Fiche de présentation

CARTIER-BRESSON, Henri

né le 22 août 1908 à Chanteloup, Seine et Marne, France, neveu de Louis Cartier-Bresson* ; 1925, fréquente dans les cercles surréalistes* ; 1927-1928, peinture chez André Lhote* ; 1928, Magdalen College, Cambridge ; 1930, détruit la plupart de ses toiles ; 1931, voyage en Côte d'Ivoire ; 1934-1935, au Mexique ; 1935, séjourne à New York, arrête la photographie et réalise du film documentaire, assistant de Paul Strand* ; 1936, assistant de Jean Renoir pour Une Partie de campagne, dans lequel il tient un rôle secondaire ; 1937, reprend la photo pour Ce Soir, magazine d'Aragon et tourne, Victoire de la vie, 1937 ; L'Espagne vivra, 1938 ; Le Retour, 1944. 1939, assistant de Renoir pour La Règle du jeu, avec encore un rôle secondaire, 1939, mobilisé au service photographique de la IIIe armée ; prisonnier de guerre ; 1943, s'évade le 10 février ; peint et prend le portrait de personnalités ; 1944, couvre la Libération de Paris ; 1947, travaille pour Harpers's Bazar et crée à New York, l'agence de photographies Magnum* ; 1947-1950, vit en Asie ; 1954, premier photographe admis en URSS ; 1966, quitte Magnum et peint ; 1970, épouse Martine Franck*, abandonne le reportage ; 1970- 1981, Grand prix national de la photo ; 1974, cesse pratiquement de photographier et revient au dessin ; 2003, inaugure sa fondation ; 2004, meurt le 3 août à Céreste, Alpes-de-Haute-Provence en pleine canicule.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Dessinateur - Peintre - Photographe

Présentation : Le photojournaliste mondialement connu ne travaille surtout par "instant décisif", noirs et blancs avec un profond respect des gris, (tout à fait exceptionnellement, il travaille en couleur), ne recadre jamais ses clichés et  conserve à l'impression leur bordure, refuse le flash et n'use que du Leica au 50 mm (encore que ses toutes premières photos d'Afrique, (1930) soient prises avec un Kraus). ll est bien plus que l'auteur de de cet instant , qui ne prendrait que des instantanés.A Dachau, p.ex. une belge traitresse tente dee dissimuler, le photographe est là.
Il légende avec précision et concision ses images et défend qu'elles soient montrées sans ces textes ou des textes de même esprit ; il interdit toute cession à usage publicitaire. Il donne à la ville de Paris des tirages de 1975 dont certains sont d'un format exceptionnel, 90 x 70, sur carton léger. Obsédé par la géométrie, il "retrouve sous les apparences l'ordre caché dans le grand chaos universel" (Pierre Assouline). Il détruit beaucoup de ses débuts et Plage de Dieppe, (1926) est, officiellement, sa première photographie.
En 1931, il est en Côte d'Ivoire et ne montre ses photos qu'en 2003... En revanche, il obtient des images devenues icones de référence comme Bruxelles, (1932), un bourgeois en melon et un ouvrier en casquette épient un jeu sportif par un trou dans la bâche protectrice ; Visite du cardinal Pacelli à Paris, (1938), perdu dans la foule extatique ; Champ de course de Curragh, Dublin, (1952), quand le propriétaire et le cheval rivalisent de morgue ; les élections premières de la République espagnole, (1933), les congés payés, Vacances pour tous, (1936), le Couronnement de George VI, (1937), le débarquement de 1944 et la Libération de Paris ; l'Inde des indépendances en 1947 et le regard soupçonneux des habitants ; ; des morts du métro Charonne et la foule attristée, (1962) ; de mai 1968, pour moitié des détritus, pour moitié des policiers ; en 1973, La Forteresse Pierre et Paul de Leningrad, écrase de sa masse un homme nu, vu de dos, qui prend le soleil. Ses constructions angulaires sont reconnues, Quai desTuileries, Paris, (1955).
Il traverse le siècle portraitisant le monde des arts et des lettres, de Colette à Szafran* et au Dalaï Lama, les situant le plus souvent dans leur contexte familier et les prenant à la seconde où ils ne s'y attendent pas, "ll faut prendre le type quand il est à l'intérieur de lui-même" ; dès lors le regard ne fixe pas l'opérateur,Claudel, (1945), désabusé  Sartre, (1949), saisi un jour d'hiver sur le Pont des Arts, Faulkner, (1949), tendant son bras au moment où, dans son dos, symétriquement, son chien s'étire.
Ses clichés ne sont pas datés puisque voués à l'intemporalité. Les tirages ne sont pas limités, puisque destinés à la presse ; seule les authentifie la signature. En 1943, le Musée d'art moderne de New York, le pensant décédé, prépare une rétrospective ; l'apprenant, il colle dans un album 346 tirages, Le Scrapbook pour indiquer ce qui doit être montré ; en 1983, il en décolle la plupart pour les protéger. Cette étape est un tournant. Jusque-là, il cherchait à photographier pour obtenir des images, à compter de là il "raconte des histoires". Étant partout où l'histoire se fait au quotidien, ses images sont les témoins d'un siècle.  Globe-trotter, géomètre, intuitif, il saisit "le moemnt décisif".  On estime ses prises à plus de 500 000 clichés.
Sa peinture reste peu montrée. On sait que L'Eglise de Guermantes, (ante 1927) est sa première peinture ; on connait Atelier d'André Lhote, (1927), vide et surréalisant*, ou My Landlady and her Husband, (1928), de facture naïve ; que Le Couple, (1928) et Composition, (1928) suivent, sous l'aile de Miro*. Il montre un petit collage, Pour l'amour et contre le travail industriel, (1931). Dessinateur, à la manière de Giacometti*, la multiplicité des traits secs trace des figures des portraits, des nus, des paysages, des natures mortes, Autoportrait, (1987) ou André Pieyre de Mandiargues, (1991). Il ne se limite pas à cette technique mais dessine également de manière plus brève quoiqu' achevée et traditionnelle. Ses fusains, Malakoff, (1979 et 1980), frondaisons vues au travers d'une croisée, rappellent dans une certaine mesure Szafran*.
Il est l'auteur d'un documentaire de 18', With the Abraham Lincoln Brigade in Spain,  tourné en 1936-1937, égaré et retrouvé en 2010 à New York par Juan Salas, universitaire madrilène.

