Fiche de présentation

SZAFRAN, Sam ( Sam Berger, dit )

né le 19 novembre 1934 à Paris, France ; 1940, se réfugie dans le Loiret, puis en Suisse ; 1942, arrêté, s'évade du Vel' d'Hiv  et gagne la Suisse ; 1947-1951, séjourne en Australie ; 1951, cours du soir de la ville de Paris ; 1953-1955, académie de la Grande Chaumière*, Paris ; vit à Paris.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : A vingt ans, un autoportrait dans la ligne de l'(École de Paris, Ben-Zion, (1954). Ensuite, il procède à de petits collages, Abstraction, (1958), et jusqu'en 1960 il travaille à la manière de Stael* ou de Riopelle*, Grand Bouquet, (1960).. La sienne pointe avec Golem, (1958) ou Rhinoceros, (1960) linceul volant ; quelques  paysages de Paris, dans une huile nocturne, ((1963).
Il emploie du fusain  dont le tragique figuratif n'a rien à envier à celui de Spilliaert*, Autoportrait, (1958) , galerie de portraits de la famille Kerchache, (1971) ; en 1975 encore, Atelier du sculpteur Mason*, (1975). 
L'essentiel de l’œuvre consiste en trois thèmes entrelacés,  au  pastel -de sa collection de 160 tons et à l'aquarelle, l'huile étant abandonnée.
Alain Derambourg en rocking-chair, (1965), peu importe qu'il s'agisse d'une figure, ce qui compte, c'est la ligne serpentine qui ouvre le premier thème, celui de l' Escalier, (1972-1997). Escalier impossible avec les circonvolutions de la rampe hélicoïdale, les paliers en plongée et en contre-plongée, rapides comme dans les "thrillers", les fenêtres en anamorphoses et les marches en touches de piano, Escalier, (1989), sur soie. Entre ce que sont bien deux volées, une silhouette imperceptible, fantomale, se glisse comme en s'excusant d'intervenir dans le tableau. En 1997, il reprend les éléments constitutifs de ses Escaliers, les fait éclater, les met en pièces et les range en une séquence abstraite sur soie, faite de traits et de plans, comme une étude de rampe, de marches, de paliers devenus plus encore que précédemment morceaux de plastique pure, (2004, Fondation Gianadda). Le plus vertigineux c'est un trou noir au fond duquel apparaît une tache de lumière colorée de quelques-uns de ses 160 tons de pastel. Il date de 1975. (Un siècle plus tôt, le Belge Xavier Mellery (1845-1921) s'inspire des cages d'escaliers pour ses dessins et lavis.) Il déplace l'escalier et en fait l'élément principl d'un triple environnement extérieur, Escalier et vue de Paris, (2004).
De 1968 date son premier Atelier, de 2008 son plus récent. La perspective change, elle devient à la  Mantegna, comme le fatras qui encombre la pièce dont le désordre et l'encombrement sont parfaitement rangés. La figure humaine est, ici aussi, accessoire, allusive, un bout de jambes au premier plan, un ouvrier crypté dans les lointains de celte variante d'Ateliers que sont les Imprimeries, Atelier Bellini, (1974, MNAM).  Les horizontales, les verticales, les diagonales structurent le travail en un classicisme qui répond au baroque des Escaliers. Sans titre, (2004) ouvre des fenêtres sur des vues de Paris.
Le troisième thème, ce sont les Végétations, (1967-1999). En fait, et le plus souvent, des philodendrons, plus denses que les Palmiers de Sargent* en 1917. Baroque, classique et maintenant compulsif, comme certains artistes d'art brut. Les feuilles envahissent l'espace, laissant pendre des touffes de racines, ménageant à peine la place à la figure, -sa femme Lilette- moins absente mais toujours silencieuse et discrète. Le plus souvent bichromes ou simplement vertes; on sent la touffeur de la serre, on oublie l'assis ou l'assise écrasé par la plante, on éprouve un sentiment de claustrophobie, on craint l'étouffement par une croissance trop rapide, on est un peu oppressé.
Les trois thèmes s'enlacent, se disent et se reprennent, repartent et ne se répètent jamais.
S'il aborde d'autres sujets, il ne s'y attarde pas. Rares portraits, celui de Jacques Elbaz, (1977), dans un fauteuil d'osier comme celui qu'aimait Ezra Pound, ou suite de Jacques Kerchache, (1971), dans laquelle, de feuille en feuille, la silhouette au fusain glisse vers les bords et disparaît, laissant blanc le papier. L'Orgue de la Besnadière avec Jean Guillou, (1972) dresse sa masse verticale de tuyaux tandis que de l'organiste on ne voit qu'un fragment. Remontant le temps, il y a des silhouettes au fusain, groupes de personnages embrumés, assis, et les Choux ensoriens, pastels fibreux de 1958. Les toits de Malakoff, (2008).aux pignons surgissant autour d'une terrasse vide, ou Lilette dans les feuillages, (2015) de couleurs sourdes
En 2005, Escalier, composé de 220 carreaux de céramique, pour le Pavillon Szafran dans le parc de la Fondation Gianadda.
Il est aussi sculpteur par adjonction, de Buste, menus mais expressifs (1958-1963) et d'un Cheval, (1963).

Expositions : 1957, Salon des Indépendants, Paris; 1965, Kerchache, Paris (P) ; 1964, Claude Bernard, Paris,  (G), et 1970, 2015, (P).

Rétrospective : 1999, 2013, Fondation Gianadda, Martigny ; 1999, Fondation Maeght, Saint-Paul-de-Vece.

Citation(s) : Il a dit :
- Après beaucoup d'années, j'ai compris que le papier était très important pour moi parce que c'est ce qui se rapproche le plus de la peau.
- Un soir, je travaillais dans un escalier [...] et j m'étais endormi. Il faisait nuit. J'ai eu un cauchemar. Je me suis réveillé. C'était la pleine lune, et il y avait une ombre portée de la fenêtre sur les marches. J'ai vu d'un seul coup. J'étais passé mille fois sans la voir et subitement je l'ai vue. Alrs j'ai décidé de la dessiner. Mais ça bougeait toutes les trois minutes. La terre tourne. Il y avait la lumière ici, découpée, et tout le reste était dans le noir. Je dessinais jusqu'à ce que tout tombe dans le noir en m'aidant d'une lampe de poche. À unmoment donné, tout ce qui était sombre devenait très clair et tout ce qui était très clair devenait très sombre. Alors pour pouvoir faire l'ensemble, je me suis mis à bouger. J'étais obligé de m'identifier à une araignée qui pend au bout de son fil, dans a cage de l'escalier, qui peut voir par-dessous et par-dessus.