Fiche de présentation

BOETTI, Alighiero, ( dit aussi Alighiero e Boetti, )

né en 1940 à Turin, Piémont, Italie ; autodidacte ; 1967, fait partie des artises arte povera* ; 1968, ajoute " e " entre son prénom et son nom pour indiquer sa duplication ; 1970, épouse Anne-Marie Sauzeau ; 1971-1979, vit partiellement en Afghanistan ; 1972, s'installe à Rome ;1990, épouse Caterine Raganelli ;  1994, meurt le 24 avril à Rome d'un cancer généralisé.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Plasticien

Présentation : Il peint quelques toiles non-figuratives* au début des années 60, Tele Mimetico, (1966) simple reproduction d'un tissu de camouflage* militaire, puis se lance dans l'arte povera. Il ajuste des objets banals auxquels il enlève tout caractère fonctionnel, un siège, une échelle, un entassement de conduits en fibrociment; il enduit à l'acrylique un panneau métallique, Rosso Palermo (1967, FRAC Pays de Loire), un autre de bois gravé au stylet, Verso SudRien à voir, rien à cacher (1968, MNAM), un panneau enduit d' acrylique couleur ciment, séchant très rapidement sur lequel il grave Vers le Sud... première phrase d'Hérodote voulant écrire l'histoire du monde et dont il se veut le continuateur le châssis comprend 12 vitres, (1969-1986). Estate Été (1970), 20 x 2 m de papier kraft sur lequel se dégagent des carrés en solution de continuité, tracés par collage de pastilles primaires. Moi qui prends le soleil à Turin  le 19 janvier, (1969), une forme humaine au sol faite de 111 petits tas de ciment dont l'un porte un papillon
Il entreprend, avec sa femme, la classification des 1 000 fleuves les plus longs du monde (1971-1974), pour démontrer l'arbitraire de tout répertoire, et il en tire un livre.
De même, il classe les artisans italiens en leur attribuant une cote et dépose la liste sous scellé chez un huissier. Il imagine une œuvre postale* en disposant les timbres sur les enveloppes selon des formules mathématiques, croissance, décroissance, géométrique, arithmétique, etc. et envoyant des lettres à des artistes décèdés, ; elles lui reviennent et il en fait collection, ou les adressant d'Afghanistan, puis d'autres pays à sa fille et à sa femme, (1971-1979).  En 1993, il amplifie le propos en faisant envoyer de 506 villes de France des plis contenant collages, dessins, pliages, notes, etc., au centre Georges-Pompidou. C'est l'art postal*.
Lors de son premier voyage en Afghanistan en 1971, il conçoit des tapisseries réalisées par des Afghanes qui les tissent jusqu'en 1988, Hotel Kabul-Afghanistan, (1972, MBANa), fait de lettres brodées sur une grille régulière, comme celles des mots croisés, tandis que Tutto, (1987, MNAM) est une œuvre de bord à bord, remplie de formes sans concordance d'échelle, peignes, lézards ou clé anglaise, fondues les unes à côté des autres par des remplissages de tracés informels.
En 1984, il présente 12 toiles reproduisant 216 couvertures de magazines, à raison de 18 par mois, pour mémoriser la culture de l'année. Il récidive en 1988, avec des photocopies des Unes de couverture, Année 88, et encore en 1990.
Comme il affectionne les ouvrages collectifs, il met au travail une centaine de personnes pour réaliser 12 panneaux au stylo-bille bleu, en trompe l'œil de broderie, chaque panneau reproduisant un motif différent. La Disparition progressive de l'habitude, (1974, MBANa), dans le bleu du ciel apparaissent en réserve des apostrophes blanches qui indiquent une lettre de l'alphabet rangée sur le bord gauche de bas en haut et qui reconstituent le titre italien ; ou triptyques, Mettre au monde, le monde, (1976, Frac, Nord-Pas-de-Calais), au stylo-bille, noir, rouge, bleu. Histoire naturelle de la multiplication, (1975), 11 panneaux sur lesquels sont dessinées des lignes, indépendants l'un de l'autre, qui, superposés, donneront le douzième panneau final aux dessins géométriques nourris et complexes.
En 1990, il produit une mosaïque de 4 m2, blanche, avec, au centre, dans un carré, un motif noir et, en bordure, une écriture ornementale qui rappelle la date en toutes lettres et le nom de l'auteur. Un kilim de 100 carrés, en noir et blanc, De 1 à 100 et inversement, (1993), chacun étant divisé en 100 petits carrés qui font taches, le premier avec une seule tache noire sur fond blanc, l'avant-dernier avec une seule tache blanche sur fond fait de 99 carrés noirs. C'est, à sa manière, un encyclopédiste d'une culture populaire, un nouveau langage crypté, qu'il aborde une dernière fois dans Bugs (1991), tableau partagé en deux, verticalement, avec, pour la moitié, des collages de presse engagée et, sur l'autre partie, demeurée blanche, un Bunny ironique. un art glocal, selon son mot.

Expositions : 1967, Christian Stein, Turin, (P) ; 1990, Hadrien Thomas, Paris, (P) ; 1997, Durand-Dessert, Paris (P) ; 2013, Gladstone, New York, (P) ; 2013, Correspondances, Espace culturel Louis Vuitton, Paris, (G).

Rétrospective : 1974, Kunstmueum, Lucerne ; 1978, Kunsthalle, Bâle ; 1986-1988, Musée de Villeurbanne ; Van Abbe, Eindhoven ; Villa Arson, Nice ; 1991-1992, Kunstverein, Bonn et Munster ; Kunstmuseum, Lucerne ; 1995, Centre culturel américain, Paris ; 2012, Tate Modern, Londres.

Succession : 1994, Archives Boetti Catherine Raganelli  ; 2002, Fondation créée par cette dernière qui fait sécession ; 2005, les droits morau x à cette dernière qui rédigue un catalogue raisonné et les droits de reproduction à Anne-Marie Sauzea.