Expositions : 1933, Julien Levy, New York, (P) ; 1947, musée dart moderne, New York ; 1955, musée des Arts décoratifs, Paris, (P) ; 1967, Le Louvre, Paris, (P) ; 1981, Musée d'art moderne de la ville, Paris, pour les dessins ; 1997, 2002, Claude Bernard, Paris, (P) ; 1998, Beyeler, Bâle, (P) ; 2009, Maison européenne de la photographie, Paris, (P).

Rétrospective : 1947, 1968, 1987, 2010, Modern Art Museum, New York ; 1984, musée Carnavalet, Paris, (P) ; 1989, Ecole des Beaux-Arts, Paris ; 1998, Royal college of art, Londres, pour l'oeuvre graphique ; 2003, Bibliothèque nationale de France et Caixa Forum, Barcelone.; 2014, Centre Pompidou, Paris,.

Musées : Fondation Du Mesnil, Houston, 400 photos ; Fondation Henri Cartier-Bresson, impasse Lebouis, Paris ; Musée d'Art moderne de la ville, Paris.

Citation(s) : Il a dit :
- Je suis l'héritier de la tradition de Walter Evans.
- La photographie c'est mécanique, la couleur, c'est autre chose.
- On fait de la peinture tandis qu'on prend une photo.
- La couleur en photographie est basée sur un prisme élémentaire et pour l'instant il ne peut en être autrement car on n'a pas trouvé les procédés chimiques qui permettraient la décomposition et recomposition si complexe de la couleur (1985).
- Les clés pour prendre un bon portrait, c'est de rendre le sujet oublieux qu'il est devant un appareil photographique et de saisir le moment de vérité de la victime consentante.
- Quand je voyage, je regarde ce qu'on me montre et je photographie à côté.
- Quand je laisse publier des photos médiocres, c'est par indifférence, car je préfère aller dans la rue pendre la prochaine photo le nez au vent, loin de la cuisine. Voilà et il n'y a pas de quoi s'en vanter.

On a dit :
- Tu t'es fait un nom dans la photo, pourquoi tu viens nous embêter avec tes dessins ? (Arikha).
- C'est le Tolstoï de la photographie. (Richard Avedon)
- Cette rencontre du hasard et de la nécesité dont mieux que personne, il appréhende mystérieusement le déclic. (Jean Clair).
- Ah ! jolies couleurs, petit surréaliste, continuez, (André Lhote, 1927).
- Ma boîte d'allumettes ne me dérange pas plus que ce que vous avez peint. (Henri Matisse).
- Les intantanés de Cartier-Bresson attrapent l'homme à toute vitesse sans lui laisser le temps d'être superficiel.
(Henri Michaux).
- Il n'y a rien en ce monde qui n'ait un moment décisif. (cardinal de Retz).
- Il a toujours feint de mépriser tous les photographes, y compris lui-même, et la photographie en général, s'étant toujours considéré d'abord comme un peintre. (Jean-François Revel).
- Je me souviens de ce jour où j'ai pu l'observer en plein travail dans une rue de La Nouvelle Orléans dansant tout le long du trottoir comme une libellule inquiète, trois gros Leica se balançant sur leurs courroies autour de son cou, le quatrième rivé à l'oeil, tac-tac-tac, l'appareil semble une partie de son corps. (Claude Roy).