Fiche de présentation

MATTON, Charles

né en 1931 à Paris, France ; 1967, cinéaste ; 2008, meurt le 19 novembre à Paris ; est inhumé au cimetuère du Montparnasse.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Plasticien

Présentation : Artiste protéiforme, il explore, souvent simultanément, toutes les possibilités de la figuration des maîtres anciens aux contemporains. Il est surtout préoccupé de la distorsion entre réalité et représentation. L'Enfant à la fleur, (1955), dessin photographique,En 1954, les formes existent mais sont peu visibles, diluées dans une huile légère et pâle toute de teintes plus que de couleurs. Petit à petit, en 1956 et 1957, les formes s'affirment, s'abstraient et la série des Nageurs, (1958) suggère le mouvement plus qu'il ne le décompose comme le font les futuristes*. Mais en 1955, il reprend la leçon des Hollandais du XVIIe, leurs glacis, leur éclairage et il continue à mener ces réflexions jusqu'en 1992 voire en 1999, puisqu'il reprend souvent des tableaux antérieurs. En 1960-1961, une série de nus rappelle Fautrier* avec quelques traits informels de sanguine.Un Vase de fleurs, (1960) tout en boule se détache sur fond noir.. Grande sobriéte de Bain de minuit, (2004), une gerbe d'eau dans une mer étale, ou Piscine onirique, (2007). Il aborde l'hyperréalisme* pour le contester, et d'abord, à compter de 1987, sous forme de maquettes en boîtes - décors de théâtre ou maisons de poupée - dans lesquelles il miniaturise avec une minutie du détail des intérieurs; il joue optiquement reflétant partie de la scène dans des miroirs, laissant fuir le regard très loin au travers d'une vitre que l'on ne peut distinguer du miroir. Les menus objets de ces natures mortes sont fignolés, valise, journal dont n peut lire le texte, fragments du carrelage, etc. Au départ, des assemblages simples, La Salle de travail, (1986), d'accouchement ou Le Vélocipède, (1987) de chambre, et d'autres surchargés comme cette première reconstitution de lieux L'Atelier de Bacon, (1987). L'Atelier de sculpteur classique, (2002) précède L'Atelier de sculpteur contemporain, (2006). Il rend la nature avec 63 m2 de nature, (1997) ou Cascade, (1998). Il introduit des illusions d'optique comme dans Bibliothèque, hommage à Perec, (1994), dont les milliers de livres, par un jeu de miroirs, peuvent être regardés dans une perspective presque sans fin. Un miroir, reflète un mur d'en face, là où se trouve le spectateur, mais celui-ci ne s'y voit pas, La Salle de bain, (2004). Jules joue Debussy, (2004) et vu de dos le pianiste se meut et ses bras rencontrent les touches du piano. Il accompagne cette virtuosité de diptyques dans lesquels il montre un trompe-l'oeil et démontre aussitôt par son double en relief que le vrai trompe-l'oeil est impossible. Nombre de ses boîtes sont accompagnées d'une photo supposée prise dans l'endroit original mais curieusement datée postérieurement. Enfin, il pratique l'huile sur cibachrome et c'est là qu'il affirme que l'illusion des hyperréalistes est un leurre, et n'est pas de la peinture parce que le léché illusoire ne tend qu'à reproduire la photo; dès lors à quoi bon? Lui, s'empare de la photo et la recouvre d'un travail de peintre dans lequel on peut lire la trace du pinceau aussi ténue soit-elle. À la fin des années 90, il scrute Rembrandt pour retrouver sa manière, Noble Slave, (1999), voire pour le copier Descente de Croix, copie presque servile, (1999), comme il cherche à reproduire les brouillards de Turner, (1996-1999). C'est avec ce même procédé qu'il rend hommage à de grands contemporains, Picasso*, Bacon*, Lopez-Garcia*, etc. Il est aussi sculpteur de tête en résine et poudre de marbre, par adjonction, non de simple matière, mais de muscles comme celui des joues, (1999). Il est aussi décorateur de théâtre.

Expositions : 1960, Volney, Paris ; 1990, musées d'art moderne de Kyoto et de Tokyo ; 1994, 1999, gal. Beaubourg, Paris, (P) ; 2007, maison européenne de la photographie, Paris, (P).

Rétrospective : 1991, École nationale des beaux-arts, Paris.

Citation(s) : On a dit :
- J'aime cette familiarité obsessionnelle qu'il entretient avec les objets, le sentiment de leur évidence, qui est plus qu'un sentment esthétique et qui tient de l'exorcisme et de la magie. Faire surgir l'objet voilà qui est plus important que de le faire signifier. (Jean Baudrillard).