Fiche de présentation

LACASSE, Joseph

né le 5 août 1894 à Tournai, Wallonie, Belgique ; 1905, apprenti peintre en bâtiment et ouvrier carrier, il continue, jusqu'en 1925, à pratiquer divers métiers, avec une interruption due à sa mobilisation ; 1906-1920, Académie des beaux-arts de Tournai ; 1909, commence à peindre des cailloux qui donnent des toiles abstraites*; 1920, Académie des beaux-arts de Bruxelles;  1925, arrive à Paris ; 1937-1939, crée la galerie L'Équipe et une revue du même nom ; 1940-1945, rejoint en Grande-Bretagne les forces françaises libres ; 1943-1945, enseigne la sculpture et la céramique à Stroke-on-Trent ;1947, naturalisé français ; 1975, meurt le 26 octobre à Paris ; enterré à Tournai.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : Pour peindre dès 1909 comme Odilon Redon, dès 1911 comme à Laethem-Saint-Martin*, dès 1913 comme Lyonel Feininger*, dès 1918 comme Vlaminck*, dès 1922 comme les Delaunay*, dès 1923 comme les nabis et dès 1926 comme Herbin*, il suffit d'être un peu attentif et de disposer de quelque talent. Mais peindre de 1909 à 1914 cubiste-sans-le-savoir, peindre en 1910 (un peu) comme Lam* qui a 8 ans, Les Oiseaux, (1910, MRBABx), et (beaucoup) comme Poliakoff* qui a 4 ans, et continuer dans cette veine jusqu'en 1940, date à laquelle Poliakoff s'inspire de lui et rend célèbre sa trouvaille, c'est être précurseur. De même lorsqu'il anticipe Gleizes* en mariant, de 1918 à 194, la courbe et le raide. D'aucuns affirment cependant que ses toiles de 1910 sont d'après Poliakoff et seraient antidatées (Serge le Bailly de Tilleghem, dans la Revue des archéologues et historiens d'art de Louvain, 1985). Ce qui paraît indiscuté, c'est qu'il peint " abstrait " par la représentation des cailloux et des pierres qu'il travaille, en 1910, lorsqu'il a 16 ans, alors que cette même année Kandinsky* " invente " la première aquarelle non-figurative*, à 44 ans. Ce fait suffit à le classer comme éclaireur, génial et méconnu. Cette ignorance provient sans doute de ce qu'il privilégie assez malencontreusement son talent académique, (1911-1913) et celui d'imitateur plutôt que de creuser son art de novateur. C'est ainsi qu'il produit aussi bien des pastiches de nombreux peintres, voir, par exemple, le cubisme* synthétique du Fumeur de pipe, (1913-1914), des chromos douteux, Le Christ à la colonne, (1916), que ces toiles étonnantes aux facettes de cailloux qui ont influencé Poliakoff, Caillou, étude n° 7, (1912, Paribas, Belgique). Lorsque, après cinq ans de silence durant la guerre à Londres, il repart à zéro, en 1924, c'est dans la voie de la seule non-figuration*, renouant avec ses tout débuts. Les emboîtements de géométries, aiguës, régulières ou non, alternent avec le cercle. Il y a les nocturnes et il y a les diurnes, Magic Robert n° 1, (Paribas Bruxelles), il y a les abysses sombres comme la nuit et les incendies de soleils incandescents. De la structure des formes sourd la lumière, ou de la chaleur des huiles profondes, quelque peu orphiques*.
En 1929, il peint des fresques dans l'église Saint-Dominique de Juvisy-sur-Orge, (Essonne) qui sont presque immédiatement badigeonnées par l'évêque, aussitôt assigné en justice par l'artiste;  le procès civil est gagné par l'évêché, désapprouvé ensuite par Rome, mais les fresques sont perdues et l'artiste ruiné en frais judiciaires. Le reproche concerne, non le style -naturaliste-expressionnisant -, mais l'allégorie et la rédemption ouvriériste.
De 1935 à 1958, il réalise des collages de papiers déchirés, subtilement allusifs. Un triptyque de 4 m. de long, à dominante rouge, mêle les formes souple et les formes aigues dans une tendance orphique*, Rayonnement, (1960-1970, MRBABx).

Expositions : 1914, gal. de la Reine, Bruxelles ; 1929, Salon de la marquise Desroy, Paris.

Rétrospective : 1968, Musées des Beaux-Arts, Mons et Liège ; 1970, Halle aux draps, Tournai ; 1971, Drian, Londres ; 1974, World Trend Center, Bruxelles ; 1977, Musée de l'État, Luxembourg ; 1995, Les Cordeliers, Paris.

Lieux publics : 1961, Fresque, hôtel de ville de Tournai ; 1963, Mosaïques, hôpital de Fribourg-en-Brisgau ; 1971, Mosaïque, université de Clermont-Ferrand ; 1974, fresques, Banque de Paris et des Pays-Bas, Tournai ; 1975, Mosaïques, International Trade Center, Bruxelles.