Fiche de présentation

SOUTINE, Chaïm

né en 1893 ou en 1894 - on ne sait - à Smilovitchi près de Minsk, Lituanie (aujourd'hui Biélorussie) ; 1907, cours de dessin à Minsk ; 1910-1912, Beaux-Arts de Vilnius ; 1912, Beaux-Arts de Paris ; 1914, s'installe à Montparnasse*, à la Ruche*, puis cité Falguière ; y vit de petits métiers; 1916, est pris en mains par Zborowski*; 1918-1923, séjourne dans le Mid i; 1923, le docteur Barnes* lui achète 100 toiles ; 1928, le couple Castaing le soutient après avoir vendu sa collection pour pouvoir lui acheter ; 1940, Marie-Berthe Aurenche, ex-épouse de Max Ernst*, devient sa compagne ; 1941-1943, se cache à Champigny-sur-Veude en Touraine;  1943, meurt le 9 août à Paris d'un ulcère à l'estomac ; Picasso*, malgré les consignes de l'occupant, suit son convoi jusqu'au cimetière de Montparnasse.
signature : jusque ca. 1919, grandes lettres détachées; ca. 1922, graphisme réduit, moulé.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : Qu'il ait regardé longuement Fouquet, Rembrandt, Toulouse-Lautrec, Van Gogh, Goya, Courbet, Cézanne, c'est évident et l'inspiration de certaines toiles est avouée ; mais lorsque Van Gogh " copie" Millet, il met dans sa toile son génie enfiévré de telle manière que l'on reconnaît moins le sujet dû au peintre d'origine que la personnalité de l'interprète.
Il en va de même pour Soutine, l'un des expressionnistes* les plus représentatifs de l'école d Paris*; peintre ulcéré, au propre comme au figuré, il dresse ses personnages dans une tristesse proche du désespoir, il traverse ses paysages du tressaillement de l'angoisse, Céret, (1919), ployant non seulement les arbres mais les bâtisses, il ait gicler sur ses natures mortes le sang frais dont il les imprègne. Du début, en 1914, jusqu'à la mort, en 1943, c'est la même peinture crispée, anxieuse, torturée, grenue de jaspes multicolores, de pâte épaisse, mais vers la fin des années 20, se fait ne césure, et ses chefs-d'oeuvre, il les a déjà peints, Le Petit Pâtissier, (1922-1923, ORP), Le Sculpteur Oscar Mietschaninoff, (1923, MNAM), Le Boeuf, (1925, SMA et MPSG). Il traque la déchéance, La Vieille Actrice,(1923) de celles qui on téé, La Déchéance, (1920,Musée Calvet, Avignon).t
Dorénavant, il réduit ses formats et donne l'impression de bâcler certains tableaux; dans Maria Lani, (1929, MoMA) ou L'Enfant en rouge, (1942), on retrouve le même laisser-aller, les mêmes visages griffonnés, les mêmes fonds faits de repentirs à la va-vite. Ce qui n'empêche qu'on y voit encore,'Arbre de Vence, (1929), Portrait de Jeanne, (1930-1931) ou Nu, (1933), d'une grande maîtrise. Il est vrai que cette seconde période qui va du milieu des années 20 à la fin est peu féconde. À compter de 1933, il peint peu, abandonneles natures mortes pour se consacrer aux portraits, un peu aux animaux et aux paysages que sa réclusion en Touraine lui donnera tout loisir d'explorer. Le tourment de ses villages déstabilisés par une tornade permanente n'est pas différent de celui des viages de ses figures, et, en dernière analyse, du sien propre. Et même lorsqu'il s'agit du Midi, il reste expressionniste, ne devient jamais méditerranéen.

Expositions : 1920, Café du Parnasse, Paris.

Rétrospective : 1945, De France, Paris; 1950-1951, Museum o Modern Arts, New York, et Museum of Arts, Cleveland; 1959, Gal. Charpentier, Paris; 1963, Tate, Londres, et Edinburgh Arts festival; 1973, Orangerie des Tuileries, Paris.

Musées : Orangerie, Paris, 24 oeuvres de 1918 à 1933.

Citation(s) : On a dit : - Soutine est peut-être depuis Rembrandt, le peintre chez lequel le lyrisme de la matièr a le plus profondément jailli d'elle. (Elie Faure). - J'avais la plus grande admiration pour Soutine. Je vis chez eux (les Castaing), ses meilleures oeuvres et plus je les vis, plus je me persuadai qu'il était un des seuls peintres sérieux de notre époqueet celui dont l'oeuvre supporterait le mieux la comparaison avec celle des maîtres de l'impressionnisme. Je trouvai dans ses toiles une distorsion involontaire, terrible, subie avec effroi et que tout son effort tentait d'assagir. (Et combien je préfère unhomme extrême qui se contient, se discipline, s'oblige courageusement vers les frontières des achèvements classiques, à celui qui se force à l'originalité et finit par cela même dans la mode); j'y voyais aussi un amour têtu, amer et mélancolique de l'homm, une compréhension pleine à la fois de tendresse et de violence de toute la nature : arbres, ciels, animaux, un grand sentiment de tragique, un sens exceptionnel des couleurs et le goût anxieux du vrai qui l'apparentait (d'un peu loin peut-être, mais quan même) à l'inégalable Rembrandt. (Maurice Sachs).

Bibliographie(s) : Maurice Tuchman, Esti Dunow et Klaus Perls, L'Œuvre raisonné, 2 vol. Taschen, 1993, Cologne; vol. 3 à paraître post 2007.