Fiche de présentation

VILLÉGLÉ, Jacques ( Jacques Mahé de la Villéglé, dit )

né le 27 mars 1926 à Quimper, Finistère, France ; 1944, peinture puis architecture aux Beaux-Arts de Rennes ; 1945, y rencontre Hains*; 1947-1949, architecture aux Beaux-Arts de Nantes ; 1949, s'installe à Paris; 1960, co-fonde le groupe des Nouveaux réalistes*; vit à Paris.
signature : Villéglé, mais ne signe que sur demande au moment de l'acquisition.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Graffeur

Présentation : Sa toute première oeuvre est une sculpture de fil de fer barbelé ramassé sur les débris du mur de l'Atanltique ; elle évoque une figure érigée terminée par un soupçon d'aile pour l'envol, Fils d'Acier-Chaussée des corsaires, Saint -Malo, (1947, MNAM). Comme son ami Hains, avec qui il signe Ach Alma Manetro, (1949, MNAM), comme Dufrêne* et comme, en 1954, en Italie, Rotella*, il donne à voir des affiches lacérées, s'inscrivant ainsi dans le Nouveau Réalisme*. Le support importe peu, c'est la lacération d'un sujet encore apparent qui compte; les débris recueillis sont transposés sur une toile titrée d'après les textes, qui restent déchiffrables, en un premier temps, Nymphéas, (1957, MBARs), ou à compter de 1959, par les images, des jambes de cow-boy, p.ex. (1959, MAHG) ou Rue Neuve Saint-Pierre, (1966, MRBABx), au pot de yaourt Danone, et le plus souvent par le lieu et de la date où a lieu l'arrachage, Oui, rue N.-D.-des-Champs, 22 octobre 1958, quand il s'intéresse au politique, ou Boulevard Saint-Martin, (1959, MAMAC), 2,95 x 4,30, ou encore Rue Pierre Lescot, 3 mai 1981. Avec une imperturbable constance, il poursuit des arrachages, souvent banals, Tapis-maillot, (1959, MNAM) ou  Les Surplus transparents, (1961, BATo) ; c'est qu'il commence à recueillir les bandes de couleur qui dans ces années là entourent la publicité, ou qu'il montre le verso d'affiche, et 'les adhérences du support, les déteints en profondeur dues à l'action de la colle, la salpêtrisation de la surface interne ". Parfois, il y joint quelque souci de mise en page, Boulevard de la Chapelle, (1965, MAMVP), 4 octobre 1984, métro Arts et Métiers, (1974, MAMAC), Quai Jean-Compagnon, (1989). Il donne souvent un coup de pouce pour le rentoilage de ses affiches, de manière qu'une inscription tremblée se puisse lire comme sur un écran de télévision mal réglé, L'Humour jaune, (1953, MCM). Rarement, il se veut explicitement réaliste*, comme La Moto, (1965, MAMVP), où l'on croit voir une démonstration de Gutai*. Être entouré, lors d'une rétrospective, par une vingtaine de tableux a quelque chose de rassurant : on se trouve dans la rue domestiquée, parmi des oeuvres d'art; c'est une incitation à la vigilance, a repérer des clins d'oeil à d'autres peintres, Mathieu* depuis 1965, d'autres, surtout depuis 1983, Ben*, Dubuffet* par préilection, Léger*, Le Douanier Rousseau*, ce qui est le moyen de mettre " la peinture dans la non-peinture " ou dans un autre registre. Il réalise parfois de très petits formats. En 1969, il crée son premier 'alphabet socio-politique', les lettres étant transformées par en signes porteurs le plus souvent de sens totalitaire ou tout u moins autoritaire, deux D accouplés forment le support de la croix celtique, le V est porteur de la croix de Lorraine, le F se mue en svastika, etc., interrompant à étapes régulières l'éppelation par le signe $. Il affiche son invention telle quelle ou l'applique à la bombe, Alphabet guérilla, (1983), Il en couvre 237 ardoises d'écolier de 1998 à 2008. En 1991, la réglementation sur l'affichage dans Paris ayant tari la collecte, il se décentralise en province, Rue Littré, Lille, (2000), crée L'Atelier d'Aquitaine avec ses collaborateurs et s'en va à l'étranger, Metropolis Buenos Aires, (2003). Sur toile synthétique flottante, Sator, (1995) ou Propriétés, (1996), sont des graffitis* domestiqués. Dans les années 1950, il poursuit avec Hains des expériences à l'hypnagogoscope et en tire un film en couleur Etude aux allures. On estime l'oeuvre à 4000 numéros.

Expositions : 1957, Colette Allendy, Paris, (P) en commun avec Hains ; 1979, gal. Beaubourg, Paris, (P) ; 1999, Georges Philippe et Nathalie Vallois, Paris, (P).

Rétrospective : 1971, Moderna Museet, Stockholm ; 1970, Haus Lange, Krefeld ; 1988, Musées de Nice; 2008, Centre Pompidou, Paris.

Citation(s) : Il a dit :
- La déchirure détache du contexte et transpose l'événement dans le domaine de l'absolu.
On a dit :
- Le mythe des artistes damnés qui avait obsédé le XIXe siècle, est aujourd'hui périmé. Aux États-Unis surtout, mais aussi dans l'Europe occidentale, l'outrance et la provocation ont cessé depuis longtemps de desservir l'artiste. On lui demande plutôt de se conformer à son image mythique, d'être étrange, irréductible et de " faire du nouveau ". C'est dans l'art le triomphe de l'absolu de la révolution permanente. On ne peut même plus dire que tout est permis : toute innovation est décrétée d'avance géniale et éalée aux innovations d'un Van Gogh ou d'un Picasso; s'agit-il d'une affiche lacérée ou d'une boîte à sardines signée par l'artiste? (Mircea Eliade).

Bibliographie(s) : 1970-1996, Catalogue raisonné thématique, dix-neuf volume, Marval, Paris ; 2004, le vingtième chez Ides & Calendes, Paris.