Fiche de présentation

WARHOL, Andy, ( Andrew Warhola ou Varchol, dit )

né le 6 août 1928 à Pittsburgh, Pennsylvanie, États-Unis d'Amérique de parents immigrés slovaques catholiques; 1942-1949, Carnegie Institute of Technology de Pittsburgh; 1948, commence à peindre; 1949-1960, s'installe à New York comme dessinateur publicitaire; 1957, fonde une entreprise et prend un agent; 1963-1967, et 1968-1970, Gérard Malanga* est son assistant; 1963-1968, crée la première Factory* ;  1965, abandonne la peinture pour le cinéma; 1968, victime d'une tentative d'assassinat par l'actrice Valérie Salanis, mise sous controle par le F.B.I ; deuxième Factory ; 1972, se remet à peindre ; troisième Factory ; 1980, Jack Shriver devient son assistant; 1984, collabore avec Basquiat*; 1987, meurt le 22 février à New York des suites d'une ablation de la vésicule biliaire ; 1988, vente de plus de 10 000 objets accumulés dans son hôtel particulier, pour financer l' Andy Warhol Fondation for the Visual Art.
N.B. selon les sources, la biographie connait d'importantes variantes, cela fait partie du jeu de cet artiste qui, depuis 1953, porte des perruque blanches, tandis que les sourcils sont teints en harmonie.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : De la publicité à la peinture.
D'autres sont publicitaires pour gagner leur vie et leur permettre de peindre. Lui, passe d'un métier à l'autre, sa peinture se nourrissant du tuf de ses travaux publicitaires qu'il abandonne en 1948. The Lord Gave Me My Face, But I Can Pick My Own Nose, (1948), dans une manière proche du premier Dubuffet*, d'une maladresse contrôlée. De 1949 avec A Program of Mexican Music, à Rockbird, en 1987, il crée cinquante pochettes de disques. En 1949 également, il commence par représenter des "réclames" agrandies, textes ou objets qu'il emploie par ailleurs pour ses clients, chaussures, tableaux anatomiques, grille de mots croisés, accumulateur d'eau chaude, etc., Dick Tracy, (1960). Le dessin est rigoureux, réalisé à l'épiscope prêt à frapper le chaland, mais, comme il vit dans l'environnement de l'expressionnisme*, il en produit deux versions, la seconde étant plus visiblement "peinte", accompagnée de coups de brosse, signifiant qu'il s'agit d'une création autre que simplement publicitaire. En 1960 également. Déjà il use d'une certaine reproduction mécanique, Cagney, (1962, MOMA), sérigraphie; au besoin avec des tampons façonnés dans des gommes, et bientôt dans du balsa. La première "accumulation" de Warhol, c'est Quatre-vingts billets de deux dollars, (1962, KLM), chacun un peu différent de son voisin, l'encrage de la sérigraphie grâce à laquelle ils sont reproduits, étant variable.  (C'est de 1955 à 1960 qu'Arman* use du tampon pour ses graphiques et invente les Accumulations). Il peint la Une de journaux. À la même époque, il produit, à l'encre sur feuille d'or, ce que d'aucuns appellent pudiquement des dessins "intimes" et qui ne sont autres que des corps d'adolescents magnifiés; il les photographie en noir et blanc par quatre clichés cousus ensemble, (1987).
Il dessine depuis 1948 et jusqu'en 1985, soit par report de travaux à la l'encre, ce qui produit des solutions de continuité dans le trait, soit dans la continuité de la ligne au graphite, Self-Portrait with Skeleton Arm and Madonna, after Munch*, (1984).
Il se dirige vers la peinture de B.D*, lorsqu'en 1961, il voit à la galerie Leo Castelli à New York des Roy Lichtenstein* et ses bandes dessinées démesurément agrandies : ce créneau étant pris, il opte donc pour la reprise en série de photographies sérigraphiées, Campbell's Soups, (1962). Les 32 oeuvres sont reproduites à l'identique à partir de la projection sur toile, par un laboratoire, de leur dessin agrandi ; alors intervient l'artiste qui personnalise ces reproductions, en peignant ce qui devient sur le marché, 32 variétés, uniques. Il s'agit là d'un pas important dans sa démarche : il veut la facilité - et la fabrication du support mécanique par des assistants -, en même temps que la banalisation de l'oeuvre d'art par sa multiplication. C'est pourquoi, il crée en 1963 la Factory.
La Factory.
En 1964, au 231 East 47e St. il ouvre un atelier qui abrite, entr'autres ses assistants -ses exécutants devrait on dire puisqu'aucun d'entre eux ne réussit à se faire un nom. En 1968, la Factory déménage au 33 Union Square.
