villes très antiques ou les créneaux irréguliers de forteresse précolombiens, Sans titre, (1995), en panneau de barreaux inclus dans une marqueterie de rectangles égaux gris et jaunes, alternés. A signaler l'étonnante série figurative, Sans titre, 1981-1986, des dessins de ses poings fermés, allant l'un à l'autre, allégorie de tout son oeuvre.
Expositions : 1949, Salon de Mai, Paris ; 1950, 1956, Maeght, Paris ; 1990, 1999, Lelong, Paris, (P).
Rétrospective : 1969, tournante en Europe ; 1980, Guggenheim, New-York et Muse, Bilbao ; 1989, Kunstmuseum, Bonn et Landesmuseum, Münster ; 1998, Musée Reine Sofia, Madrid ; 1999, Musée Guggenheim, Bilbao ; 2001, Jeu de Paume, Paris ; 2011, Fondation Maeght, Saint-Paul de Vence.
Musées : Musée Chillida, Hernani, Pays basque.
Lieux publics : 1949, Hommage à Perico Arana, Mont Urgull ; 1955, Portes de la basilique Santa Maria de Aranzazu ; Hommage à sir Alexander Fleming, Paseo de la Concha, Saint-Sébastien ; 1969, Les Peignes du vent, IV, Unesco, Paris ; 1970, Hommage à Rafael Elosegui, golf de Jaizkibel ; 1975, Croix III, église Santa Maria, Saint-Sébastien ; 1977, Les Peignes du vent, dans les rochers face à la mer, St Sébastien ; 1982, Monument aux libertés basques, Place des Abastos, Vitoria ; 1984, La Fenêtre de Lizzardi, Toulouse ; 1986, Maison de Goethe, Francfort ; 1988, Lieu V, Plaza del Rey, Barcelone ; 199, Arbre, Parc de sculptures du musée de Grenoble et De la musique, Morton Symphony Center, Dallas ; 1990, Eloge de l'horizon, Gijon.
Citation(s) : On a dit :
- De quoi parle la langue dans le mot d'espace ? elle parle l'espacement.. Cela veut dire essarter, sarcler, désencombrer la forêt. Espacer cela veut dire aussi apportr le libre, l'ouvert, pour un établissement et une demeure de l'homme. (...) espacer c'est la libération qui donne lieu : lieux où un dieu apparaît, lieux d'où les dieux se sont enfuis, lieux où l'apparition du divin longtemps tarde. (Martin Heidegger).
- Ses sculptures expriment ou plutôt sont une vision de la réalité, mais cette vison est irréductible à la géométrie des systèmes tout autant qu'à l'impessionnisme des sensations. Comme la musique silencieuse du mystique espagnol, les formes de Chillida disent sans dire. Elles disent la réalité duelle de l'univers, les mutations et variations qu'engendre la bataille amoureuse indéfinie entre la forme et l'espace. (...) Elles disent que l'univers est double, guerre et accord. Idéalisme, réalisme ? (...). Le monde n'est pas ce que nous voyons ou nous pensons : il est un équilibre, un moment de convergence. Un pacte et une pause. (Ocavio Paz)
Bibliographie(s) : Otavio Paz, Catalogue raisonné, Maeght, Paris, 1979.