Fiche de présentation

BIOULÈS, Vincent

né le 5 mars 1938 à Montpellier, Hérault, France ; Beaux-Arts de Montpellier et licence en lettres ; 1967, enseigne aux Beaux-Arts d'Aix ; 1968, cofondateur de Support-Surface* et inventeur du mot ; 1972, démissionne de Support-Surface; 1991, enseigne aux Beaux-Arts de Paris ; vit à Montpellier.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : Sa peinture révèle les influences des maîtres, particulièrement sensibles dans sa période initiale : Braque*, pour Dans mon bureau, (1965) Matisse*, pour Le Marronnier en fleurs, (1965-1968). Il entame une lente conquête du dépouillement avec, de 1965 à 1967, une série de formes biomorphes, Volley Ball, (1966), travail de coloriste, glissant vers l'abstraction*, la non-figuration*. Quant à La Persienne à Saint-Tropez, (1965), c'est à la fois le pastiche de Fenêtre à Collioure, de Matisse* en 1914, (révélé pour la première fois en 1966 aux États-Unis et en 1970 en France, et qui anticipe Newman*) et d'autre pat une toile déterminante, tant, dans l'avenir, le thème de la fenêtre lui sera important, Grand Espace rose, (1968, Fabre). Il dénonce les circuits de l'art et investit des lieux publics. Influencé par l'art américain, il montre, à Montpellier, Six Portes isoplanes, (1969), reliées deux par deux par des charnières de piano, laquées, ou des baguettes multicolores posées à même les murs de Coaraze, (1970), ce qui l'engage dans Support/Surface : plus de trace de pinceau, de la couleur industrielle et l'inspiration de Kelly*, de Stella*, de Newman*, Sans titre, (1970, Sd'O).
Après avoir été l'un des théoriciens et praticiens du dépouillement radical d'une peinture brute et nue, pensant ainsi rompre avec toute parole, fût-elle non-figurative*, il revient, dès 1972, à la forme de l'image, tout en poursuivant une oeuvre non-figurative* dans laquelle l'aléatoire du pinceau ou de la brosse est réintroduit, qui fait la jonction avec les premières toiles à nouveau figuratives : Sans titre, 1973) et Été, (1976), avec les mêmes traces de pinceau dans le même marron dominant. Cette toile ouvre la série des Fontaines, qui, de 1975 à 1977, va quitter l'abstraction* pour la figuration, transformant, entre autres, des rectangles verticaux en échappées solaires de rues dans l' ombre d' une place, à l'éclairage noir de Raoul Dufy*, Hommage à Auguste Chabaud, (1977, Fabre), vue montpelliéraine où l'ombre nocturne est projetée en plein jour, à la seule fin d'éclairer par contrepoint les rares couleurs, et qui pourrait aussi bien être un Hommage à Braque. Au demeurant, il n'a jamais cessé de capter les images dans des croquis et dessins accumulés depuis 1957. L'Atelier des Beaux-Arts, Montpellier, (1958) indique déjà la préoccupation de l'espace qui l'habite dans chacune des facettes de sa double poursuite artistique : une fenêtre et la moitié d'une autre éclairent de sombres chevalets, toiles et cartons en vrac et laissent apercevoir, en contrepoint, le paysage ensoleillé. À compter de 1968, les grandes constructions verticales sont la continuité du thème de la fenêtre; elles créent l'espace en le faisant coulisser, Fenêtre à Saint-Tropez, (1974, MCM), fenêtre abstraite, ou Fenêtre à Laubert, (1972), réaliste*. De 1972 à 1991, la peinture des intérieurs met en évidence la fenêtre dans une alcôve aux murs en redan, ou entourée de rideaux de cretonne. En 1979, la série des doubles-fenêtres de chaque côté d'un miroir qui renvoie l'image d'une troisième fenêtre sur le mur