De 1964 à 1971, datent les emballages de produits les plus répandus dans les supermarchés, Boxes, (1964, MNAM, et HLD), Caisses de Kellog's, (1971, LACMA). Il ne s'agit pas de pièces brutes, mais de la sérigraphisation de leur graphisme sur des volumes de bois. L'oeuvre emblématique de cette volonté de banalisation "inesthétique" c'est la série À faire soi-même, (1962, MLK), qui propose des dessins inachevés qu'il faut compléter en joignant des chiffres; mais des chiffres brouillés. Et aussi, pour symboliser la participation du spectateur, Schéma de danse, (1962) reproduisant, grandeur nature, le circuit des pieds sur le sol, chaque pas étant numéroté, après qu'une toile a été foulée par le visiteur. Son ascendance occidentale et catholique lui donne le sens des images, celles-là mêmes qui se trouvent traquées par la télévision et le cinéma. Il les magnifie dans la peinture. 1972, troisième factory de 3.0000m 2, 860 Broadway
Les catastrophes.
Accident de voiture optique, (1962, KBâ) ou Catastrophe verte, dix fois, (1963, SGF); Émeute raciale rouge, (1963, LMK) et Grande chaise électrique, (1967, MNAM) et Petite chaise électrique, (1965, DMCH), presque imperceptible sous sa couche de noir uni ; neuf versions au Frac-Nord-Pas-de-Calais. Tout cela également fait partie du quotidien, et emporte avec lui une (autre) dimension morale. Comme avait voulu l'emporter Treize fugitifs recherchés, (1964) pour le pavillon de l'État de New York à l' Exposition universelle, qui dut être occulté (censuré), par une couche d'aluminium.
Les portraits.
Ils sont fournis aux regards, plus grands que nature (comme au cinéma) et distancés par l'écran, (comme à la télévision). Ils renvoient aux Américains les fantasmes de leur civilisation. C'est une nouvelle étape, celle de l'usage de photos de presse comme contenu e la sérigraphie. L'univers des stars, reproduites plusieurs dizaines de fois dans un rangement fascinant et obsédant : Marilyn Monroe le plus connu, Diptyque de Marylin, (1962, Tate) ou Marylin, (x 100, 1962, Saat). Le principe est toujours le même : reproduction mécanique d'une photo recentrée, retroprojection de la photo sur papier, dessin des contours et des traits essentiels, report sur toiles et coloriage différent de chacune. Suivent jusqu'en 1966, Liz Taylor, Elvis Presley, La Joconde, la Statue de la Liberté, Jacqueline Kennedy, etc. Le dessin vaut aussi pour les natures mortes, (1975-1977); il se sert de contours préparatoires. Il revient plus tard aux portraits en série avec celui de Mao de 1972 à 1974, à échelles différentes (deux frises de 42 portraits, chacune 40 x 30, ou quatre portraits géants de 4 x 3 m, chacun en trois couleurs indépendantes du contour, haut, bas, visage). Pour la première fois le coloriage précède la sérigraphie qui est appliquée sur toile une fois celle-ci enduite de couleurs, Mao, (1972, DMCH et MACM). Dans cette série, un dessin exceptionnellement  original, (1973, MOMA). A ces portraits de célébrités, la célébrité lui étant venue, les particuliers , à compter de Nelson Rockfeller, (1967, musée Warhol Pittsburg), et jusqu'à Sonia Rykiel, (1986, ibid.), lui commandent le leur;  le prix est de 25,000 $ pour le premier et 15,000 $ pour les variantes suivantes. A vrai dire la première commande date de 1963, c'est celle d'Ethel Scull, collectionneuse, qui est, au préalable photographiée par l'artiste au polaroïd, (on conserve ceux-ci de 1971 à 1986, dont son Portrait in Drag, (1981, ibid.), par le photomaton, ou par arrêt sur image d'un film. Certaines familles régnantes le requièrent, comme comme le Shah d'Iran (1978), les Princesses de Monaco, (1983) ou Lady Diana, (1982). Chaque portrait est une oeuvre unique, non seulement parce qu'il varie les couleurs et les endroits colorés, travaille parfois en noir et blanc, mais aussi parce qu'il multiplie les manières, l'éclairage, le matériau, urine ou poudre de diamants, le support, toile ou plaque de cuivre, le cadrage et l'apposition des couleurs dans un arbitraire digne des fauves* mais signifiant. Il produit entre cinquante et cent portraits de commande chaque année.
Les fleurs.
De 1965 à 1967; grandes anémones généralement regroupées par quatre et peintes avec toutes les variantes des couleurs heureuses, Fleurs, (1966, DMCH), Flowers, (1970, WM).
L'essentiel de ses inventions graphiques est terminé, et la plupart datent de la seule année 1962. Il est devenu le Walt Disney* du pop. L'essentiel de ses inventions est accompli, et puisque assistants il y a, ils peuvent continuer à exploiter les trames sérigraphiques. En 1984, il peint en commun avec Basquiat* qui prétend que c'est lui qui l'a ramené à la peinture et avec Clemente*, grandes toiles au fond nu sur lesquelles on peut lire le style de chacun des intervenants. Parfois aussi avec les deux artistes. De fortes lettres disent le titre du tableau et font partie intégrante de l'oeuvre; le pop se trouve rehaussé des graffitis* sauvages  comme en contrepoint; les couleurs, souvent primaire, toujours unies, donnent à cette série la marque originale de ce travail à quatre mains.
