Fiche de présentation

VAN DEN BERGHE, Frits

né le 3 avril 1883 à Gand, Flandre, Belgique ; 1897-1903, Beaux-Arts de Gand ; 1902, séjours réguliers et intermittents à Laethem-Saint-Martin*; 1908, enseigne aux Beaux-Arts de Gand; 1914-1922, séjourne par deux fois aux Pays-Bas ; 1917-1918, collaborateur du ministère des affaires culturelles de Bruxelles, sous juridiction allemande ; 1939, meurt le 23 septembre à Gand.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : Le postimpressionnisme* du débutant n'est pas seulement des gammes, mais des oeuvres accomplies, Autoportrait (1901) ou La Petite Ève (1905), qui anticipe de 20 ans les femmes à leur toilette de Bonnard*; en revanche, le Portrait de Stella Van de Wiele (1915, SMA) se situe dans la mouvance de Van Dongen*. Assez curieusement, ce qu'il peint lors de ses séjours à Laethem* n'a rien à voir avec le style ambiant et ce n'est qu'en 1916 qu'il reçoit la révélation de l'expressionnisme*, alors qu'il séjourne aux Pays-Bas depuis 1914. C'est d'abord l'expressionnisme allemand qui le marque, Le Peintre, (1916, CCB), contre-jour face à un soleil de tournoiements verts ; il s'est imprégné de Die Brücke*; Le Village, (1919) fait référence à Campendonck*, comme le fera Naissance, (1926-1927, KBâ). Ensuite, la proximité géographique de Gustave De Smet*, lui aussi séjournant aux Pays-Bas, emporte une proximité stylistique ; avec Les Exilés, (1919, coll. CCB), tout en bitume, les figures couleur muraille et l'éclaircie d'une vache dans une étable, il s'affirme alors expressionniste flamand. La prise de vue se fait en plongée, le ciel est absent, les personnages sont coupés à la serpe, les gestes sont figés à l'équerre, les habitats relèvent d'un cubisme* chamboulé, la palette est terrienne, sombre, et la disposition des plans successifs est fruste. Les Baigneurs, (1922-1923, MPSG), Portrait de Permeke,(1922, Mus. d'Ixelles), et surtout Dimanche, (1924, MRBABx), avec ses frères des écoles chrétiennes dans une perspective de guingois et des rapports d'échelle volontairement bafoués, illustrent bien la rusticité de cette peinture paysanne répudiant tout raffinement. Même s'il peint un couple en tenue de soirée, les héros ne peuvent renier leurs origines, ils sont fils de leurs oeuvres et gonflés de l'être, Double Portrait, (1924, Anvers). La première apparition d'un motif surréaliste* figure dans L'Éternel Vagabond, (1925, Kröller-Müller Mus., Otterlo) ; L'Idiot près de la rivière, (1926, MHKG) allie expressionnisme à thématique surréaliste. De 1924 à 1926 s'intecale la période des gouaches, crayons de couleur ou aquarelles elliptiques, proches d'un Esprit nouveau ou d'un Art déco* à la flamande, cycle de La Femme, (1924), de La Kermesse (1925-1926), et autres. En 1926, il annonce la couleur... i glisse plus franchement vers le surréalisme avec L'Homme géographique, frontal, massif, empli des figurines qui le hantent, ou avec Le Rêve, (1927, Mus. Dhondt-Dhaenens, Deurle). Enfin, avec L'Air, L'Eau, La Terre, (1928), il saute le pas, rompt avec son passé et atteint, pour dix ans, à l'universel, en créant un monde propre, grâce à une technique étroitement liée à une esthétique. Il maroufle des papiers ou des toiles enduites de résine et y cristallise les formes fantastiques et funèbres qui sortent de lui, qui existent virtuellement dans son subconscient et dont il accouche. Depuis toujours peintre de la figure humaine, il ne l'abandonne pas, mais la met en situation d'étrangeté. La texture du matériau, lui fait créer un monde lythique, fossilisé. Femme dans une grotte ou Homme dans la forêt, (1928) coincent la figure dans la nature sans différencier les plans. Matière déchiquetée, grattée, frottée, torturée; palette vert-de-gris ou rouille, touchée de blancs ondulés. Orbites creuses et allure sculpturale, masques ajoutent encore à l'angoisse diffuse. Si surréalisme il y a, il est à l'opposé de celui léché de Dalí* ou de Tanguy*. Fantastique existentiel plutôt, où l'inconscient déborde, donne lieu à un déversement d'images internes, et non à un rapprochement insolite d'images externes. Lorsqu'on voit un homme acéphale engloutir par un bras-orifice le bras de la femme, Le Domaine de l'amour (1929), c'est de l'imagerie mentale qui s'extériorise. Le trait mince, gracile, sert à délimiter et surtout à rider. Peinture de vieux, quel que soit l'âge des figures, d'usés, d'hypocondres pour lesquels le poids de la vie n'est supportable que par l'évasion mentale. La forêt calcinée d'Ernst* n'est pas loin de Christ dans le bois, (1927-1928, Mus. de Deinze) ; les formes déchiquetées apparaissent, Généalogie, (1929, Kunstmus., Bâle), et persistent, Chute des saints, (1933, MKHG). Les derniers portraits sont traversés d'un souffle ensorien*, Edouard Anseele, (1932). Portrait de l'artiste, (1933) illustre bien le propos. Chauve et sombre au centre de la toile, tous les fantasmes prennent corps autour de lui comme des flammeroles agressives et incontrolables. De même dans Autoportrait à la tête de mort, (1938), le peintre au visage aplati, déformé, à la bouche amère, tente d'exorciser de son pinceau la meute ricanante qui veut l'arracher à la pulsion de vie. La lévitation de Personnages flottants, (1932) est un essai désespéré pour échapper aux lourdeurs de l'existence; comme, à l'opposé, Les Compagnons, (1932) se résignent à leur désabusement. Exceptionnellement, il ne parle pas de lui, encore que dans ses bouquets de fleurs vénéneuses, de 1929 à 1931, se crypte parfois un visage inquiet, Fleurs sur la ville, (1929). À compter de 1932, taraudé par des besoins financiers, il ne peint presque plus et se consacre à l'estampe dans la ligne de ses cinq années glorieuses,  1934), ou à l'illustration, voire à la caricature politique, d'un intérêt plus limité.

Expositions : 1916, Heystee, Amsterdam, (G); 1924, Salle des Fêtes du Meir, Anvers, (G) ; 1926, Cercle des arts et lettres, (P) ; 1928, 1936, Alice Manteau, Paris, (P).

Rétrospective : 1931, Le Centaure, Bruxelles; 1940, Museum voor Schoone Kunst, Gand; 1952, Société royale des Beaux-Arts, Verviers; 1970, hôtel Charlier, Bruxelles; 1984, Museum voor Schoone Kunst, Gand; 1999, Museum voor Moderne Kunst, Ostende.