Fiche de présentation

BRUSSE, Mark

né en 1937 à Alkmaar, Pays-Bas ; 1956-1959, Beaux-Arts d'Arnhem ; 1961, s'établit à Paris, s'approche des Nouveaux réalistes*, voyage à travers le monde, de 1965 à 1968 à New York, en contact avec Fluxus*; de 1970 à 1971 à Berlin, collaborant avec John Cage*; 1983, au Japon ; vit à Paris entre ses voyages en Asie et en Amérique centrale.
signature : dans le graphisme traditionnel, est parfois accompagnée d'un cachet rouge, carré, à l'instar des auteurs d'estampes japonais, et dans la disposition adoptée par Egon Schiele*;

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Plasticien

Présentation : Arrivant à Paris, il se rapproche des Nouveayx réalistes et commet toutes sirtes d'obkets enboi, dits Clôtures ou Soft Machines . Il se fait interventionniste pour quelques performances* à la Fluxus*. Artiste gyrovague, il oeuvre à l'aquarelle, avec ou sans collages*, depuis 1980, Ooh, (1980), libre interprétation de L'Origine du monde de Courbet ou Li Tai Po, (1984), monstre balzacien. En 1987, il découvre, en Corée, du papier Hanji, et dans son extrême dépouillement, il devient un avatar des créateurs d'estampes japonaises, The Mountain Fish, (1988), proche des nabis inspirés par l'Orient, ou The Guardian of the Sleeping Mountain, (1999), il réduit son oeuvre à quelques grandes masses, cinq cônes gris pour la montagne, quatre longues lignes parallèles souples pour l'eau qui en dévale. Sur du papier japon qui boit l'encre des contours et les rangs flous, la masse d'un habit monastique tassé dans la prière, d'où ne sortent que les mais et la tête engoncée, roses. Des thèmes récurrents apparaissent, comme le singe-pensant, le coeur métamorphosé en sac de tissu avec les arrivées d'artères sectionnées, ou la main blessée d'une plaie en forme de vagin, (1987). Des Antilles, il rapporte des oeuvres au pastel sec sur papier recyclé, nourries des antiques croyances venues du Bénin, tel ce noir allongé devant des montagnes avec trois langues de feu lui sortant du corps, dont l'une du pénis, (2006). Il ne refuse pas l'érotisme, Volcano Slenges, (2001), quand, adossé à une montagne, un homme éjacule et que cette lave blanche arrive jusqu'à la vulve de la femme. Pas plus qu'il n'est étranger à l'allégorie ; When Stones Grow Wings, (2004), apologue d'Hermès ou When the Earth Speas up, (2004), le volcan qui éructe. Libre portraitiste, Mr Cotopaxi's Daughter et  Mr Cotopaxi's Son, (1998), huiles de couleurs sanguine en hauteur avec un objet emblématique, une branche feuillue pour elle, un crapaud pour lui. 8 and no More, (2007), ou le nombre de bras d'un poulpe à tête de bonze. Son travail au crayon gras et à la détrempe laisse un large bord de toile brute autour du marouflage. La palette reste économe, se limitant à peu de couleurs, des bleus et des ocres de préférence.
Collagiste*, il superpose des papiers krafts de dimensions et de tonalités différente, y intervient discrètement par une frise, un dessin, le trait d'un encadrement, une torsion de papier de soie, (1981-1983). Econome de l'espace, Too Much Saké, (2009), des érotiques japonais assoiés à des Mickey qui n'en croient pas leurs yeux.
Le sculpteur-installationniste* précède le peintre et est le plus reconnu. Il réalise avec Marta Minujin*, La Chambre d'amour, (1963). Il enchaîne sur se débuts et confectionne des objets par amalgame de rebuts, Soft Machine, (1963), plausible encore qu'inutile, une manivelle fait tomber un bras sur un oreiller ; les composantes sont brutes. Progressivement elles vont subir des interventions plus poussées, Strange Fruits, (1965), dans une structure en forme de palanquin, des barres poncées et petites sont suspendues sur deux niveaux. Il tend vers le minimalisme*, Natural Wood, I, (1967). I've a Nail in my Shoe, (1976), un énorme clou perce une petite chaussure sur un bloc de bois ou Hôtel Flores, (2005), main de plâtre et fleurs sous globe. Les liens, les chaînes, les suspensions, les encagements sont récurrents. About the Third Step, (1997), un banc coupé par un escabeau que ne peut franchir un ours regardant unappât. Il passe ses assemblages à la couleur blanche,  Is it time ? (2009), une chaise dans l'attente et un sablier.
Le céramiste, lui aussi inspiré par l'Extrême-Orient, Handshakes, (1982), ou "coupe de main", simple malaxage de la terre avec trace rosée de ses doigts posé sur un coussin, ou Mask, (1986), forme porcine percée d'yeux et des trous du groin. Il enferme un objet de couleur vive, rouge ou bleu dans une main de cristal, Thinking Hand, (2008)  ou entoure de deux ailes à la Mercure, une vanité, Happy Skull, (2009).En 1987, il confie ses oeuvres au bronze, The Dog at Home, entre un panier retourné qui sert de socle et son couvercle, un chien plus grand que l maisonnette; opposant cette fois le petit au grand, Curious Child, (2001), un bébé joue avec une vanité posés sur une table aux hauts pieds. Il reprend les assemblages d'objets trouvés et les met en scène comme ces chaises en déséquilibre, Mal tombé, (2007).
Le lithographe se contente du noir abondant et du rouge, Submergée, (1990), tête d'enfant lunaire face aux flots, ou la même tête face à des vanités, (2006). Il est aussi sculpteur monumental aux oeuvres disséminées de par le monde, Pays-Bas, Andorre, Corée, Equateur, Chine, Japon, Italie, et France.

Expositions : 1959, gal. 20, Arnhem;  1961, Haut-Pavé, Paris, (P) ; 1964, Rudolf Swirner, Cologne, (P) ; 1969, biennale de Paris ; 1975, Musée d'Art moderne de la ville, Paris, (P), et biennale de Venise ; 2003, 2010, Louis Carré, Paris, (P).

Rétrospective : 2010, LAAC, Dunkerque.

Lieux publics : parmi des dizaines, 1993, I Meet You, aéroport de Schippol, hommage aux sabots hollandais; 1998, Dogs Own World, Parc olympique de Corée, aux marches aboutissant à un espace évidé qui sert d'encadrement au paysage; 2005, Listening with the Eyes, bloc de lave érigé sur double socle et doté d'yeux façon porcelaine.

Citation(s) : On a dit : -La sculpture de Mark Brusse pose l'ironique énigme d'une machine sans fonctio. C'est la machine faisant marche arrière vers la juxtaposition fortuite d'un tas de détritus. Des machines construites dans un but ignoré relatif à l'avenir ou au passé enfoui. (William Burroughs).