Fiche de présentation

MESSAGIER, Jean

né le 13 juillet 1920 à Paris, France ; 1940, premières aquarelles ; 1942, Arts décoratifs de Paris ; 1944, épouse Marcelle Baumann, céramiste ; 1949, naissance de Mathieu Messagier* ; 1951, naissance de Simon Messagier* ; vit à Colombier-Fontaine, dans le Doubs ; 1999, meurt le 10 septembre à Montbéliard d'une crise cardiaque.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : L'écriture révèle l'homme. La signature en fait autant. Jusqu'en 1957, il signe en capitales rigoureuses. Il multiplie les dessins, les interprétations des maîtres, de Fragonard à Goya, des crayons de couleur de femmes élongées, très Belle Époque; nous sommes en 1942. Les Mouettes du Havre, (1947) sont de facture expressionniste*. La même année, la figure disparaît progressivement au profit des masses de couleurs tassées qui se réfèrent encore, de loin, à la réalité, Jeunes Filles dans la vallée, (1949). Il se cherche dans une figuration allusive, Haute Promenade, (1954, MBADi). Simultanément, depuis 1945, il se dirige vers l'abstraction*, en rondeurs pleines et en vides. Sa terre l'inspire, Grande Vallée, (1949), il suggère ses villages, ses cours d'eau, ses toits, en toiles allongées, dans lesquelles les couleurs de la nature s'étendent entre des solutions de continuité. En 1955, la manière se modifie et tend vers la monumentalité américaine, celle de Rothko* particulièrement. La palette reste économe et joue sur une couleur majeure détachant des vastes géométries rectangulaires articulées par des charnières de vide, sur fond d'une autre couleur nacrée. En 1957, la signature à laquelle il ajoute des titres fantaisistes, est en anglaises et commence à se lover sur elle-même, durant qu'apparaît a sinuosité et avec elle la vocation à l'abstraction lyrique. Sa brosse entre en transe, et la fantaisie se saisit des titres, gravés à même l'huile, d'une écriture baroque comme le graphisme de la toile. Issu de Franche-Comté, il n'oublie pas que cette région est la plus humide, donc la plus verte de France; il craint que l'industrie désastreuse ne vienne la ruiner et il peint dans de grands gestes pour défendre l'écologie. Son chant de la nature avec ses ruisseaux, ses collines, ses arbres verts, est troublé par la montée de la pollution : la rivière est envahie par les boues, les arbres sont ligotés; parfois même le message se fait explicite : Une certaine idée de printemps, pour une toile verte ou Les paupières fermées le 27 juin 1972, devant 22 000 sauterelles, 75 000 moucherons, 12 truites, 14 grives, 600 croissances d'aubépine, 1 200 chanterelles, 14 000 pucerons et 26 paysages incassables,. Le graphisme prend la forme d'un chou, (1970), de radis géant, (1990), de cheveux tressés, de maelström charriant des boues, de rubans de laves repliés sur eux-mêmes, de fusées, Promenade de Watteau et de Fragonard, (1990), de portiques instables, Portique de juin, (1983) et exceptionnellement d'objet, La Vallée , (1987, avec sa voiture de course couleur Ferrari, devenue malléable. Ses couleurs rarement pures, se mêlent le plus souvent pour se conférer des tonalités de fond d'automne quand la moisissure prend le pas sur l'or. Il use avec constance, véhémence et rapidité d'une brosse de la même largeur, et les teintes retenues, plus que le trait, répondent au titre de l'oeuvre, comme cette Fête des anguilles, (1994), tournoiements verts. A compter de 1970, il lui arrive de parsemer des paillettes sur la toile. Simultanément, t dans le même style en gerbe, il peint des portraits figuratifs de Mallarmé, (1962), d'Angela Davis, (1973), de M. et Mme Granville, (1973, MBADi), de Joyce, (1975), de Rimbaud, (1976), de Jack London, (1989). Il y a aussi cette toile, rare par son sujet, Chambre n° 234 de R. Roussel et Charlotte Dufrêne au Grand Hôtel et des Palmes à Palerme, (1979), où, au travers de l'interprétation d'une façade, on retrouve le même style. De 1964 à 1993, il se fait périodiquement, animalier. Le plus souvent son bestiaire prend le parti d'une planche zoologique, où l'on retrouve, en dimensions contenues, son graphisme en volutes. Parfois l'animal n'est que l'appendice ou la résultante de son lyrisme usuel. À compter de 1977, il adopte la bombe acrylique; la courbe chromatique tend vers la stridence et se met, au motif de la fête à multiplier les gags, Donald'shardcore, (1977), Cézanne devant les grands marsipulamis, (1977) sont toujours peints en ondulations de la même largeur mais le clin d'oeil au pop* de la bande dessinée, aux grands maîtres, Miró*, Picasso*, est accompagné de titres bouffons, Picasso aurait dû peindre des radis et des oeufs au plat, (1977). Les oeufs au plat, les rais, les choux deviennent une obsession et sont peints dans la frénésie sans que se retrouve la cohérence de sa période précédente. Picasso aurait dû pêcher à Antibes avec les marsipulamis et Betty Boots, (1982, MPA). Il jette quelques paillettes dans La Plaine de San Isidio, encadrement peint en roses violacés avec l'allusion de bâtisses au loin, ou dans Le Chien de Goya, (ca.1989), petite boule noire affrontant la houle. Il se fait l'acteur d'un happening* perpétuel qu'il traduit sur toile mais aussi dans des environnements*. À 70 ans, en 1989, il est revenu au classicisme baroque des immenses vagues d'acrylique, non-figuratives*, tracées à la brosse de largeur toujours identique qui marque son style, mais le lyrisme vertical es pur, il n'a plus ses ondulations pseudo-écologiques, et de la réalité ne subsiste discrètement que des figures gravées à l'ente et presque imperceptibles, Les Grands Grillons, (1990).

Expositions : 1941, Salon des Moins de trente ans, Paris ; 1945, à Montbliard, et Arc-en-ciel, Paris, (P) ; 1961, Benador, Genève ; 1994, 2009, Larock-Granoff, Paris, (P).

Rétrospective : 1981, Grand Palais, Paris ; 1991, Frank Pagès, Baden-Baden.