Il revient sur son passé avec des érotiques homosexuels (1978-1982), où tout est dit en quelques traits ajustés, Homo-Erotics, (1978), des toiles anthologiques, des reprises de soupes et d'autres réclames avec, cette fois, un coup de patte expressionniste*, des stars, etc. Une nouveauté cependant, en 1975, dans la série Mick Jagger, la photo sert de support à des dessins, des garnitures de papiers découpés, en surimpression; le sujet est le même, à la même échelle mais les variations tiennent non seulement à l'habillage, mais à l'angle de vue. Dans le film Painter Painting d'Emile de Antonio, il déclare qu'il fournit l'idée et que c'est désormais Brigid qui réalise ses travaux. Simultanément, il reprend des portraits, Beuys*, en 1980, Delvaux*, en 1981 et, en 1986, le sien, halluciné et prémonitoire. Il dénonce les faux-semblants de la peinture, le rôle du créateur comme celui du collectionneur. Oxydation Painting, (1978), immense toile à la peinture au cuivre oxydée par l'urine de ses amis, avec pour résultat des formes aléatoires, pastiche ironiquement les dripping* de Pollock*, en même temps qu'il transforme l'excrément en or. Cette année 1985 il continue à dénoncer, par le pastiche, les maîtres de la peinture, du Léonard de La Joconde aux portraits de Picasso* de l'année 1960. Il donne 112 Christ, linéaires, jaune sur noir, attribués à ses origines catholiques, mais repris mécaniquement à The Last Supper de Léonard de Vinci. Plus déterminant de son éducation religieuse, Rapahaël Madonna, (1985), musée Warhol, Pittsburgh), ou la Madone Sixtine de Dresde. Par ailleurs, il collectionne les images comme un automate, et les reproduit aussi mécaniquement. Il ne crée rien, il pirate et ce faisant il entre dans la problématique de l'art contemporain*. Cela lui permet à la fois de critiquer la société de consommation et de créer une industrie, celle de la mythologie de l'Amérique des années 1960 ; c'est l'objet de ses Camouflage : Statue de la Liberté, (1986), série dont chaque toile est identique de trait et différente par les couleurs bariolées, de camouflage* de guerre, de flaques de soleil, frappée dans un coin de la mention publicitaire Biscuits Farbis, de sorte que l'on se trouve devant une peinture d'une étiquette ou d'une affiche déjà reproduite.
Les Chevaux.
Une série de dessins (1985), précède une série de sérigraphies bi ou tri color, Polo Players, (1986), le papier est détouré, collé sur un autre papier et le trait est ensuite doublé pour signifier le mouvement.
Il se livre également à la non-figuration, avec des oeuvres sur stencil, (1960), des Piss Painting, (1976), urine sur "gesso", des sérigraphies à la poussière de diamant, Shadows, (1979). Quant aux photographies en noir et blanc d'objets du quotidien, chaussures, marteau, faucille, ombrés elles datent de 1976.
Le réalisateur de T.V. et de films .
Il ne peut se désintéresser de ces arts populaires que sont les films, la T.V ou la video. Dans les années 50, il achète son premier poste et en devient dépendant; d'où l'attirance pour la création de films; des "underground" et notamment, Kiss, Empire, Blow-Job, Vinyl; certains tournés par Paul Morissey cherchent à choquer, ainsi de la trilogie Trash, Heat, Flesh,  tandis que d'autres veulent ennuyer : Quatre Étoiles, tourné par lui en 1967, dure vingt-cinq heures; En 1979, il déclare abandonner la peinture pour se consacrer au cinéma et produit des centaines de 'Screen Tests', de 3' durant lesquelles ses amis pris en visage serré, sont considérés comme des vedettes en puissance; de 1979 à 1987, on en compte quarante-deux destinés à la télévision. Il se met en scène, bredouillant; imagine un Soap Opera, (1964), pastiche du genre, dont seules les publicités sont sonorisées. Phoney, (1973), double écran où l'on voit un couple se disputer. (phoney, contient à la fois Phone et phoney qui signifie faux). Il enregistre des mannequins mâles ainsi que des travestis, (1979-1987).
Le Photographe.
DE 1976 à 1987, il parcourt New York et ses bâtiments, en noir et blanc et prend des natures mortes de bouts de table préparées dont il accentue les noirs de certains détails. Il installe au Photomaton* dans l a Factory, source de bien de ses sérigraphies. Il accumule des clichés "discrets", Ketith Haring l'embrassant sur la bouche, Jean Dubosc,(1983) ou Basquiat au lit,( 1984).
Exceptionnel, Hammer and Sickle, (1977), ramène le marteau et la faucille  un entrelacs minimaliste d'autoroute. 

