Fiche de présentation

TUYMANS, Luc

né en 1958 à Mortsel, Flandre, Belgique ; 1976-1986, Beaux-Arts d'Anvers ; cinéaste; vit à Anvers.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : Après "la mort de la peinture", il la ressuscite. En prenant ses distances et en usant de truchement : la photographie le plus souvent; c'est la mémoire des images qu'il peint, avec ses oublis simplificateurs et ses flous. Ce sont ses "authentiques faux". Ainsi pratique-t-il  le piratage*. La palette blafarde indique bien, dans son camaïeu de gris-vert d'eau, comment la peinture peut se réincarner dans les thèmes historiques, l'actualité, la nature morte, la figure. Il procède par allusions, estimant que le titre du tableau permet de le comprendre; il faut cependant es exégèses pour pénétrer l'énigme de nombres de toiles. Qui dirait que La Correspondance, (1985, Communauté flamande), fait allusion aux cartes qu'envoyait à sa femme, un peintre néerlandais, lui indiquant d'une croix rouge la table où, toujours dans la même salle de restaurant, caché par un rideau crocheté, il déjeune ce jour-là.   Nos Nouveaux quartiers, (1986, SGF), reprend une publicité peu convaincante pour une opération immobilière.  Forêt noire, (1986), entame une série allusive aux camps d'extermination, comme Gas Chamber, (1986), une pièce vide, anonyme, ou comme le tetraptyque Le Temps, (1998), et le triptyque, Recherches, (1989).  Les stries sur le torse de Body, (1989, MHKG), évoquent les craquelures de l'art ancien.?  Mirror, (1999, Louis.) n'est pas un minimaliste* non-figuratif. De même les portraits, repris à des journaux, L'Architecte, (1997, MND), Speer dit-il, de la silhouette tombée dans la neige, (1995, MBANa), Un intellectuel flamand, Karel Van Cauwelaert, président de la Chambre des Représentants de Belgique, (1995, MBANa) réduit à un filigrane de billet de banque, ou encore Secrets, (1990), d'une photo de nécrologie anonyme. Orchid, (1998), (1998), légèrement flétri, en nuances de vert parodie le symbole floral de la "région" bruxelloise. Il ironise l'extrémisme nationaliste flamand en ironisant sur ses mythologies, tout en hissant sa peinture au niveau de l'universel. Heimat, (1994), série de huit tableaux qui dénonce, comme le fait la littérature d'Hugo Claus, les travers sanctifiés par d'aucuns, de sa terre natale. Cet art iconoclaste, ou de reconception de l'image peinte dépasse le plat-pays, s'universalise, même lorsqu'il parle de la décolonisation du Congo, Mwana Kitoko, (2000, SMak), Baudouin sans visage en uniforme blanc descendant de l'avion pour proclamer l'Indépendance, ou  Tshombé, (2003), tout comme il parle des abus américains en Irak, Navy Seals, (2003), dans de mêmes pseudo photographies indistinctes ou quand il traite de la religion. Il en arrive à ne plus laisser que le flou qui subsiste lorsqu'on ferme les yeux après avoir regardé en face le soleil, image  fragile, prête à disparaître, Fortune, (2003). C'est de la peinture pure, au style unique, vague, poursuivant la tromperie que la représentation donne de la réalité. Lorsqu'il s'inspire des images virtuelles la gémellité entre sa peinture et celles-là s'affirme plus encore. Sundown, (2009) ou Lamp, (2009).

Expositions : 1985, Thermes, Ostende, (P) ; Maerz, Cologne, (G) ; 1990, Scohuwburg gal. Rotterdam, (P);  1991, Centre d'art contemporain, Thiers, (P) ; 1992, Kunsthalle, Berne, (P) ; Documenta, Cassel ; 1995, Musée des Beaux-arts, Nantes, (P) ; 1997, 2001, Biennale de Venise ; 2003, Cher peintre, Centre Pompidou, Paris, (G) ; 2004, Tate Modern, Londres, (P) ; 2009, Wiels, Bruxelles, (P) ; 2015, Musée de la gravure, La Louvière, Belgique, (P).

Rétrospective : 2009-2010, Columbus, San Francisco, Dallas, Chicago, 2011, Palais des Beaux-arts, Bruxelles, (P).

Citation(s) : Il a dit : -Un ton peut croître, une couleur ne le peut.On a di : -He has been at the forefront of the re-energing of painting over the past fifteen years, (Vicente Todoli, directeur de la Tate Modern, 2004).