Fiche de présentation

GERZ, Jochen

né en 1940 à Berlin, Allemagne ; 1943, sa famille fuit les bombardements - qui lui enlèvent temporairement l'usage de la parole - et se réfugie dans la campagne rhénane ; littérature américaine et sinologie à Cologne ; 1962, archéologie et préhistoire à Bâle ; exerce divers métiers ; 1966, arrive à Paris ; épouse vraisemblablement Esther Shalev-Gerz ; 1968, publie son premier recueil de poésie ; 1972, vit à Prément, Aisne ; 1976, enseigne dans divers Beaux-Arts européens ; 1980, séjourne régulièrement sur une île au large de Vancouver ; 1998, grand prix national d'arts plastiques ; enseigne aux Arts contemporains de Dortmund.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Installationniste - Performeur - Photographe - Vidéaste

Présentation : Conceptualiste*, il part de l'idée que les arts visuels traditionnels ne peuvent exprimer les émotions, et il le démontre en recourant aux supports les plus divers, vidéo, photos, interventions, installations.
Il se place dans une rue, 2 heures durant, à côté de son portrait grandeur nature, (1970), Crier jusqu'à l'épuisement, (1972), avec pour seul témoin la caméra qui résiste plus longtemps que lui ; il suspend des feuilles de papier à un arbre qui, laissées en l'état pendant 2 semaines, captent des "impressions" atmosphériques (1970-1990).
Écrire avec la main, (1972) consiste à écrire sur un mur nu, avec ses doigts seuls, "ma chair et mon sang".
En 1969, il commence la vidéo et crée des livres photos-textes montrant l'impossibilité de traduire l'un par l'autre. Auteur d'installations depuis 1972, il dit l'incommunicabilité.
Il transpose une atmosphère, Exit/Portrait Dachau, (1967, Mus. de Bochum), long couloir, éclairé par des ampoules avares avec une théorie de tables et de chaises en bois fruste, portant chacune un album avec des photos du camp ; évocation en même temps que dénonciation des musées commémoratifs.
Dans l'œuvre ultérieure, il allie le plus souvent la photographie, agrandie aux dimensions de bâches de travaux publics, à des déclarations qui la dévient et ne l'explicitent qu'au second degré, Il n'y a pas de mystère, c'est votre savoir qui vous tuera (1982), imprimé sur un "sana-chrome", un paysage apocalyptique.
Paul M ,(1969, ANG) n'est autre qu'une série de photos que l'auteur a oublié avoir prises ; Le Dépôt (1979, MAMS), oppose quatre énormes fûts d'arbres sciés en planches séparées par des cales, à des pages de manuscrits à l'envers, donc inutiles, que l'on ne pourrait déchiffrer qu'à l'aide d'un miroir : ou de l'arbre tué au papier gâché.
The French Wall (1968-1975) est un vaste panneau comportant selon les expositions plus ou moins de pièces, certaines vendues, certaines rajoutées, commentant l'histoire de l'art et du quotidien, par l'écrit, l'imprimé, la photo, l'objet, la peinture.
Photographe : des scènes éclatées, accompagnées de textes encadrés, IT>F/T, 64 (1971, MAM, Saint-Étienne), 15 cadres, ou F/T, 128 (1984, MAM, Saint-Étienne), 7 cadres, Le Mariage (1986, MAM, Saint-Étienne), 17 photos, ou encore Le Grand Amour nº 1 (1980, MNAM, Paris), 12 photos de filles différentes avec le même texte en anglais sur la rencontre amoureuse et Le Grand Amour nº 2 (1980, MNAM, Paris), 12 photos d'agonie de la mère, accompagnées de textes factuels. Agnès ou le temps français (1985, FRAC Centre), suite de photos accompagnées de textes à la manière du nouveau roman.
De présentation plus traditionnelle, Erase the Part (1990, SMKM), photos de nature, oblitérées pour partie par un panneau rouillé juxtaposé.
L'ensemble est une démarche platonicienne, appuyée par ce texte : "Les arbres de notre imaginaire sont nos arbres et la branche pleine d'eau et de mousse est l'image qui nous revient comme un fils prodigue." L'œuvre est marquée par une dominante poétique et écologique.
Auteur d'interventions*, à compter du milieu des années 85, il requiert la participation du public de sorte que l'œuvre n'est jamais terminée ; en 2000, il enregistre avec leur collaboration, la mémoire des SDF, sur le parvis de Notre-Dame, à Paris. Devoir de mémoire comme celui qu'il exerça sur la Shoah.

Expositions : 1970, Stedelijk Museum, Amsterdam G) ; 1973, Dokumenta, Kassel ; 1975, 1997, musée de Saint-Étienne (P) ; 1976, Biennale de Venise; 2002, Centre Pompidou, Paris, et musée des Beaux-Arts, Strasbourg.

Rétrospective : 1975, ARC, Paris ; 1985, Wilhelm-Hack, Ludwigshafen ; 1986, musée de Calais ; 1994-1997,La Douane, Strasbourg ainsi que Canada, États-Unis et Allemagne.

Lieux publics : - 1986, Monument contre le fascisme, Hambourg, une colonne de 12 m enterrée ;  1993, Monument contre le racisme, Sarrebruck, 2146 pavés où sont inscrits, sur la face contre terre, les noms des cimetières juifs existants avant 1933, en Allemagne ; -1996, Monument vivant, Biron, Dordogne, réhabilitation du monument aux morts par l'insertion de remarques frappées sur émail rouge des habitants interrogés.

Citation(s) : Il a dit :
- Au XXe siècle, le noble c'est le laid. Le laid y est plus humain que le beau. L'horrible y transpire de partout. Picasso est immense parce qu'il a su faire le laid. Et le noble, c'est l'utile.