Fiche de présentation

DOISNEAU, Robert

né le 14 avril 1912 à Gentilly, Val-de-Marne, France ; 1926-1929, école Estienne, Paris pour la lithographie; 1930, dessinateur de lettres pour la publicité ; 1931, assistant d'André Vigneau*; 1932-1970, adopte le Rolleiflex; 1934-1939, photographe industriel chez Renault,  licencié pour présence irrégulière; 1939-1945, participe à la Résistance, réfugié dans le Poitou, photographie des monuments qu'il vend à l'armée ; 1939, 1946, agence Rapho; 1949-1951, travaille pour Vogue ; 1952, en septembre adopte le Leica; 1960, 1981, voyage aux Etats-Unis; 1966, au Canada ; 1967, en U.R.S.S; 1983, grand prix national de la photographie; 1993, prend sa dernière photo le 25 septembre; 1994, meurt le 1er avril à Paris.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Photographe

Présentation : En 1942, il fait la connaissance des Joliot-Curie, prix Nobel 1935, et effectue un premier reportage dans sur laboratoire atomique. Il en rapporte des images scientifiques qui jusqu'en 1956 enregistrent le changement d'échelle des lieux. Certaines sont hallucinantes lorsque dans une plongée vertigineuse sur un générateur d'impulsion, on voit, minuscule, à son pied, un chercheur ; on se croit dans un film de Fritz Lang. (1942).
Il travaille en noir et blanc au Rolleiflex, et sa prédilection va à l'ethnologie du quotidien; il est surtout un mémorialiste de Paris, de sa banlieue,  de ses flâneurs, de ses petites gens, (1930-1966), de la transformation urbaine, en cela il est dans la succession d'Atget. Un tas de pavé, Ma première photo à la chambre, (1929). Il demande à des comédiens de poser dans un décor naturel extérieur et obtient l'illusion de l'instantané. Il n'hésite pas à recadrer ses clichés : c'est l"Ojectif imparfait". Ii devient l'observateur d'un petit théâtre familier, qu'il traite avec mélancolie. Comme La Voiture fondue, (1944), désossée et devenue jeu d'enfants ;  cette décharge sans fin au sommet de laquelle on aperçoit une coté pavillonnaire, Entre Gentilly et Arcueil, (1945), une rue, une figure et le vide ou  Bidonville à Ivry, (1946) ;  cet oeil à l'aguet derrière la fenêtre d'un bistrot, Le Nez au carreau, (1953), la transformation de la banlieue, deux  barres d'immeubles étouffant l'église du XIXe. (s.d.)
En ville, son premier reportage concerne les Puces de Saint Ouen, (1932). Il y a aussi  les Halles, (1933-1979), en activité, puis réduites à son trou, ses nuits chaudes, les filles nues du Mayol, draguées par un bourgeois d'âge mûr, La Meute, ou, tout différent, Fox-terrier sur le Pont des Arts, (1953). Les tabliers de la rue de Rivoli, une bande de bambins traversant et coupant la circulation automobile. Il raconte des histoires par série, La Joconde, (1945), 15 images enregistrant la réaction de visiteurs devant une peinture hors champ, ou Vitrine de Romi,, (1948), 12 images prises de l'intérieur d'un antiquaire sur les passants, qui regardent une peinture érotique spécialement exposée, ou encore La Cabine téléphonique, (1958), 3 clichés de passants alors que l'usagère demeure au combiné ce la cabine. Son autobiographie tient dans une suite de 16 photos de détails de monuments de Paris, présentées comme une bande dessinée, et largement légendées, La Simple Histoire d'un gamin de Paris, bon Fils, bon Soldat, (1971).
