Fiche de présentation

WEMAËRE, Pierre

né le 1er octobre 1913 à Comines, Nord, France ; 1920, sa famille s'établit à Versailles ; 1933, commence à peindre ; 1936-1937, Académie Léger* en même temps que Jorn* avec qui il noue une amitié durable qui l'amène à être surtout reconnu en Scandinavie ; 1939-1941, mobilisé aux armées ; 1941-1946, cesse de peindre et tisse ; 1943-1954, vit à Pinson en Normandie ; en 1946 et 1947, Jorn et lui travaillent à quatre mains ; 1946, recommence à peindre; 2010, meurt le 8 janvier à Versailles.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : Comme nombre de jeunes peintres de sa génération, il commence (1936) par le postimpressionnisme*. Mais dès la même année l'influence du Léger* postcubiste* apparaît, pour la structure, Le Jeu de jacquet, (1938) ou pour le motif des masses nuageuses qu'il fait basculer à la verticale, Un terme au parc, (1937, KAa). Sitôt après, il se dirige vers une abstraction* linéaire, verticale, qui le rapproche - en grands formats - de Klee*. Dans les bambous graciles, se glissent des yeux qui instillent l'angoisse, (1938-1939). Dès 1938, il anticipe Cobra* (auquel il n'adhére pas), dans la foulée duquel s'inscrit son destin : une face-masque déformée est celle d'un précurseur; il reprend d'ailleurs ces visages en 1958-1959, Sans titre, (1958, KSil). Après son silence pendant la guerre, sa manière est fixée; elle lui fait développer grotesques et chimères, bestiaires, mais aussi sujets sacrés. Il montre une peinture d'abysses couverts d'algues filandreuses d'huiles étirées, En dedans, (1959, KSil), bientôt ramassés en boules érodées, Lorsque l'enfant paraît, (1962, KSil ) ou Mauvaise rencontre, (1963, KR). Ces crânes qui ne se disent pas, se vêtent de linceuls et les fantômes qui apparaissent, Esther, (1961, KSil), sont simultanés, peut-être même antérieurs à ceux d'Alechinsky*. Il peint serré, de bord à bord, ces formes d'une sauvagerie contenue et indicible dans lesquelles se cryptent des squales (1964). Trois ronds suggèrent trois têtes, En goguette, (1965) et Monsieur le Président, (1967) renvoie immanquablement à de Gaulle. Les bouleversements de mai 1968, l'amènent par un circuit secret à user de la technique des papiers collés, marouflés sur toile puis peints. Certain non-figuratif*, d'autre montrant, à condition qu'on le regarde à distance, quelque Radeau de la Méduse. Il conçoit, avec Jorn, une tapisserie de 1,80x 14 m, Le Long voyage, (1958-196); usée par son exposition permanente dans le lycée d'Århus, une seconde édition est tissée en 1998-2000. À compter du début des années 1980, son style s'infléchit vers une abstraction* lyrique. D'abord avec d'immenses paysages développés entre 1980 et 1986. Puis, de 1990, La Demi-mondaine, à 1998, Les Copines,  des feux d'artifices s'élèvent sur fond uni dans lesquels éclate la magie de la couleur de cet expressionniste*, nordique plus que flamand, puisque la rusticité le cède au raffinement des tons rares; et plus que germanique, puisque la ductilité du pinceau masque le combat avec la pâte, Malerei, (1991) ou Un Mot à l'oreille, (2003). Les feux se détachent sur un fond uni, faits de masses de petits coups de couleurs frappés de dripping, Au bal masqué, (2008), ou Akanakka, (2009).  Il donne quelques paysages abstraits, Retour de pêche, (1982) ou Ciel de traîne, (1998), étirés dans ses coloris précieux.

Expositions : 1937, Salon des Indépendants, Paris ; 1938, Dam & Fonss, Copenhague, (P) ; 1957, Paul Facchetti, Paris, (P) ; 2007, 2010, 2012, gal. Guillaume, Paris, (P).

Rétrospective : 1971, Musée de Randers ; 1980, Paris ; 1993, 2003, Musée de Silkeborg ; 1998, Cordeliers, Paris et Musée de Silkeborg ; 2001, Musée Jean Lurçat, Angers ; 2010, Lieu d'art et d'action contemporaine, Dunkerque.

Citation(s) : On a dit :
- Je suis plus convaincu que jamais qu'une rêverie communicative, en essayant de retrouver la rêverie de création, augmente encore le bienfait de la contemplation. (Gaston Bachelard).