Fiche de présentation

VELICKOVIC, Vladimir

né le 11 août 1935 à Belgrade, Serbie ; 1960, diplômé de l'école d' architecture, Belgrade ; 1962-1963, travaille dans l'atelier d'État de Krsta Hegesudic, Zagreb ; 1966, s'installe à Paris ; 1969, naissance de Marko Velk*; 1983-2000, enseigne aux Beaux-arts de Paris ; 1984, élu à l'académie des sciences et des arts de Serbie ; 2005, à l'académie des Beaux-arts de France ; vit à Arcueil.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : Son nom suggère la vitesse, le mouvement, et c'est précisément ce qu'il a décidé d'illustrer. En toiles successives, comme des photos de film juxtaposées, ou en mouvements décomposés dans une seule toile, il restitue la dynamique qui préoccupait les futuristes*. Il est soucieux du matériau-vérité et c'est pourquoi le tableau s'efface devant le document brut : le fond est millimétré, les tâtonnements, les tracés d'approche du dessin central sont reproduits, comme les interventions manuscrites qui doivent permettre au tableau de naître, et jusqu'à l'échantillonnage des couleurs possibles qui fait tache sur la grisaille au sens technique du mot. On assiste à la construction d'un tableau qui refuse d'être statique, qui affirme sa destruction, et ainsi témoigne de la vie. Son monde se situe dans l'approche de la mort : les chiens qui courent sont squelettiques; la femme qui accouche, n'est-ce pas d'un enfant mort-né?; les trois souris de l'expérience agonisent clouées sur le tréteau; l'homme nu qui s'enfuit devant le bourreau, Exit, fig. IX (1980, FMSP). Cette référence devient plus explicite encore vers la fin des années 80, alors qu'il s'inspire de deux grands Britanniques : les crochets avec lesquels l'homme est agressé proviennent de la même fabrique que les formes cornues de Sutherland*, et le dos agité de l'être humain fuyant la torture est gommé d'un tremblement comme chez Bacon*. L'homme monte l'escalier ou la rampe, il franchit ce qui était la ligne d'arrivée de l'athlète et qui se trouve, maintenant, celle de non-retour, une béance dans un mur, mais il lui arrive d'être pris dans le supplice renouvelé de l'estrapade. Le rouge et le noir dominent, plus que jamais appropriés au temps des épreuves. Ses Intérieurs, de 1977 à 1986, 3 x 1,95 m, jouent sur l'ambiguïté de la cellule funèbre dont on voit le sol, les murs latéraux et celui du fond, vide, hormis un crochet, un cordon électrique, un trapèze, un noeud coulant ; tout cela pourrait, à la rigueur, être instrument sportif, mais on sait qu'ils sont engins de torture d'autant que l'éclairage est projeté de l'endroit où se trouve le spectateur et développe l'ombre des accessoires; le noir est rehaussé d'une touche rouge ou jaune. Le gibet apparaît sous forme d'os iliaque sur fémur, soutenu par un bois en fourche, servant de supplice à l'homme. 1992, année charnière marquée par l'éclatement de la Yougoslavie et les massacres qui s'ensuivent. Nombre de ses toiles ou de ses papiers sont simplement titrés 1992. Esplanade sans fin plantée de quatre gibets inclinés par la perspective, dans un très grand format, une première; le vide tragique ne fait appel ni à la forme torturée de l'instrument ni à l'humain supplicié, mais à la seule verticalité répétée dans l'immensité du vide, Montfaucon des temps modernes, animé par un feu dont les braises jettent leurs dernières lueurs. Le statique remplace le dynamique, on le retrouve provisoirement dans l'art concret*, avec  Sans titre, (1983), géométries dans l'espace  aux arêtes suggérant bardeau et obélisque ou  Sans titre, (1990, SG). Simultanément, il reprend le corps en Crucifixion, (1992-1998), ou en boule frontale se traînant au sol, (1992-1995) ou en supplicié, Blessure, (2001). Le peintre simplifie d'autant plus sa construction qu'il se limite à deux couleurs, le noir profond et le rouge, carmin de la braise et vermillon du sang, respectant le grain de la toile; le dessinateur complexifie les visages de tuméfactions, voire d'accumulations qui font penser au premier Dado*.
Il est aussi sculpteur, monumental et terrifiant. Dessinateur complexe de vivants décharnés dans une chute apocalyptique, Corps, (2005), ou de recomposition sur supports de papiers déchirés, une fois peints, voisinant avec des gravures récupérées de squelettes et des vanités, Karton, (2006).
On lui doit Remémoration de Mansour Hallay à St Patrick, (2006), lithographie. 

Expositions : 1963, musée d'Art moderne, Belgrade, (P) ; 1967, Dragon, Paris, (P) ; 1991, École des Beaux-arts, Paris ; 1992, Enrico Navarra, Paris, (P) ; 1998, villa Tamaris, La Seyne-sur-Mer, (P) ; 2011, Les Abattoirs, Toulouse, (P).

Rétrospective : 2012, Les Abattoirs, Toulouse.

Bibliographie(s) : Alain Jouffroy, Catalogue raisonné des dessins, 2 vol. 1957-1979 et 1980-1997, Acatos, Lausanne (1998).