Fiche de présentation

GEN-PAUL, ( Eugène Paul, dit )

né le 2 juillet 1895 à Paris, France ; autodidacte, artisan ; 1916, perd une jambe à la guerre ; 1923, commence réellement à peindre à Montmartre*; 1928, le marchand Henri Bing achète la totalité de l'atelier ; 1930-1936, activité réduite p ar une crise de delirium tremens; 1949-1951, interrompt la peinture ; 1960, abandonne presque totalement l'huile ; 1975, meurt le 30 avril à Paris d'un cancer inopérable.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : Tout ce qui bouge l'attire : corrida, jeu de boules, musiciens, car c'est pour lui l'occasion de détailler le mouvement sans le décomposer, il le suggère par des traits de plus en plus vifs et par le jeté de taches de couleurs sur la toile, construite en diagonale, comme des notes de jazz, disparates et organisées, amenant à l'essentiel, La Gare de Pacy-sur Eure, (1925), Les Joueurs de boule, (1926), ou Bords de Marne, (1927, musée de Menton), Autoportait, (1927), statique au menton à la Habsbourg, Les Chasseurs, (1931).
Il anticipe De Kooning* et sa nervosité du trait et ses colorations, Nu, (1926) ou Chez le barbier, (1926). Montmartrois, il est un peintre canaille. L'intrusion du mouvement par le son agite de plus en plus son oeuvre : la couleur est lancée furieusement sur la toile, malaxée, entrecroisée, jusqu'à produire des paysages d'un expressionnisme* sauvage où l'oeil prend du temps à s'y retrouver, le Quatuor Krettly, (1929).  Les figures humaines, quant à elles, sont plus dominées, Mr Berthet-Leleux, (1926, PPG) ou Le Vieux Clown, (1928, ibid) ; elles sont tamponnées tout en fondus et l'huile est gravée, comme le fera Fautrier*, Poissons, (1927, musée de Menton). Tout cela de 1925 à 1929, les années de création. Avant c'est la formation avec l'admiration du Van Gogh hollandais et parisien, La Maison de Mimi Pinson, (1918), celle de Matisse*, Paulette, (1923) et le souvenir de l'impressionnisme, Jeune-fille au chapeau, (1927-1928). C'est l'époque du paysagiste montmartrois à mi-chemin entre la simplicité d'Utrillo* et la tragédie de Vlaminck*. Et le moment de bonheur des Amoureux de Clamart, (1928). Après, il y a le delirium tremens de 1930, la faible activité jusqu'en 1936, Musique, (1930), puis la répétition affadie, Le Guitariste, (1936, MNAM), et le paroxysme du dessin étoilé de traits, de coups de sagaies multiples. Cette broussaille de zébrures noires, rehaussée de taches de couleurs, ces haies sombres dérangées par la tornade, ces visages caricaturés produisent une agitation en soi, plus qu'une traduction du mouvement du sujet lui-même. De temps à autre, une toile majeure semble s'être trompée d'année et retrouver la mesure du mouvement autrefois traqué avec bonheur : on est au-delà des années 45.

Expositions : 1920, 1934, Salon d'Automne, Paris ; 1926, Bing, Paris ; 2014, Roussard, Paris, (P).

Rétrospective : 1952, Drouant-David, Paris ; 1974, Petit Palais, Genève ; 1993, musée des Beaux-Arts, Menton ; 1995, Couvent des Cordeliers, Paris.