Fiche de présentation

BALLEN, Roger

né le 11 avril 1950 à New York, États-Unis d'Amérique ; 1973,  diplômé en géologie de Berkeley ; 1974, traverse l'Afrique du Caire au Cap ; 1977, regagne les Etats-Unis ; 1981, doctorat en philosophie ; regagne l'Afrique du Sud et parcourt 100,000 km à la recherche de minerais ; 1982, photographie : vit à Johannesbourg.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Photographe

Présentation : Ses images en noir et blanc, prises au Rolleiflex 6x6, sont plus que posées : elles sont construites pour arranger le contraste, format carré, frontalité", plan unique, précision qui refuse tout flou, tout bougé, tout effet, et le plus souvent , travaillant en intérieur, du flash.  Images misérabilistes, déstabilisantes, celles d'un artiste de l'art brut¨.
Elles concernent surtout le sous-prolétariat blanc. Excited Man, (2002), une peluche d'ours géante portant entre les cuisses un visage masculin de dimension réduite. Ce n'est pas un photographe du bonheur; ce sont les déshérités qui le retiennent, les blancs dans le monde sud-africain, dès avant la fin de l'apartheid en 1988. Des sous-hommes, que ce soit Retraité, (1984) ou Le Sergent De Bruin, gardien de prison, (1992) aussi abruti sous l'uniforme que sont demeurés Les Jumeaux Dresle et Cassi du Transvaal, (1993) ou encore Tommy, (2000), gisant décharné sous une ampoule au long fil, comme les sans abris de la rue, (2001) ou le prisonnier enchaîné, (2003). Sickroom, (2002), un blanc étique et un enfant noir, grave mais plein de santé. L'humain n'apparait souvent que par la mention de membres, Puppy between Feet, (1999), ou Five Hands, (2006). Les enfants eux-mêmes jouent à se masquer mais il y a toujours un indice de cruauté à l'égard des animaux, (2002-2003), souvent apportés en maquette de sorte qu'on se trouve entre réalité et fiction. Chien affamé, (2003) confirme que la décrépitude est universelle.  Tandis que l'homme est réifié, l'animal en début de vie est un contrepoint mignon même s'il demeure chosifié.
Front Door, (1983) ou tirez le rideau et la disparition progressive des figurtes.  Les graffitis* de vitrines ou de fenêtres de cellules, s'ils peuvent se rapprocher de Dubuffet* étendent le délabrement aux intérieurs de la misère, Fillette endormie, (2000), marqués comme de nombreux portraits, par le passage de fils électriques et la lèpre des murs qui font de chaque chambre une prison dans laquelle se déroulent des activités absconses.
 Il explore Boarding House, (2009), bâtiment industriel du XIXème siècle, devenu insalubre et voué aux sans-logis ;  ce n'est pas l'homme qu'il y croise, sinon, rarement, un bras, une main, un enfant, mais les détritus, les graffitis, les rebuts de survie.  Take Off, (2012).Dans ce monde désespéré une image fait tache, Etude de garçon et plantes, (1999), le visage est triste mais serein et un jeu d'ombre accroît la beauté plastique.


Expositions : 1981, Cororado Center Photography, Denvers, (P) ; 1982, Market Theatre, Johannesburg, (P); 1995, Festival d'Arles, (P) ; 2003, 2010, Kamel Mennour, Paris (P) ; 2006, Bibliothèque nationale, Paris, (P) ; 2013, VU, Paris ; Smithsonian, Washington, (P)

Citation(s) : Il a dit :
- Si beaucoup de murs que j'ai photographiés pouvaient être transportés tels quels dans un musée, ils revêtiraient la qualité d'oeuvres d'art.