Fiche de présentation

BELLMER, Hans

né le 13 mars 1902 à Katowice, Haute-Silésie, Allemagne, aujourd'hui Pologne ; 1921-1927, études supérieures d'électricité et divers emplois de subsistance ; 1926, séjourne à Paris ; 1934, sa soeur fait parvenir au groupe surréaliste* ses photos de poupées ; 1938, s'installe en France ; 1939, interné en septembre, aux Miles, en tant que citoyen étranger ; 1975, meurt le 24 février à Paris.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Plasticien

Présentation : Il est avant tout un dessinateur-graveur qui se réclame volontiers d'un Altdorfer dont le style serait mâtiné d'Art nouveau*. Illustrateur dans la ligne de la Nouvelle objectivité*; depuis 1920, en 1933,avec l'arrivée du nazisme, il abandonne, tout ce qui pourrait paraître "socialement utile". Il dessine à la manière des renaissants la Tour menthe poivrée, (1934), avec des rehauts de gouache blanche, il peint à l'aquarelle Sans titre, (1935), du côté du Réalisme magique* et surtout, il publie la même année La Poupée, livre de photographies de poupées désarticulés du début de siècle, démontées, dont les éléments épars sont rapprochés en fonction et de la plastique et de l'érotique grâce à des jointures à boule. Il peint recto-verso, La Bille de verre/La Poupée, (1934), le recto portant deux adolescents bouches unies, tracées en beige sur noirs et le verso d'un style expressionisant*. Il sculpte et peint couleur-chair, La Poupée, (1936), quatre moignons, deux sexes, un seul ventre, en aluminium; il les dessine d'un crayon léger, subtil, raffiné. 'écartant légèrement de son sujet fétiche, La Mitrailleuse en état de grâce, (1937, Moma), une machinerie symétrique, portant deux seins, un visage qui se termine en arrière-train et deux cuillères prêtes à le frapper. Il photographie ses poupées et leurs différents avatars, et, en 1936, les colorie à l'aniline ce qui les rend plus érotiques encore. Une fois encore il s'en écarte pour Squelette de mousitque agrandi, (1937). Les ensemble anatomiques, il va les reprendre avec constance; La Toupie, (1938), cône de seins, ou les Céphalopodes, (1939) humains.
(Interlude par obligation, il exécute au Milles, le portrait du Capitaine Goruchon, (1939-1940, ciselé.)
Il joue des jambes vêtues de bas rayés et de souliers ; il les triture en arabesques qui aboutissent à un dessin minutieux, incisif et souple qui se trouve en même temps un ensemble construit et accompli. Le thème de la pénétration mêle vagins, anus, verges, bouches, liquides dans un insolite obsessionnel. Les traits à espacement régulier tiennent une grande importance dans son écriture, à telle enseigne que ses portraits dessinés et rehaussés de gouache blanche, de 1940-1945, attirent l'attention par le rendu détaillé des cheveux, d' Autoportrait au camp des Miles, (1940) à Unica Zorn, (1954), sa compagne depuis 14 ans, c'est un portraitiste minutieux et raffiné. La suite de l'Éducation prénatale, (1958) montre au coeur du dessin - et de la matrice -, le foetus recevant par le vagin la visite de deux verges; les corps résultent d'un jeu de lignes enchevêtrées où il est difficile, mais de toute façon inutile, de se reconnaître, puisque leurs entrelacs sont cohérents en dehors de toute exigence de réalité. Il exploite les articulations jusqu'à faire apparaître, çà et là, les ossatures sous la ligne corporelle merveilleuse et légère, Mains, (1945), ce qui lui permet d'indiquer discrètement le thème de la mort. Il donne des paysages surréalistes dans lesquels s'insèrent des figures ou des portraits, Les Trois jeunes-filles et la mort, (1941) ou Jean Bousquet, (1942). Procédant à un collage de broderies, il en entoure Céphalopose à deux, (1955), portrait. Le Portrait du père, (1960), visage au sexe masculin  à la place du nez et dont les bourses servent de narines. Les meubles deviennent anthopomorphes, Sans titre, (1963) se terminant par une verge éjaculante. Il est l'illustrateur de Bataille comme de Sade. Ses peintures, peu nombreuses, accompagnent son itinéraire de graphiste, Céphalopode irisé, (1939), La Poupée, (1941), Tour menthe poivrée à la louange des petites filles goulues, (1942), The Peg-Top, (1944-1949, Tate), Peinture, (1956); Grande construction anatomique jaune et rose, (1958).
 

Expositions : 1933, Librairie Yrentin, Toulouse ; André-François Petit, Paris, (P).

Rétrospective : 1966, Ulm; 1967, Hannovre; 1968, New York ; 1971, Centre national d'art contemporain, Paris ; 2006, Centre Pompidou, Paris.