Fiche de présentation

GRUBER, Francis

né le 15 mars 1912 à Nancy, Meurthe-et-Moselle, France, fils du peintre-verrier Jacques Gruber (1870-1936) ; 1916, la famille s'établit à Montparnasse*; 1929-1932, académie Scandinave chez Othon Friesz*; 1941, co-fonde le Front national des arts, ultérieurement Union des arts plastiques, défendant la figuration au temps de l'abstraction dominante ; 1942-1944, enseigne à l'académie Ranson*; 1946, adhère au parti communiste ; 1948, meurt de tuberculose, le 1er décembre à Paris ; est enterré Thomery, Seine-et-Marne.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : Dans les pas de son père, avec Crucifixion, (1932, MNAM), peinture sur verre dans laquelle il insiste sur les barlotières. Puis, il est sans doute le chaînon manquant entre Toulouse-Lautrec et Bernard Buffet*. Comme chacun d'eux à son époque, peintre de figures et de paysage, il jette sur la vie le regard sélectif de la misère, évitant tout manièrisme.  De 1933  des femmes avachies, aux jupes trop courtes montrant les genoux, le caraco échancré sur une poitrine abondante et molle, Mia, (1933, MAMStE), L'Annonce de l'hiver, (1935, MBAOr), Portrait de femme dans l'atelier; (1940). En 1936, ses personnages sont devenus décharnés, aux membres grêles ; à la tristesse de la condition humaine, s'est ajoutée sa pauvreté;  le décor est nu, presque sordide : une canbane en ruines, un cheval éflanqué, des vêtements élimés, Hommage à Rimbaud, (1942) ; un fauteuil Louis-Philippe, un raide tablier de cheminée. Ses nus sont décharnés, Nu au tricot rouge, (1944, MAMVP), plusieurs versions, ou Nu aux fleurs, (1948). Il en va de même s'il s'agit de portraits " bourgeois ", Portrait de Lydie Bazaine, (1943). Quant aux Autoportrait, 1935, 1942, musée de Nancy, ils marquent le passage du bouffi à l'ascétique. De 1938 à 1946, il s'adonne à des compositions plus symbolisantes que surréalisantes* : des éléments de constructions, linteau sans murs et porte entrouverte, avec un personnage dans un espace encombré d'animaux un peu fantastiques, de végétaux, d'objets allégoriques. En 1937, Les Malheurs de l'amour, empruntent au surréalisme*. Il regarde vers Giacometti*, qui dès 1935 avait trouvé son style propre, pour le trait, vers Balthus* pour la construction ou la pose des figures,  le marque.  Ses paysages traités du même pinceau-burin, sont vides de toute présence humaine et cette absence est leur manière d'être désolés, nourris, Paysage au chardon jaune, (1938) ou grêle, Paysage de printemps, (1948, MAMVP).  On retient surtout ses ateliers vides et ses intérieurs dépouillés, où attend un être marqué du désespoir de l'heure qui ne passe pas, Job, (1944, Tate) ou Femme sur un canapé, (1945, MNAM). Lorsqu'à la fin de sa vie il campe des personnages, debout dans une verdure tendre et un ciel délavé, les cheveux enlacés de fleurs, ce bonheur des temps nouveaux est artificiel et jure avec son ascétisme maigrelet sur lequel plane une odeur de mort.

Expositions : 1930, Salon des Tuileries, Paris ; Poirel, Nancy, (G) ; 1933, Druet, Paris, (G) ; 1934, 1935, Académie Ranson, (P) ; 1935, Bo's Udstillungssal, Copenhague, (G) ; 1944, 1946, Roux-Hentschel, Paris, (P) ; 2009, Musée des Beaux-arts, Nancy, (P).

Rétrospective : 1950, Musée national d'art moderne, Paris ; 1976, Kunsthalle, Berne et musée d'Art moderne de la ville, Paris ; 1988, Patrice Trigano, Paris.

Lieux publics : 1931, Carte du monde et Carte de la France maritime, Ministère de la Marine-Fontenoy

Citation(s) : Il a dit ;
- Je suis le dernier peintre allemand de la Renaissance.
On a dit :
- Il fut l'un des plus grands peintres de ce temps, quand toute valeur était si confuse et tout jugement obscurci , et la réalité pour lui comme une petite fille maigre et nue dans les bois (....) avec les futaies défeuillées tout autour, la couleur impalpable du ciel et de l'hiver, cette humidité de la terre, la lumière divisée par les branches noires , les brindilles, brusquement je me suis trouvé en plein dans un tableau de Francis Gruber. (Aragon, L'Enterrement à Thomery).
- Et dans les bois mouillés, Gruber s'éteint comme un feu d'herbe. (Paul Klee).