Fiche de présentation

SZENES, Arpad

né le 6 mai 1897 à Budapest, Hongrie ; 1914-1918, mobilisé aux armées ; 1918, académie libre de Budapest ; 1925, arrive à Paris ; 1928, académie de la Grande Chaumière*; il y rencontre Vieira da Silva* qu'il épouse ; 1930, devient apatride ; 1931, gravure avec Hayter*; 1935-1936, vit au Portugal ; 1940-1947, se réfugie au Brésil ; 1956, naturalisé français ; 198, grand prix national des arts et des lettres ; 1985, meurt le 16 janvier à Paris dans son atelier.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : À la source, ce sont des déformations ellipitiques de la réalité, Autoportrait à la pupille rouge (1924, fond.Szenes-Vieira da Silva) o Le Couple, (1931, ibid.), traits acerbes dans à-plats agencés. Entracte expressionniste*, Portrait de Vieira, (1930, ibid.), dramatiquement souligné, dans les visages, ou dans les perspectives, Marie-Hélène, (1940, ibid.) et enore Le Gardien, (1945). Ironie aussi, Autoportrait (1930, MNAM), tabouret et bout de miroir réfléchissant un détail d'image. Ici, c'est une sorte de surréalisme* qui enchaîne sur la période première, des formes allusives si on s'en réfèr au titre, Le Couple (1933, fond. Arpad Szenes-Vieira da Silva), qui renvoie à la toile précédente; puis des formes ondulantes alternant avec des traits à moyeu, Carrousel,(1936, ibid.); cette simplification le mène à une abstraction* surréalisante, aux confins de la non-figuration. De 1942 à 1952, les avant-plans sont importants, taillés en diamants, ou tissés en cannages de chaises; au-delà, le fond est découpé par cet avant-plan et se confond avec lui, sans solution de continuité, pourraboutir à de petites géométries, quand il ne s'agit pas simplement de fondre le sujet dans la géométrisation de l'environnement, Portrait de Vieira, (1947, MBADi) ou de le rendre non-figuratif, Marie-Hélène, (1948, FCG), Banquet bleu, (1954). Ces traits sont comme des écorchures, des coups de griffes, beiges et gris pâles, qui ne sont plus que l'absence d'une présence, Grand dialogue, (1956). De 1955 à 1961, il brosse de larges paysages aux arêtes suggestives, aux excoritions, Paysage, (1958, MNAM); il s'agit de montagne (1955), d'arbre, Caen, (1957), de fleuve et de guérets et d'andins, Labours, (1961), de vallée, (1958). Il les miniaturise en 1959, se rapprochant ainsi du style de sa femme ; ll s'agira alors de petites géométries accumulées.
De 1962 à sa mort, son oeuvre est un long fleuve tranquille dont le cours est modifié en douceur, par les affluents. Il peint de nombreuses toiles en hauteur, 150 x 50 cm, L'Étoile, (1962, FCG), Éclipse (1962, ibid), à l'italienne également, Saint Malo, (1962). Le pinceau s'est défait de ses épines, il n'est plus que fluidité fidèle aux gris bleus; il ne se départ de sa palette que brièvement, dans des formats classiques, avec une série consacrée à Persépolis, 1964), allumée des ocres rouges du désert ; il encadre l'espace linéaire, en enfermant l'horizontalité dans la verticalité, coupé de barres de couleurs en dégradé qui indiquent la fuite de l'horizon. C'est la mer, la grève, le large qu'ouvre une peinture liteuse totalement dépouillée, d'une douceur et d'un calme lumineux. Souvent titrées "Près de"..., Le Mont Saint-Michel (1975), la Mer (1980), ... des Dunes, (1981). Avec aussi Le Château, (1968), d'une figuration postcubiste de 220 x 35,5 cm.

Expositions : 1922, musée Ernst, Budapest (G); 1934, UP, Paris (G); 1939, 1985, Jeanne Bucher, Paris (P); 1946, Salle des architectes, Rio de Janeiro (P).

Rétrospective : 1970, Inspection des musées de province, France; 1974, musée d'Art modene de la ville, Paris; 1975, musée Fabre, Montpellier; 1977, Magyar Nemzetti, Budapest; 2000, Salle Saint-Jean, Paris.

Musées : Musée des Beaux-Arts de Dijon, une dizaine d'oeuvres de la donation Granville ; fondation Arpad Szenes-Vieira da Silva, Lisbonne.

Citation(s) : Il a dit : "-Quand je dis " avec mes cheveux blanchissants, les couleurs de mes tableaux pâlissent ", ce n'est pas une boutade. Je veux dire - et pour moi c'est le grand problème de la peinture telle que je la vis -, tout, liges, couleurs, espace, formes, rythmes, lumière, doit être organique. Comme les muscles, les veines, les organes, le sang, composent un être, les battements de son coeur sont la vie; il en est de même pour la peinture. Tout s'enchevêtre et se tient. On a di : -Émondante comme le regard, enclavée comme la respiration, disons de préférence, cette oeuvre de silence tournée vers la dépense et vers l'amour, ceinte de nos activités et de nos appétits [...] un faire interminable est là devant nous, rayonnant, il estvrai, de nos douleurs et de l'oubli reconduit de nos douleurs. (René Char). Une ligne de sable, un renflement de dune, un renflement de dune/ Une frange d'écume et de varechs, la mer... (François Mauriac).

Bibliographie(s) : Chiara Calzetta Jaeger, Catalogue raisonné des desins et des peintures, 2 vol. Skira, 2006.