Fiche de présentation

BURRI, Alberto

né le 12 mars 1915 à Citta del Castello, Ombrie, Italie ; études de médecine ; 1940, médecin militaire en Afrique ; 1944, est fait prisonnier par les Américains et envoyé au camp de Hereford, Texas, où il commence à peindre ; 1945, revient à Rome, et se consacre à la peinture ; 1995, meurt le 13 février à Nice d'un emphysème pulmonaire.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Plasticien

Présentation : Certes, on peut dire qu'il passe de la notion d'espace symbolique à celle d'espace réel, en construisant ses toiles avec des matériaux, à trois dimensions. On peut affirmer aussi qu'il donne à regarder la matière brute, comme les Nouveaux réalistes*, et qu'il anticipe l'arte povera*. Il est surtout l'aîné par l'âge, et le contemporain, voire le cadet, par la production, de cette génération qui - avec Tàpies* et Millarès* - est à la peinture ce que le Beckett de Oh les beaux jours est à la littérature : chantre d'un univers qui contient en lui-même les germes de cette destruction, au point d'offrir déjà au regard de qui sait lire les signes de son ultime et définitif ravage ; le matériau de l'apocalypse est recueilli, employé, exposé, par un conservateur du prophétisme. Après quelques essais mal circonscrits, il peint SZ 1, (1949), qui est comme une anticipation du pop*américain. (D'aucuns assurent qu'en 1953, Rauschenberg* visite l'atelier de Burri et s'en retourne pour commencer ses collages.)
Il entre alors en abstraction*, collant et cousant des tissus, du plastique, du bois... Dans Bossu et Goudron, (1950, GAMR), on aperçoit encore l'intervention dans l'usage des formes imaginées et dans celui des couleurs à l'huile, qui recouvrent les dessins. Le bois et le jute sont ses principaux matériaux, Sac, (1950, fond. Burri), Grand Bois G, (1952, GAMR) montre une série de feuilles de bois égales, rangées verticalement et horizontalement; Grand Sac, (1952, GAMR) présente des toiles brutes, cousues, rapiécées de bric et de broc, sur l'espace d'un tableau; souvent maculées de goudron, de plâtre qui accentuent encore le misérabilisme de la matière elle-même, Le Sac et le rouge, (1954, Tate). Ces sacs se font paysage, Noir, blanc, noir, (1955, GAMR) : blanc est le ciel, noire est la terre. Le feu ronge les bois qui, assemblés deviendront, en 1957, tableaux, Bianco Nero, (1952). 
En 1958 apparaît le métal et ses tôles découpées et soudées, superposées ou bombées, Nerro ou Ferro S 5, (1961, GAMR). C'est toujours la proclamation de l'irrémédiable meurtrissure de la nature. La nature, qui lui fournit les matériaux dont il use jusqu'alors, prédécesseur des artistes de l'arte povera*. Viennent ensuite les matériaux de l'avenir, ceux repris, non plus à la nature, mais à la société industrielle : Grand Cellophane, (1963) et Plastique roue, (1964, GAMR), voiles irrégulièrement superposés de polyéthylène, plissé, en partie calciné, parfois mélangé à des plages unies de peinture. Dans Grand Blanc bis, (1968, GAMR), l'inspiration s'apaise : un ciel blanc, un sol gris dans les matériaux naturels ; Cretto, (1971) acrylique blanc, harmonieusement craquelé ;  Grève G.I. (1975), GAMR) montre dans un cadre carrés les belles et profondes craquelures du plâtre, et les mêmes en noir dans Grandes Lézardes noires, (1977, MNAM). Quant à ses Crêtes, elles proviennent de la colle et de la résine qui font relief. Arrivent enfin, au début des années 1980, les Cellotex, panneaux de contreplaqué qui reçoivent des formes apaisées. Il est auteur d'interventions* lorsque, en 1987, il recouvre de chaux blanche les ruines de Gibellina, détruite par le tremblement de terre de 1968 en Sicile : sur 24 hectares, le tracé des murs écroulés constitue une sorte de sculpture produite successivement par l'homme, la nature et l'artiste. Quant à Procession du Christ mort, (1946) , elle précède,  en jetant la figuration de petites touches expressionnistes* verticales dans la nuit d'une rue en perspective.

Expositions : 1947, La Margherita, Rome, (P) ; 1956, Rive droite, Paris, (P).

Rétrospective : 1972, Musée national d'art moderne Paris ; 1996, Palais des expositions, Rome ; 1997, Lenbachaus, Munich ; Palais des Beaux-Arts, Bruxelles ; 2012, Collection Estorick, Londres, (P).

Musées : Musée Burri, Citta de Castillo.

Citation(s) : On a dit :
- Il faut peindre plus vrai que vrai.    (Cézanne)
- C'était les matériaux les plus proches et les plus semblables à la fragilité et à l'incertitude du désert du monde, de l'absurdité totale et de l'incohérence de l'histoire.   (Emilio Villa, 1960).