Fiche de présentation

PASCIN, Julius ( Julius Mordecaï Pincas, dit )
né le 31 mars 1885 à Vidin, Bulgarie ; 1895-1901, études secondaires à Vienne ; 1901, revient à Bucarest et devient l'intime d'une célèbre courtisane ; 1902-1905, séjourne à Budapest, Vienne, Munich, Berlin ; y étudie dans plusieurs académies et pratique le dessin humoristique ; 1905, change de nom sous la pression de sa famille qui désapprouve sa conduite; arrive à Pris où il fréquente à Montmartre* et Montparnasse*, le groupe qui deviendra " de l'école de Paris "; 1906, rencontre Hermine David*; 1911, participe à la Sécession*; 1913, participe à l'Armory Show*; rencontre Lucy Vidil qui deviendra par son mariage Lucy Krohg*; 1914, gagne les États-Unis; 1920, naturalisé américain ; épouse Hermine David ; revient à Paris et y retrouve Lugy Krohg, avec qui il se lie définitivement ; il ne cesse de voyager tout en menant une vie de fêtard ; 1930, se suicide le 2 juin à Paris, le jour même du vernissage de son exposition et toutes les galeries baissent leur rideau en signe de deuil ; est inhumé au cimetière de Saint-Ouen; 2007, l'oeuvre sur papier est dispersé par Me Millon à Paris.
Type(s) : Artiste
Technique(s) :
Peintre
Présentation : Ses débuts ont lieu dans une revue satirique allemande, à laquelle il donne des aquarelles crues voire érotiques, (1903-1910), et ses toiles commencent à se situer dans la filiation déjà de Toulouse-Lautrec, même si le trait est moins rapide, plus sec, plus elliptique, plus allusif, indiquant des zônes tamponnées des variantes de marrons, la mise en page est moins surprenante, mais, comme lui, il faisande les corps de femmes et cherche l'inspiration chez les prostituées. Le "nabisme" est assimilé, Jeune fille au ruban bleu, (ca.1904), comme le futurisme*, Au bar du bal Tabarin, (1913), l'expressionnisme* épais de l'école* de Paris, Bord de mer, (1910), ou Hermine David s'habillant, Homme et femme, (1915-1916), ainsi que le cubisme* analytique, (1915).
Vers la fin des années 10, en 1918 probablement, il asseoit le style auquel il est identifié. Le sujet de prédilection, sinon exclusif, ce sont les filles des bordels, opulentes, souvent très jeunes, méphitiques mais non perverses, La Mandita, (1929, MAMVP) ou Jeune fille assise aux fleurs, Zinah, (1929, MAMVP). L'apport massif de térébenthine, amorcé dès 1912, dilue les couleurs; les toiles ont des solutions de continuité, des inachèvements qui jouent de la couleur d'origine de la toile et mettent en vedette la partie accomplie ; la construction en plongée ou en contre-plongée, les nus vus de face en raccourci, les corps gonflés ou déhanchés sont dessinés d'un trait qu'il conserve délibérément et apparaît, avec ses repentirs, sous la mince couche d'huiles brouillées de sables, ocres, et terres de Sienne, touchés de bleus et de vieux roses, marqués, çà et là de blancs; les tons soutenus sont étouffés, Le Déjeuner, (1923, MAMC, Liège). La pâte est légère, diaphane, nacrée, appliquée en nuages, diluée au point de faire croire à l'aquarelle. Les dernières toiles de 1930 sont cotonneuses, la touche n'est plus perceptible, muée en nuée vaporisée qui module les corps. Il rejoint une technique amorcée dans Le Modèle, (1912, MPSG) et dans Jeune femme blonde, (1918, ibid.), pour saisir les femmes en chemise courte embrumées encore de sommeil.
De 1917 à 1924, il donne des paysages de Cuba ou de Tunisie. Jusqu'en 1921, et son retour en Europe, il peint peu de toiles mais dessine, grave, illustre et donne des aquarelles. Peintre de chevalet mais aussi de grandes toiles, L'Enfant prodigue, (1922) ou Lazare et le mauvais riche,(1923-1925), 244 x 350 cm, il lui faudrait peu pour accéder au vérisme* d'un Grosz*, voire d'un Dix*, mais il hésite au seuil des violences; quoiqu'il en ait les pulsions ataviques, ce septentrional s'est latinisé et a trouvé le sens de la mesure, encore que Hammam-Life, Tunisie, (1924), 230 x 302 cm. soit de pâtes solides et sombres. Lorsqu'il est -rarement - portraitiste, il est incisif, saisissant l'âme même du sujet, Flechteim en toréador, (1927, MNAM).
De 1916 à 1918, il ne cesse de peindre Hermine David, (MNAM).
En 1925-1930, il peint sur fond noir, comme en négatif, Temple of Beauty, (1929, MNAM). En 1927 et 1928, il agence des figurines gravées au pinceau fin en ensembles satiriques.
Expositions : 1908, Salon d'Automne, Paris ; 1912, Armory Show, New York : 1930, Knoedler, New York, et Petit, Paris, (P).
Rétrospective : 1969, Maison de l'art, Munich ; 1982, Hôtel de ville de Paris ; 2007, Musée Maillol, Paris.
Musées : Musée d'Art moderne de la ville, Paris, avec les donations de la veuve, Hermine David, et de la maîtresse, Lucy Krohg ; Musée de Grenoble, Musée national d'art moderne, Pari, 12 oeuvres, 1907-1929).
Citation(s) : On a dit :
- Pascin était un très bon peintre et il était ivre constamment, délibérément, ivre et à bon escient (....) avec son chapeau sur la nuque, il ressemblait à un personnage de Broadway, vers la fin du siècle. (Hemingway, 1925)
- Regardé de mauvaises peintures de Pascin. Ses femmes donnent l'impression d'avoir été gonflées d'air par l'orteil. Elles ne pourraient se tenir debout, aussi les étale-t-il sur le dos ou sur le flanc. (Julien Green, 1931).
Bibliographie(s) : Rosemarie Napolitano, Catalogue raisonné, 5.vol. Abel Rambert, Paris, 1985-2005.