Fiche de présentation

DEAN, Tacita

née en 1965 à Canterbury, Kent, Angleterre, Royaume-Uni ; 1985-1988, Beaux-Arts, Falmouth ; 1989-1990, Arts décoratifs d'Athènes ; 1990-1995, Slade School of Art, Londres ; cinéaste ; 2000, s'installe à Berlin.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Plasticienne

Présentation : En 1991, elle filme pour la première fois Ztrata, (1991, 2002), "disparition" en tchèque, un quidam écrit sur un tableau noir et le texte disparait aussitôt. Elle filme des lieux insolites, comme cet habitat lové dans les Caraïbes, percé d'ouvertures qui n'ont vue que sur l'océan, son champ de prédilection, bâti sans permis et qui vaut à son propriétaire, Français, trente-cinq ans d'emprisonnement, Bubble House, (1999). Elle se caractérise par l'immobilité de la caméra et l'unicité du plan. Devant son objectif, la mer palpite, Disappearance at Sea, (1996), et l'eau d'une centrale hydraulique va et vient, Delft Hydraulics, (1996). Elle consacre 15' à un "trésor humain" du Japon, dont un tiers seulement à ses performances* comiques, Human Treasure, (2006). Ses photographies ont le talent de l'amateur. Sa peinture se déploie sur de grands supports, en triptyque dont chaque panneau occupe un mur, The Sea with a Ship, Afterwards an Island, (1999), le tableau est noir, le graphisme est blanc ; la pièce centrale montre un voilier dans ses déferlantes, les panneaux latéraux, la tempête avec des indications météorologiques inscrites ; une autre version Chère petite soeur, (2002), titre d'un poème de Brodthaers*, est l'une des allusions à son admiration pour l'artiste belge, reprise dans le film Section cinéma, (2002), lieu où s'était tenu le Musée d'art moderne, département des Aigles du même. Elle tourne un film en temps réel sur la traversée d'un canot de Boulogne à Folkestone,   Amadeus, (2008). Elle peint les crêtes des Alpes à la craie sur ardoise, Fatigues, (2012).
À l'instar de Manzoni*, elle encadre une bande magnétique de 4,28 m (1997). Elle est aussi collectionneuse de photos quelconques ou plus originales, anciennes et récentes, achetées aux puces. De manière plus sophistiquée, elle rassemble 142 cartes de la Cathédrale de Washington, (2002), datant d'une époque où elle n'était encore qu'à l'état de projet. Elle en fait plusieurs tirages qu'elle monte, avec des rapprochements insolites, et vend les séries rassemblées. Elle filme en plan fixe la célèbre tour relais hertzien de Berlin, dont le sommet, un restaurant, tourne sans cesse, Fernsehturm, (2001) et, dès lors, les images sont mouvantes, clients en ombres et vue plongeante au loin. C'est le temps qu'elle veut capter et donc arrêter comme Josué à Jericho ; et c'est Diamond Ring, (2002), l'éclipse solaire ou The Green Ray, (2002), le coucher du soleil sur la mer que l'on déclenche à la demande. Le cinéma est à plans fixes, d'une longueur lassante, Pie, (2003, MNAMVP) et surtout Presentation Sisters, (2006, ibid.). Elle se fait archiviste, en filmant Kodak, (2006, MNAM), la fabrication en gros plans décolorés, du dernier film dans l'usine de Châlon-sur-Saône.  En deux dimensions encore, elle encadre des plaques d'albâtre veiné et y grave, presqu'imperceptibles d'autres veinules ; dans le même esprit elle dessine les unes et les autres sur papier carbone où elles apparaissent en blanc, (2006). Elle met aussi en situation, le son.
Conservatrice de l'éphémère, de l'argentique singulièrement.

Expositions : 1992, Newly Orion, Manchester, (G) ; 1994, Skul, Ljubljana, (P) ; 1995, Firth, Londres, (P), et Beaux-arts de Bourges, (P) ; 1999, 2014, Marian Goodman, Paris, (P) ; 2001, Tate British, (P) ; 2003, Arc, Paris, (P) ; 2010, Promesses du passé, Centre Georges-Pompidou, (G).