Fiche de présentation

SCHWITTERS, Kurt ( kurt Herman Edauard Karl Julius Schwitters, dit )

né le 20 juin 1887 à Hanovre, Basse-Saxe, Allemagne ; 1908, Arts appliqués de Hanovre ; 1909-1914, Beaux-Arts de Dresde ; 1913, contacts avec le Blaue Reiter*; 1910-1919, participe au groupe Dada* d'Hanovre ; 1914, mobilisé ; 1917, déclaré inapte au service ; 1923, édite la revue Merz (deuxième syllabe de Kmmerz) ; 1924, crée une agence de publicité; se construit un atelier, Merzbau, détruit par les bombardements de 1944 avec l'ensemble de son oeuvre des années 20 ; 1927, crée le groupe des Abstraits d'Hanovre*; 1932, membre d'Abstraction-Création*; 1937, figure à l'exposition de l'Art dégénéré*; s'établit à Lysaker en Norvège ; 1940, arrive en Angleterre où il est interné dix-sept mois ; 1948, meurt le 8 janvier à Ambleside, sans avoir pu réaliser une importante commande passée, en 1947, par le MoMA.
signature : K.S.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Plasticien

Présentation : À compter de 1912, il tâte de l'académisme, du fauvisme*, de l'expressionnisme*, du cubisme* et de l'abstraction*, ne quittant pas une palette brune et vert bouteille. Durant l'hiver 1918-1919, il invente le collage* de déchets comme le cubistes* ont inventé le collage d'appoint, c'est le premier Merzbild, (1919), parce qu' entre autres éléments orthogonaux, figure le mot découpé Merz, venu par dérision de koMERZbank. Ce tableau est acheté pour la Kunstsammlung de Dresde. Il n'en reste qu'une reproduction sur carte postale, l'original ayant été détruit dans la foulée de l'exposition de l'Art dégénéré*. Ces déchets proviennent des décharges publiques, des corbeilles à papier et reçoivent, grâce à l'art, leurs lettres de noblesse plastique, Construction pour dames nobles, (1919, LACMA), Tableau au centre clair, (1919, MoMA), Image du travailleur, (1919, MMS), Merzbild 31, (1920, LMH), Tableau Merz 25 A, (1920, KKNW), Relief, (1923, LMK) et Merzbild Kykdun, (1923, Th-B).  Merzbild 9 B, Le Grand Tableau je, (1919, LMK) a ceci de particulier qu'il s'agit d'un collage presque entièrement surpeint à la manière rayonniste*, tandis que dans Le Tableau-printemps, (1920, KB), le surpeint est cubiste*.
L'inflation allemande galopante durant laquelle apparaissent ses collages permet que ceux-ci soient dotés d'une valeur intrinsèque, puisque les déchets et le moindre bout de ficelle devaient être sauvés. Ce faisant, il annonce avec une avance de 45 ans, Rauschenberg* et d'autres pops* américains, utilisateurs de rebuts.
Il passe à la troisième dimension avec des reliefs, Construction Merz, (1921, PhM), assemblage de bois divers, ou des tableaux dans lesquels il ménage un creux, comme Tableau avec croissances spatiales, Tableau avec deux petits chiens, (1920, 1939, Tate), Merz 1925/1, (Th-B), Sans titre, (ca. 1939-1944, MAMStE), avec verre, céramique, carton, galets, etc. Durant la même période, il multiplie les oeuvres de petits formats, en papiers, les compositions de tampons, les collages figuratifs, ou strictement orthogonaux.
Le recueil de poèmes Anna Blume date de 1919. La Ursonate est conçue en 1921, achevée en1932, et enregistrée ;  elle consiste en répétition compulsive de mots sans signification, sur 19 mélodies différentes, et dure 55 minutes. Man Ray* a photographié l'auteur la récitant. Il récidive tant en musique qu'en poésie.
Son grand oeuvre, ce sont le quatre Merzbau. Celui de son atelier d'Hanovre (1920), déménagé et modifié de 1923 à 1933, reconstitué au musée Sprengel d'Hanovre, est une sorte de grotte aux stalactites et stalagmites constructivistes de bois et de plâtre blancs, encombrée d'objets. L'exil norvégien le voit construire un nouveau Merzbau, c'est le Haus am Bakken, achevé en 1938, à Lysakker, détruit par un incendie en 1951. Le troisième date de 1937; découvert seulement en 1993, il est situé à Hjertoy et inacheé. Enfin, en 1947, il commence son dernier édifice, Merzbarn, à Elterwater, en Angleterre, laissé inachevé par sa mort.
En 1922, il baptise son style constructivisme*, le justifiant ainsi : " Je proposerais à la critique d'écrire que j'ai été influencé par Mohaly, Mondrian, Malevitch, car nous vivons à l'époque des M. " Avec cette manière il passe à un art plus rationnel, partagé par d'autres abstraits* géométriques, et il clôt sa véritable originalité sans pour autant continuer à exercer des talents, Tableau constructif 1926 n 8, (1926, NNG) ou Construction à huit côtés, (1930, Th-B). Il agrémente le fond rigoureux par quelque récupération symbolique, un fond percé de boîte de conserve et un papillon de métal, Merzbild, (1930, FPG). Durant ses périodes norvégiennes et anglaises, de 1937 à 1948, il se continue, Relief, (1942-1945, Tate). En 1945, il peint le portrait de l'écrivain Fred Uhlmann*. 
Si on estime sa production d'avant-garde à 4 000 oeuvres, il produit, de 1919 à 1947, pour des motifs alimentaires, autant de travaux d'un réalisme de très bon aloi, teintés d'expressionnisme, notamment des paysages alpins, enneigés, (1930-1947), admirés par Per Kirkeby* sous le générique de Forbidden Paintings, au sens de "décalé" par rapport à l'art de l'époque.

Expositions : 1918, Der Sturm*, Berlin ; 1944, Modern art gal. Londres ; 2005, Dada, Centre Pompidou, Paris, (G) ; 2012, Retrospective Kirkeby, Bozart, Bruxelles, une salle.

Rétrospective : 1994, Centre Pompidou, Paris.

Musées : Fondaton Schwitters, Hanovre.

Citation(s) : Il a dit :
-  Créer du nouveau à partir de débris. -Tout ce que l'artiste crache, c'est de l'art.
On a dit :
- Ce jour-là, nous allâmes à la décharge municipale, et nous marchâmes pendant deux heures parmi les détritus, les scories et les objets de rebut, en ramassant certains pour le Merz-Bau du dessous [...] Schwitters, son fils et moi, portions chacun un panier plein d'ordures nous y avions entassé des bouts de papier et de chiffon, des objets métalliques en morceaux et même un vieux pansement tout raidi. [...] Le Merz-Bau était une maison dans la maison, une sorte de musée personnel où les objets exposés et les salles d'exposition étaient les composantes indissociables d'une même oeuvre d'art patiemment élaborée. (Paul Bowles).

Archives : Bibliothèque municipale d'Hanovre.