opposé, Le Grand silence, (1979, FRAC Languedoc-Roussillon) ou L'Été indien à Montpellier, (1982, MCM). Cette structure est inspirée de La Console jaune aux fenêtres, (1948, GPN) de Raoul Dufy*. Cinq toiles de grand format, aux scènes simultanées, Le Cantique des Cantiques, (1980) traite de la nature en zones médiévalement juxtaposées avec François d'Assise et la Portioncule. Le Jardin de l'enclos, (1984, MAMAC) rappelle, une fois encore, l'admiration pour Braque, et une pensée pour Picasso, Mosquitos, (1983). Dès 1974, il schématise des paysages et des natures mortes, touchés par un zéphyr de pop*. Les formes sont découpées, les arbustes vus au travers de la croisée sont réduits à des taches sobrement déchiquetées, ourlées de blanc rappelant les marquages de Viallat*, le complice de Support/Surface, ou retrouvant les détails répétés des vaguelettes d'un Brusselmans*. Ses portraits, commencés en 1985, se poursuivent avec la série Nues,La Ponche, de 1988 à 1992. Des femmes du monde se déshabillent, provocatrices sans érotisme, et s'exhibent dans la dureté d'un trait à la Hélion* et le dépouillement du décor réduit à un fauteuil club de cuir clouté (1930). En 1990, il peint une douzaine d'artistes de Support/Surface, (tous au FNAC). Il est aussi paysagiste, de petites toiles fauves (1967-1986), de larges toiles néo-impressionnistes* aux petites touches tricotées, (1981), et, au milieu des années 90, des environs de Marseille, cubisant avec le parapet de la villa Bainco, (1992), fouaillant, comme un Prassinos*, L'Île Marie, (1995), articulant autour de vastes étendues ciel, marais, mer, avec au loin un bandeau mince de constructions indistinctes, ou un phare ou une maison de gardien, étalons du vide; c'est la série des Étangs, (1996), au sens où on l'entend dans le Midi. Les Camelles, (2006), sont du même ordre. Il ne cache pas toutes ces citations; il se pose en héritier des maîtres, ses prédécesseurs. Il est typiquement français en ceci qu'il met l'ordre de la peinture dans le chaos de la vie par un style où domine une rudesse solide, schématisée, frontale, de pâte à l'émeri. Il quitte les grands espaces maritimes, en même temps qu'il entreprend de raconter la mythologie en l'anachronisant par un environnement du XXe siècle, La Naissance de Vénus, (1999), en mer, Daphné, (1999), sur terre, et Leda, (1999) en intérieur. Ses décors restent rochers ou arbres. Peinture, (1974), non figurative, et Saint François, le cantique des créatures, (1980), à la figuration multiple, éclatée en zônes géométrisées, sont bien du même peintre. Ses paysages prennent de l'ampleur mais viennent  toujours d'une sorte de touchisme bicolore : le ciel est violet , parce  que bleu et rose, la forêt est miel parce que jaune et vert, (2010). Il reconstitue en atelier, les paysages du Midi, Maguelone, temps gris, (2013).
En 1998, il prête sa main à l'acteur Jacques Gamblin incarnant dans Au coeur du mensonge, de Chabrol, le rôle d'un peintre.

Expositions : 1966, Musée d'Art, Céret (G) ; Salon de la Jeune Peinture, Paris ; 1974, Rencontres, Paris, (P) ; 1993, 2000, Vidal-Saint-Phalle, Paris, (P) ; 2009, Salvador, Bruxelles, (P) ; 2010, gal. Bernard Ceysson, (P) 2010, 2013,  gal. Vieille-du-Temple, Paris, (P).

Rétrospective : Oeuvre graphique, 1957-1990,musée de l'abbaye Sainte-Croix, Les Sables-d'Olonne ; 1991, Musée Picasso, Antibes; 1995, Musée de Toulon ; 2006, musée de Céret.

Citation(s) : On a dit : " J'ai troué dans le mur de toile une fenêtre " (Stéphane Mallarmé).