Fiche de présentation

BOTERO, Fernando

né en 1932 à Medellin, Colombie ; 1948, commence à dessiner ; 1952, académie San Fernando de Madrid et copiste au Prado ; 1953-1955, étudie la fresque et l'histoire de l'art à l'académie San Marco de Florence ; 1955, revient en Colombie ; 1956, s'établit à Mexico ; 1958-1960, enseigne aux Beaux-Arts de Bogotá ; 1960, s'établit à New York ; 1973, s'installe à Paris ; 1978, épouse Sophia Vari*; vit à Paris, à Pietrasanta, en Toscane, à New York et à Monte-Carlo, ainsi qu'en Colombie.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre - Sculpteur

Présentation : Après avoir été illustrateur de journaux en 1948, il devient, à ses débuts de peintre, expressionniste* abstrait. À compter de 1960, il est marqué par le dépouillement de Piero della Francesca et son hiératisme et il crée une esthétique aux antipodes des canons occidentaux en passant ses personnages (et ses natures mortes) par la soufflerie du gonflement. C'est l'empire de la rondeur pour la rondeur, participant à une alchimie destructrice. Formellement, il va de l'approximation à la fermeté, Mona Lisa à l'âge de 12 ans, (1959, MoMA), c'est Botero et c'est Vinci, d'un pinceau peu contrôlé, tandis que, cinq ans plus tard, la fermeté va s'installer définitivement, Nu, (1964, SGF) ou Famille présidentielle, (1967, MoMA).
Cette rondeur, ces grosseurs, ces obésités, ces bouffissures qui encombrent toute la toile devenue trop petite la font déborder, ce n'est pas seulement une protestation contre l'esthétique européenne, c'est aussi l'instrument même de la dérision d'un faux naïf. Femmes androgynes au visage standard de poupée, hommes poupins à la moustache maigre d'adolescent, comment ces êtres pourraient-ils être chefs d'État ? Le Président et la première dame, (1975), diptyque. Les prostituées ingénues, Femme assise sur un lit, (1979) ou Femme se déshabillant, (1987), affichent la même enflure que les prélats (1963) ou que les bourgeois à la campagne, Le Poète, (1987) et Femme lisant, (1987). L'Oedème, plus que la cellulite, potèle leurs têtes (et leurs corps) microcéphales. Ce sont les baudruches de la vanité, de la suffisance ou de l'insignifiance. Ce style immédiatement reconnaissable, il l'applique aux natures morts de fruits et de légumes qui se comportent dans leur cadre comme les vivants. Plus, la photographie nous révèle un homme d'une corpulence toute modeste, tandis que dans l'Autoportrait, (1987), il a rejoint ses personnages, il est devenu un Botero. Il a transposé ainsi Cranach, Vigée-Lebrun, Renoir, Vinci, Velázquez, Caravage, Ingres et d'autres, mais semble être resté en dehors de l'opulence des Rubens ou Jordaens, dont tout aurait dû le rapprocher. Travaillant à l'huile exclusivement, il s'attace à gommer toute trace de pinceau dans sa toile; parti de sept couleurs, il aboutit à trois, leur mélange suffisant à nourir toutes les teintes de son chromatisme. Avec le second millénaire, il aborde d'autres thèmes, celui de la violence et de la torture Sans titre, (1999, 2002), des catastrophes naturelles, Massacre dans la cathédrale,Le Défilé, (2002) et (2000), cortège d'enterrement. Depuis 1973, il sculpte des figures monumentales et isolées, humaines et parfois animales.Les gonflements de sa peinture s'y retrouvent mais aussi des masques assyriens pour certains visages. Les plus "classiques" sont les femmes allongées à la manière de Maillol. Giacommetti* crée l'esthétique de l'étisie, Botero, celle de l'obésité.
De nombreux faux ont été fabriqués au début des années 1990 à Saïgon.

Expositions : 1948, 1951, Leo Matiz, Bogota, (P) ; 1957, Union panaméricaine, Whasington ; 1969, Claude Bernard, Paris, (P) ; 2003, Musée Maillol, Paris, (P) ; 2013, Musée des Beaux-arts, Bilbao, (P).

Rétrospective : 1970, itinérante dans huit musées de R.F.A.; 1974, à Bogota et Caracas; 1975, Musée Boymans-van Beuningen, Rotterdam ; 1979, Musée d'Ixelles ; Hirschorn, Washington ; 1981, Seibu museum, Tokyo ; 1986, Munich, Brême, Frankfort, Tokyo et diverses villes japonaises ; 1987, Centro di Arte Reina Sofia, Madrid ; 1988, Casino, Knokke-le-Zoute ; 1992, sculpture, Champs-Elysées, Paris ; 1996, Japon ; 2003, Gemeente museum, La Haye.

Musées : Musée d'Antioquia, Medellin, 123 oeuvres; musée national de Colombie, Bogta, de nombreuses oeuvres; université de Berkeley, 25 huiles et 22 dessins inspirés par les tortures de l'armée américaine dans la prison d'Abou Ghrab, Irak.

Lieux publics : 2002, Place Botero, Medellin, avec 23 bronzes.

Bibliographie(s) : Catalogue raisonné des peintures, 1975-1990, Acatos, 1999, Lausanne.