Expositions : 1952, Hugo, New York, (P) ; 1961, Bowit Teller, New York ; 1962, Irving Blum, New York, et Ferrus, Los Angeles, (P) ; 1964, Ileana Sonnabend, Paris,  (P) ; 1999, 2007, Thaddaeus Ropac, Paris (P) ; 2008, Musée des Beaux-arts, Montréal, (P).

Rétrospective : 1989, Modern Art Museum, New York ; Art Institute, Chicago ; Londres, Cologne ; 1990, Milan, Paris ; 2002, Museum of Contemporary Art, Los Angeles.

Musées : Heissisches Landesmuseum, Darmstadt, 17 oeuvres de 1962 à 1964 ; Musée Andy-Warhol Pittsburgh, Pennsylvanie, États-Unis, avec 700 oeuvres et les archives ; Musée de Medzilaborce, Slovaquie.

Citation(s) : Il a dit :
- J 'ai commencé ma carrière comme artiste commercial et je veux la finir comme artiste d'affaires. Je veux être une machine [...] Je veux que chacun pense de la même manière. Je pense que chacun devrait être une machine. très bonne en affaires et la plus fascinante oeuvre d'art.
- If you want to know all about Andy Warhol, just look at the surface of my paintings and films and me, and there I am, there is nothing behind it.
- Je veux être Matisse.
On a dit :
- L'une des constructions sociales les plus vides, les plus cyniques qui soient. (Bruce Benderson à propos de la      "Factory").
- Avec ses sérigraphies, ses modèles de chez l'épicier du coin, sa palette digne d'une boîte de crayons de couleur , son absence de perspective, sa volonté d'ôter tout mystère à l'art, Andy créait une esthétique nouvelle. (Ultraviolet*).

Bibliographie(s) : Thomas et Doris Ammam, catalogue raisonné, 5, vol. Phaidon, Londres, 2002.

Archives : Musée Andy Warhol, Pittsburg.

Succession : Deux estimations successives d'experts ont évalué sa succession à près de 700 millions de dollars en 1988 et à 220 millions de dollars en 1993.

Divers : Record : 100 millions de doll ars lors d'une vente àNew York en 2013, pour un triptyque  Silver Car Crash,  2,43 x 4 m.de la série des Catastrophes.