Fiche de présentation

MIKHAILOV, Boris

né en 1938 à Kharkov, Ukraine ; diplômé ingénieur ; 1966, commence à photographier ; licencié comme suite à une saisie de certaines de ses oeuvres par le KGB ; se consacre exclusivement à la photo ; vit à Berlin.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Photographe

Présentation : Documentariste de Kharkov, il débute par une commande de la firme où il travaille pour recueillir sa mémoire, (1966). Comme il dispose d'un appareil il fait pour lui des photos de nus de sa femme, saisies par le KGB. Il passe de la photo en noir et blanc, à la photo en couleur, après une transition par des photos coloriées, prises par lui-même ou trouvées, Sots-Art, (1980-1989), triptyque  vertical, (FPV) ; c'est l'occasion d'exprimer, discrètement, des sarcasmes.
Il conceptualise* à compter de 1982, et illustre de ses photos, une thèse de doctorat, inachevée, Unfinished Dissertation, (1985). Les vues de sa ville sont empreintes de pessimisme et, après la chute du mur, en 1991, elles deviennent ouvertement critiques, From Case History, (1997), série montrant des marchands de carcasses de viande, une prostituée levant sa robe, un homme exhibant ses tatouages, des enfants des rues, tout parle de pauvreté. Quant aux vues de Karkhov, elles sont devenues franchement désolées. Comme le sont en sépia, Slavansk, (1986), ces ouvriers se délassant dans un lac qui reçoit les les déchets alcalins de son usine voisine ; on croit revoir des clichés des congés-payés en France, en 1936. Il découvre, avant le numérique, l'effet produit par la superposition et il sort une série Yesterday's Sandwich, de 55 images ; le vieillard se craquelant comme le sol sous l'oel étonné de l'enfant ou la conversation discrète de deux piétons tandis qu'au mur apparaît une immense oreille. Ces photos sont longtemps restées secrètes. 
Une série d'une trentaine de photos en noir et blanc, présentées comme un portfolio, Si j'étais un allemand, (1994) met en scène dans des attitudes érotiques, ses amis dont Bratkov*, dans le rôle de militaires nazis qui, comme leurs partenaires semblent prendre grand plaisir aux ébats ; parodie de la violence par le sexe, dont l'obscénité s'efface devant l'extravagance. Il évolue vers le sordide, non seulement en prenant un clochard aux mains ensanglantées du jus de cerise, mais en s'attardant sur des nus qui suscitent plus la répulsion que l'érotisme, jusqu'à un couple dont la femme est affligée d'une hernie ventrale externe, (2007).
Il se complait dans le tragique. Il montre aussi des histoires individuelles en plusieurs clichés de format usuel accompagnées d''un texte biographique. Dans un long panoramique de 177 images, prises entre 2000 et 2010, il rapporte tous les naufrages de l'après empire soviétique des petits commerces quand tout est à vendre jusqu'aux enfants, jusqu'à l'inactivité dominante, la déglingue culturelle comme sexuelle.

Expositions : 1982, Bratislava, (G) ; 1990, Rotterdam, (G) ; 2003, Tate Modern, Londres, (G) ; 2005, 2012, Suzanne Tarasiève, Paris, (P).