Fiche de présentation

REIGL, Judit

née en 1923 à Kapuvàr, Hongrie ; 1941-1945, Beaux-Arts de Budapest ; 1950, arrive à Paris; est présentée à Breton* par Hantaï ; 1953-1955, participe au groupe surréaliste*; 1963, s'établit à Marcoussis, Essonne ; 1950, à Paris.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : De Autostop entre Ferrare et Ravenne, (1948), d'une facture précise avec des masques anthropomorphes en lévitation sur un désert, à Flambeau, nous changeons, (1954, MNAM), avec ses tournoiements de Luna-Park, marquée par le Matta* de la fin des années 40, elle s'inscrit dans un surréalisme* passant du visible imaginaire à l'invisible, mais en demeurant toujours dans le champ de l'inconscient pour des constructions jouant avec la symétrie organisée souvent autour d'un cercle lumineux et des biomorphes osseux; ceux-ci sont plus ou moins étirés, Ils ont soif insatiable de l'infini, (1950, MNAM), monstres regroupés en apesanteur. La non-figuration est traitée à base de ces biomorphes irisés, (1953-1954).
Ses recherches la mènent dans de nombreuses directions explorées par séries. La bataille avec la toile commence par l'agression de celle-ci sur laquelle elle jette de l'huile (après avoir préservé certains espaces par des caches) et, la mettant tête en bas, la laisse couler, puis défait systématiquement avec une tringle de rideau recourbée, toute trace d'image éventuelle : c'est, en 1955-1956, la période des Éclatements. De 1958 à 1964, les toiles posées pour protéger le sol de son atelier se couvrent de bavures; elle les reprend et les exploite - ce sont les Guano -, dans une recherche de matière, Sans titre, (1959-1964, MNAM), en forme de portique funèbre qui semble ne rien devoir au hasard. En 1965 et 1966, elle poursuit la non-figuration* dans l'informalité ; c'est Apesanteur, avec sur un fond bleu-nuit, une couche de noir, déchirée pour laisser une forme ovoïde ; blessée au coude, en mouvant le seul poignet de petits formats 21 x 27 cm, Ecriture d'après musique, (1965-1966)., transcription de ce qu'elle écoute.
Lorsque l'être humain paraît - de 1966 à 1977 et de 1988 à 2006 -, Hommes, elle réintroduit la notion de figure, simple silhouette hébétée, perdue dans le désert de la toile, ou allusion d'un squelette de thorax, en noir sur vieux risose, (1967, MNAM).  Nue, réduite à une silhouette raide grandeur nature, sombre - bleu, vert, noir - sur fond clair, les bas ballants dans un questionnement existentiel ; elle danse, tombe, git ou vole, avec des allusions de décor.
De 1972 à 1985, elle imbibe d'huile ses toiles tant au recto qu'au verso de sorte que des taches apparaissent en transparence au lieu de la plus forte imprégnation et font contrepoint avec les traînées de plus faible épaisseur, évoquant chute ou marche, Déroulement, (1976, MNAM) avec sa ligne d'horizon séparant la nuit d'une eau glauque dans laquelle se reflètent les taches d'une armée à la queue, telle La Cavalerie rouge au galop de Malevitch*, datée de 1918-1930, ou le graphisme d'une écriture blanche. De 1986 à 1988, ce sont Entrée-sortie, de grandes toiles non-figuratives, ou abstraites, dans lesquelles une béance noire - une porte - s'ouvre dans un mur uniformément ligné verticalement, inquiétante entrée de tombeau.  Même esprit que les Opens, de 1967, de Motherwell*. Elle reprend la figure humaine, la limite à une ombre en équilibre instable ou en envol, Corps sans prix, (2000). Au fusain, en 2006, elle développe des académies frontales, assises, acéphales et fouillées. Les Oiseaux, (2011-2012), long rouleau d'envol obtenu en trempant une éponge dans de l'encre.

Expositions : 1954, Étoile scellée, Paris ; 1992, 2012, gal. de France, Paris, (P).

Rétrospective : 1992, Musée de Brou ; 2010, Musée des Beaux-arts, Nantes.

Musées : Musée national d'art moderne, Paris.

Citation(s) : On a dit : " Violence typique, digne de Lautréamont " (André Breton).