Fiche de présentation

SZYMKOWICZ, Charles

né le 17 janvier 1948 à Charleroi, Wallonie, Belgique de parents juifs polonais, immigrés vers 1932 au temps des premiers pogroms ; 1960-1962, reçoit ses premières informations sur la peinture au travers des magazines ; cours du soir aux Beaux-Arts de Charleroi ; 1963-1969, Beaux-Arts, Mons ; 1963, choc capital en visitant une exposition de Guttuso*; 1964, opte pour la nationalité belge ; 1976, enseigne aux Beaux-Arts de Charleroi ; 1980, de Bruxelles ; vit à Gerpinnes, Charleroi.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : À 17 ans, il peint la douleur dans un style à la Van Gogh, L'Oppression, (1966) (et Autoportrait au fond noir, 1973, CHAR), mais ses premières oeuvres, accomplies déjà, datent de 1962, Figure, qui évoque un Buffet* dont les angles se seraient dissous dans le dégradé. En 1968, il est plus que jamais expressionniste* avec les thématiques de la guerre, de la violence, de l'effraction ; il reprend les couleurs "léopard" des tenues de paras chères à Baselitz* et il éparpille sa mise en page en se souvenant de Guttuso. La série des Ateliers, (1969-1973) montre sur de grands panneaux assemblés, en noir et blanc, avec une seule touche de bleu ou de rouge et un morceau de journal collé, l'accumulation des outils du peintre, envahissant de leur ondulation le polyptyque, de bord à bord. On va vers plus de tragique encore. Celui-ci éclate, comme des gènes qui écloraient à l'âge mûr dans les Cris. Thème dix fois répété en peinture, cent fois au fusain, et dont l'unique sujet serait "retour d'Auschwitz". Les visages en gros plans, l'accumulation de l'huile à tubes pressés, de l'acrylique jetée, la tragédie paroxystique témoigne qu'un artiste né trois ans après la fermeture des camps affirme que la "vingt-cinquième heure" sonne toujours, Les Yeux crevés, (1975). Il continue à le crier jusqu'en 1978. Scrutateur de visages, il s'intéresse tout naturellement à ceux que les millénaires nous ont conservés, grimaçants de siècles. C'est la série Momies, (1977-1978), années où Toutankhamon arrive, en France, avec les honneurs militaires, pour se faire restaurer. Aux antipodes de ce style sauvage, Cobra* - couleurs en moins -, en 1980, il dessine de manière calmement aiguë, comme Giacometti*. Il revient rapidement à la démesure, l'exagérant encore par le relief qu'il donne à ses toiles en les chargeant de polyester tordu, Explosion, (1978), sculpté sur parfois plusieurs dizaines de centimètres, ou Femme et enfant, (19-82), amas de tissus sous polyester, vus d'oeil d'oiseau. On voit encore Arthur Rimbaud, (2000), Morte de Sura Ajdla, (1985), dont le cri terminal est habité par un foetus ou une Vanité,  ou Rimbaud à Gerpinnes, (2002). De 1992 à 2010, dans une boulimie créative, il dresse la galerie des grands hommes,  de Baudelaire, (1992) à; Chaplin, (2010). Viennent des toiles plus apaisées, Figure avec cheval, (2004), Têtes de mineurs, (2008), en noir et blanc. et surtout des Paysages, (2004) de collines dramatiques sous ciels tragiques, aquarelles Toscane, (2005-2007), réduites à des abstractions* horizontales. Il dépasse Soutine* qui mettait ses sujet de guingois ; lui, il débonde les coulées de laves colorées.

Expositions : 1963, Les métiers d'art, Charleroi, (P)  ; 1977, Beno d'Incelli, Paris, (P) ; 1980, Maison belge, Cologne, (P) ; 1989, Musée Vad Jashem, Jérusalem, (P) ; 2003, musée Arthur Rimbaud, Charleville-Mézières, (P)/.

Rétrospective : 1976, Palais des Beaux-Arts, Charleroi ; 1980, Hôtel de ville de Mons ; 1980, Palais des Arts et de la culture, Varsovie ; 1981, Eglise Saint-André, Liège ; 1982, Musée des Beaux-Arts, Mons ; 2010, Musée Juif, Bruxelles, (P).

Citation(s) : On a dit :
-  Son oeuvre constitue de toile en toile, une fresque majeure de la condition humaine. Elle se nourrit de l'énigme du plus grands des malheurs, celui qui vit des hommes vouloir détruire d'autres hommes simplement parce qu'ils leur refusaient le droit de faire partie de l'espèce humaine.   (Jacques Attali).
- S   a tête, son coeur, son exploit de vie le tiennent debout et c'est dans la perfection de l'horreur  qu'il peut continuer de trainer ses couleurs et ses raisons d'espérer.   (Leo Ferré).