Fiche de présentation

CHTCHOUKINE, Serguéi Ivanovich

Type(s) : Collectionneur

Présentation : né en 1854 à Moscou, homme d'affaires enrichi par l'industrialisation récente de la Russie et collectionneur ; dès 1897, lors d'un voyage à Paris, il achète à Monet Les Lilas. Suivent de nombreux achats d'impressionnistes. Il commande à Matisse* 'La Danse', et 'La Musique' et lui achète trente-sept peintures; il acquiert des Picasso*, des Derain*, et montre ses collections en ouvrant au public son hôtel particulier, le palais Troubetzkoï, allée Znamensky. Le 5 novembre 1918, sa collection - riche de 450 oeuvres - est nationalisée en même temps que celle de Morozov*, par un décret signé de Lénine, alors même qu'il avait manifesté son intention de la léguer à la ville de Moscou. Il quitte secrètement l'Union soviétique, en emportant les bijoux de sa femme, et s'installe à Paris. En 1928, sa collection est regroupée avec celle de Morozov dans l'hôtel de ce dernier, qui devient musée du Nouvel art occidental, mais un certain nombre de pièces sont vendues à l'étranger. Les oeuvres mises en caisses pendant la guerre, partent pour l'Oural. Le 6 mars 1948, considérées comme peintures décadentes par Staline, le musée est supprimé et la collection est divisée entre l'Ermitage et le musée Pouchkine de Moscou. Chtchoukine meurt en 1936 à Paris. Sa fille et héritière Irina, citoyenne française, tente à deux reprises, mais sans succès, lors de prêts de tableaux en France, de les faire saisir, proposant de les donner officiellement selon la volonté de son père, à condition que soit indiquée la provenance du on et que la collection soit regroupée dans le seul palais Troubetzkoï. Elle échoue en 1954, lors de l'exposition des trente-quatre Picasso de la collection Chtchoukine à la Maison de la pensée française, émanation du parti communiste, et en 1993, lors de la rétrospective Matisse (1904-1917) au centre Georges-Pompidou à Paris. Les juges estiment que ses droits ne sont pas certains, la propriété incorporelle - droit de reproduction et d' exposition -, à l'encontre du droit moral des héritiers, inaliénable, appartenant aux propriétaires. Irina décède en 1994 et son fils, André Marc Delocque-Fourcaud, directeur du Centre national de la Bande dessinée à Angoulême, est prêt à reprendre le combat, comme suite à la parution dans le Washington Post et le Herald Triune, d'articles parus à l'occasion de l'exposition itinérante de la collection à Atanta, Houston et Los Angeles, en 2003. Ces journaux lui donnant raison contre les états américains et russes. En 1954, Picasso suggère que le comte de Paris réclamât le château de Versailles ! Les collections Chtchoukine et Morozov ont joué pour la peinture russe le rôle séminal que la collection Peggy Guggenheim*, jouera durant la Seconde Guerre mondiale pour la peinture américaine.