Fiche de présentation

UTRILLO, Maurice

né le 26 décembre 1883 à Paris, France ; fils de Suzanne Valadon*, peintre et modèle, et de père inconnu ; 1891, reconnaissance par Miquel Utrillo, peintre et amant de Suzanne Valadon ; 1896, commence à boire, à l'instar de sa mère, ne supportant pas son mariage avec Paul Moussis, avocat ; 1900, cure de désintoxication ; 1902, commence à dessiner sous la direction de sa mère et à recopier des cartes postales après les avoir mises, ainsi que la toile, au carreau ; 1909, vit avec sa mère devenue la maîtresse de son camarade André Utter*; 1912, séjourne à la maison de santé de Sannois ; 1914, sa mère épouse André Utter ; 1914-1916, internement à Villejuif, Aulay-sous-Bois, Sainte-Anne et Ivry ; 1916, est pris en mains par Zborowski*; 1923, vit avec sa mère et Utter dans le château de Saint-Bernard, Ain, acheté grâce à ses toiles ; 1935, épouse Lucie Valore, peintre, veuve du banquier belge Pauwels ; 1955, meurt le 5 novembre à Dax ; est enterré au cimetière de Montmartre.
signature : Maurice Utrillo V. (V, par attachement à sa mère).

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : À la jonction de l'art naïf* et de l'art classique, un autodidacte peint au rythme de ses besoins de boisson, " des cartes postales qui sont de l'art alors que des artistes peignent souvent des cartes postales " (Suzanne Valadon).
Au départ, c'est-à-dire de 1905 à 1910, il ne représente que des paysages frontaux : il ne connaît pas la perspective et ses règles; on appelle cette période " impressionniste " parce que l'on perçoit sa touche en virgule, réminiscence de la technique de certains impressionnistes ; en revanche la palette est sombre pour une construction uniforme ; cependant une vue plongeante Paysage de Montmagny, date de 1907., comme Toits à Montmartre,( 1907, MNAM). 
Ses plus grandes années vont de 1910 à 1916 ; elles sont appelées, à juste titre, " période blanche " parce qu'il use abondamment du blanc avec un bonheur constant dans ses variantes, allant même jusqu'à insérer de la craie à l'huile pour rendre un léger relief, Le Lapin agile, (1911). Une toile hors norme, Le Pot bleu, (1909), remplit tout l'espace. Il passe du plein air campagnard aux sites urbains. On avait déjà grâce à Grande Cathédrale, (1909, ORS), inachevé mais signé, une idée de la manière dont il maçonnait les couches successives de couleur et Cathédrale de Reims, (1910),  en épais vert-de-gris. Ces plâtres blancs savent vibrer en teintes subtiles et faire ressortir les autres à-plats, rectilignes, monotones ; dans ceux des murs de rues désertes, de châteaux inhabités, d'églises délaissées, apparaissent des dizaines d'yeux noirs rectangulaires; ce sont des fenêtres sans châssis ni vitres qui provoquent une angoisse métaphysique, Château de Pierrefonds, (1914, MAMVP) ou Le Couvent de Piedi Croce, (1914, An.). La perspective est dominée. Les vues dépeuplées. Parfois le sujet baigne dans le vide au point de laisser un sentiment de carence, La Chapelle de Roscoff, (1911, CAGM), ou La Maison rose, rue de l'Abreuvoir à Paris, (1912, KBe).
La renommée, les contrats, les commandes, les besoins d'argent lui ouvrent le chemin de la facilité. Le marchand Pétridès sait exploiter cette célébrité et les premiers faux apparaissent dès 1918. Il peint alors jusqu'à une toile par jour et la couleur fait perdre à son oeuvre le mystère de naguère, Moulin de la Galette, (1922, MBL).
Il est entré, depuis 1918 dans la " période colorée ". Ses paysages se peuplent de personnages maladroitement silhouettés, aux postérieurs protubérants et aux bras ballants. Quand il revient au blanc, le trait est tremblé, même si l'architecture générale de l'oeuvre n'a pas varié ; cette fois, la carte postale, tout en restant un Utrillo, se rapproche des naïfs*, mais par une sorte de dégénérescence, Saint-Pierre de Montmartre et le Sacré-Coeur, (1931, MAMVP). Lui qui avait " un développement mental pratiquement arrêté à l'âge de l'adolescence " (René Huyghe), tombe, vers la fin de sa vie, dans le mysticisme, sans que ses sujets en soient modifiés, parmi lesquels les églises ont toujours figuré.
Faux :
Les premiers apparaissent dès 1918. En 1982, le sieur Jean Fabris, légataire universel de la veuve d'Utrillo commence à contester des oeuvres mises en vente et certifiées par Paul Pétridès, auteur du catalogue raisonné ; tout en se défendant d'être expert lui-même, il donne son appréciation sur la qualité de telle toile ou sur l'authenticité de la signature. En 1989, il récidive, en s'appuyant sur un rapport des laboratoires scientifiques de la police judiciaire.

Expositions : 1909, Salon d'Automne, Paris.

Rétrospective : 1983, Musée Jacquemart-André, Paris ; 2009, Valadon-Utrillo, Pinacothèque, Paris.

Musées : Musée Maurice Utrillo, Sannois, Val-d'Oise.

Citation(s) : Il a dit ;
- Je vais élever des murs. Je vais faire le maçon, puis je ferai le charpentier, le couvreur ; c'est quand tout est bien en place, avec sa couleur générale, sa couleur de dessous que je finis avec les détails.