Fiche de présentation

LEMPICKA, Tamara de

née Tamara Gorska, le 16 mai 1898 à Varsovie, Pologne ; 1914, Beaux-arts de Saint-Pétersbourg ; 1916 épouse le comte Tadeusz de Lempicki ; 1917, émigre à Copenhague ; 1919, à Paris ; 1920, Académies Ranson*, chez Maurice Denis et de la Grande Chaumière*, chez André Lhote* ; 1928, divorce ; 1930, s'installe à Montparnasse* ; 1933, épouse le baron Raoul Kuffner ; 1935-1938, souffre de troubles mentaux et religieux ; 1939, se réfugie aux Etats-Unis, Hollywood puis New York ; voyage en Europe et en Amérique ; 1964, cesse de peindre ; 1978, se retire à Cuernavaca ; 1980, y meurt ; ses cendres sont dispersées sur le volcan Popocatepelt.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : Elle est la portraitiste Art déco* de la femme des années folles, Porttrait de femme,( ca.1924) ; cheveux à la garçonne ou en bouclettes stylisées, lèvres dont le vermeil cruel coupe les visages, seins en tête d'obus sous la robe, vêtements aux drapés baroques, plis cassés, robes et écharpes dans des envols à la Bernin ou à la Coysevox, coupé par le tranchant des arêtes,  prétexte au jeu des ombres dégradées de couleurs coruscantes, rouge, vert, bleu, sur fond gris métallique, La Madone monde (1935, Md'O), Le Turban gris (1945, Md'O).
Elle assume le maniérisme par l'afféterie des mains, poses apprêtées, aux yeux parfois révulsés The Green Veil (1924) ou Saint Moritz (1929, MBAOr), ce qui est la règle pour les sujets à connotation religieuse, comme elle l'est chez Ingres, La Communiante (1928, MNAM) ou Madone (1937, Md'O) ; par l'éclairage aussi des formes léchées des corps ingresques, d'après le cubisme*, nus imposants, Perspective (1923, PPG) ou Adam et Eve (1930).
Ses grands portraits mondains qu'ils soient de femmes, Madame Boucard (1931) ou d'hommes, Tadeusz de Lempicki (1928, MNAM), sont situés par un arrière plan de ville, New York, le plus souvent, rappelant la modernité naissante, grattes-ciel, torpédos rutilantes, My Portrait (1929), étraves de paquebots, téléphone The Telephone (1930). Plus rarement, elle est portraitiste d'hommes, (1925), ou de ses maris, comte Tadeusz Lempicki (1928, MAM), inachevé pour cause de divorce et baron Kuffner (1928, MNAM).
A plusieurs reprises, durant l'année 1927, Kizette, sa fille, dont Kizette au balcon, (MNAM), repliée dans l'espace de la toile. Dès 1923, son style est acquis The Seeping Girl (1923). Une toile, parce qu' inachevée, Danseuse russe (s.d.), rend compte de sa technique ; ébauches de touches rapides juxtaposées, circonscrites dans chacune des parties du portrait puis recouvertes de la couche définitive lissée. Auparavant, elle se cherche dans un Novecento* expressionniste*, Portrait d'un joueur de polo (1922) ou dans le cubisme synthétique*, The Kiss (1922), ou Rue dans la nuit (1923). Avec Le Chinois (1921, MBALH), dur, plein d'arêtes elle annonce le Portrait d'André Gide, (1925), qui entre, lui dans ce qui fait son style ; et aussi. Portrait d'homme, (1933).
De temps à autres, elle s'identifie avec le vérisme*, La Mère Supérieure (1935, MBANa) ou La Fuite (1940, MBANa). Atelier à la campagne (1941, MBANa), est un sujet inhabituel, léché comme à l'ordinaire. De 1940 à 1952, elle peint des bustes de femmes aux coiffures extravagantes, inspirées de la renaissance dans une tonalité qui inspire Leonor Fini*, La Mexicaine (1940 ou 1947, MBANa), Femme au chapeau (1952, MAMStE). De 1949 à 1954, c'est une suite de natures mortes, signées d'un papier en trompe l'œil, Fruits dans la coupe (1949, MBANa) à la manière hollandaise du XVIIe, ou Moulin à café (1954, MPSG).
De 1953 à 1957, elle peint non-figuratif, des formes métallisées, Abstract Composition (Musée Van den Abbeele, Bruxelles), Young Lady with Gloves (1930, MNAM), Composition abstraite, (1955), amas de bandes faisant croix au centre. Elle retrouve un style académique, Nu au livre, (ca.1958) ou le pastiche de la pré-Renaissance, La Sagesse, (1974).

Expositions : 1922, Salon d'Automne, Paris ; 1925, Bottega di Poesia, Milan (P) ; 1929, 1931, Colette Weil, Paris (P) ; 1939, Paul Reinhardt, New York (P) ; 1972, gal.du Luxemourg, Paris, (P).

Rétrospective : 1961, Ror-Volmar, Paris ; 2004, Royal Academy, Londres.

Bibliographie(s) : Alain Blondel, catalogue risonné 1921-1979, Acatos, Lausanne, 1999.