Fiche de présentation

LAURENCIN, Marie

née le 31 octobre 1883 à Paris, France ; 1901-1903, suit des cours du soir de dessin ; 1904, fréquente à l'académie Humbert ; 1907, devient la maîtresse d'Apollinaire ; se lie avec les artistes du Bateau-Lavoir*; 1908-1914, se trouve associée aux manifestations cubistes*; 1913, sept toiles à l'Armory Show* de New York ; expose aussi au Valet de carreau à Moscou et au Sturm*; 1914, épouse le peintre Otto von Wätjen*; 1914-1919, devenue allemande par mariage, doit s'exiler en Espagne ; 1921, divorce ; 1925, engage Suzanne Moreau comme bonne à tout faire 1932-1935, enseigne à l'académie du XVIe; 1945, se tourne de plus en plus vers la religion; 1954, adopte Suzanne  et en fait sa légataire universelle ; 1956, meurt le 8 juin à Paris d'une crise cardiaque ;  est enterrée au Père-Lachaise, en robe blanche, une rose à la main et les lettres d'Apollinaire sur sa poitrine ; 1979-1980, ses collections sont dispersées par Mes Ader-Picard-Tajan, à Paris.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : L'Autoportrait, (1904, Mus. Marie-Laurencin, Japon ou MML, et 1905, MPSG), dans sa palette rouille, la place d'emblée dans le monde du symbolisme d'Henner ou de Carrière, voire plus en deçà avec des restes de naturalisme, Portrait de sa mère, (1904) Une petite incursion légèrement fauve dans le hiératisme frontal de Pauline Laurencin, (1906, Ashmolean, Oxford). Mais l'air du temps est cubiste et elle en reçoit des effluves : ses gravures de 1904-1908 et les visages de ses portraits, avec leur décoration Art nouveau* qui joue comme un contrepoint souple à la rigidité des masques, Artémis, (1908, ERM).
Le véritable début de son style, on le trouve dans Apollinaire et ses amis, (1908, Balt, et 1909, MNAM). Les visages sont encore raides et massifs, mais les courbes émollientes vont mener aux évanescences des années suivantes, fondues dans des palettes douces à s'en émouvoir, et d'abord ce gris perle de La Songeuse, (1911, MPP). Elle a regardé Picasso* et Léger*, elle anticipe le trait en orbe de Matisse*, Corbeille de fruits, (1907-1908, MML), La Famille du poète, (1909, ibid.) ou L'Éventail, (1911, ibid.). Son cubisme, si cubisme il y a, se remarque à la touche cézannienne de ses très rares paysages (1912 ou 1940) qui contraste avec le flou tamponné qu'elle adopte vers 1915 et qui participe à la langueur de ses personnages féminins, L'Écharpe rose, (1913, MRBABx). Elle s'inscrit dans la succession, quatre cents ans après, de l'école de Fontainebleau. À la langueur de ses portraits de femmes concourt aussi sa palette de quatre couleurs, roses fondants, gris perle, verts printaniers, bleus d'azur, les yeux sont noirs, en amande, le nez à peine esquissé, la bouche ferme et ermée, le teint chlorotique. Elle crée, avec son visage transformé par le pinceau, un archétype féminin dont elle dote tous ses modèles, Autoportrait au chapeau, (1927, MML), isolés, à deux, plus rarement en groupe. Plan unique, sauf épisodiquement, comme dans Femmes dans la forêt, (1920, Ham.), où apparaît la perspective, réduction des décors de ballets que Diaghilev fut, en 1923, le premier à lui commander. Son bestiaire sert d'accompagnement et ses animaux sont esquissés comme des attributs des portraits ou comme partie prenante de la composition, Les Biches, (1923, ORP). Elle est la portraitiste mondaine mais sans concession et la créatrice des fêtes galantes d'un embarquement pour Lesbos. À la fin des années 30, elle accepte le jaune et le vert. Jaune du Portrait de Mme Andrée Groult, (1937, MML), vert de Catherine Gide, (1946, ibid). Elle reprend le trait d'autrefois, plus discret, ses couleurs se font plus vives et le fondu enchaîné moins accusé. Un jour, ele s'est faufilée dans le domaine mystérieux d'Augustin Meaulnes et elle ne l'a plus quitté. Contemporaine des années folles, du cubisme, de l'Art déco*, elle se rattache bien plus à l'Art nouveau.

Expositions : 1912, Barbazanges, Paris.

Rétrospective : 1957, Kunsthalle, Düsseldorf ; 1993, Fondation Pierre Gianadda, Martigny ; 2013, Musée Marmottan, Paris.

Musées : Musée Marie-Laurencin, Tateshina, préfecture de Nagano-Ken, Japon, ouvert en 1983 par Masahiro Takano ; il compte 888 numéros, dont 88 huiles de toutes époques.

Citation(s) : Elle a dit :
-  Je n'aimais pas toutes les couleurs. Alors, pourquoi se servir de celles que je n'aimais pas? Résolument, je les ai mises de côté. Ainsi, je n'employais que le bleu, le rose, le vert, le blanc, le noir. En vieillissant, j'ai admis le jaune et le rouge.
On a dit : "
- L'art féminin, l'art de Mlle Lurencin, tend à devenir une pure arabesque humanisée par l'observation attentive de la nature et qui, étant expressive, s'éloigne de la simple décoration tout en demeurant aussi agréable " (Guillaume Apollinaire).
-  Elle avait un visage aux couleurs de la France " (Jean Cocteau).
-  Ils évoquent le souvenir lointain d'un conte de fées légèrement immoral. Ils suggèrent le rêve d'une débauche à la mode qu'une jeune fille n'ayant jamais quitté son couvent pourrait faire. (Somerset Maugham).

Bibliographie(s) : Daniel Marchesseau,  Catalogue raisonné, vol. 1, 1986, vol. 2, 1998, éd. musée Marie-Laurencin, Japon.