Portraitiste, il prend célébrités, comme anonymes, des Petits pains de Picasso, avec substitution des doigts, ( 1952) , Simone de Beauvoir, (1944) au Patineur solitaire, (1969) après son Autoportrait au Rolleflex, (1953), sans compter les couturiers, de Christian Dior, (1950) à Jean-Jacques Gaultier (1985), hors contexte professionnel, les images de mode lui séant peu.
Un thème récurrent est celui du baiser, (cfr infra, Baiser de l'hôtel de ville, (1950) jusqu'au Baiser casqué, (1966). Les photos de commande sont aussi dépouillée, aussi construite, D.S.19, (1955). De 1949 à 1952, il prend les bals et leur grand monde. Comme tout est posé, il devient un portraitiste facétieux, avec Le Vélo de Tati, (1949), le cinéaste ahuri devant les pièces détachées de son vélo de postier, à même le sol. Les Pains de Picasso, (1952), deux fois cinq petits pains servant de doigts à un Picasso collé à la table, ou Portait de Tinguely, (1959), le visage disparaissant derrière une machine qui émet de la fumée. La même année il retrouve Frédéric Joliot au Congrès de la Paix. Des photomontages ou photos recomposées, aussi et souvent, dramatiquement allégoriques, comme ces mains mutilées sur arrière-plan d'usine, Les Mans de la sidérurgie, (1977), à l'opposé du photographe souriant. Le magazine Fortune lui commande un reportage sur Palm Springs ; il le réalise, en couleurs décalées, en 300 diapositives datées de 1961.. On le sent ahuri devant le clinquant de résidences californiennes, les pisci,s, les green, et les diner-parties, pour riches et devant leurs extravagances dont il prélève de détails signifiants, bien éloigné de sa photographie humaniste ; ces deniers clichés, en couleur, du Colorado à Palm Beach, ne son découverts qu'en 2010. 
L'oeuvre comprend 450,0000 négatifs.
Le Baiser de l'Hôtel de ville.
Il est l'auteur d'une image devenue icône, au milieu des années 1980, comme suite à sa diffusion énorme en produits dérivés; c'est Le Baiser de l'Hôtel de Ville, (1950). Quarante-trois ans plus tard, en avril-juin (1993), de soi-disant protagonistes, prétendant se reconnaître, réclament des droits ; le tribunal les refuse, l'auteur ayant établi que, loin d'être un instantané, la scène est posée par des comédiens ; la comédienne, Mme Bornet, est déboutée au motif qu'on ne peut la reconnaître. Cette image a peut-être été reproduite 200 fois en vintage*; il n'en reste pas moins que l'exemplaire dédicacé à Mme Bornet est vendu, le 25 avril 2005, à Paris, pour 184,960 euros, frais compris.
Collages.
On retient  La Maison des locataires, (1962), cinq étages sans façade, comme dans les maisons de poupée, et scène domestique dans chacune des 15 chambres. Le Pont des Arts, (1972), flanqué du puzzle de clichés de scènes prises dans son environnement. Les Mains de la sidérurgie, (1973) quand il fleurète avec la surréalisme* : une main sort d'un appareil téléphonique pour se saisir de billets de banque

Expositions : 1965, Musée des Arts décoratifs, Paris, (P) ; 1975, Rencontres d'Arles ; 2000, écomusée de Fresnes, (G) ; 2001, 2010, Claude Bernard, Paris, (P) ; 2009, Fondation Henri Cartier-Bresson, Paris, (P) ; 2011, Eco-musée du Val-de-Marne, Fresnes, (P) ; 2012, Hôtel de ville, Paris, (P).

Rétrospective : 1995, Musée Carnavalet, Paris; 2006, Hôtel de ville, Paris.

Musées : Atelier Robert Doisneau, Montrouge.: Maison Robert Doisneau, Gentilly.

Citation(s) : Il a dit :
- Je suis un foutugraphe. Je n'ai jamais bien cherché pourquoi j'ai fait des photos. En réalité, c'est une lutte désespérée contre l'idée qu'on va disparaître. Je m'obstine à arrêter ce temps qui fuit. Ce qui est une folie complète. (1991).