Fiche de présentation

MORANDI, Giorgio

né le 20 juillet 1890 à Bologne, Italie ; 1907-1913, Beaux-Arts, Bologne ; 1914-1930, enseigne le dessin dans le secondaire  ; 1915, mobilisé, malade, réformé ;  1927-1944, passe les étés à Grizzana, dans les Appenins ;  1930-1956 ,enseigne aux Beaux-arts de Bologne ; 1964, meurt le 18 juin à Bologne.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : Il eut pu rester un peintre provincial sans histoire, d'autant que son inspiration peut paraître trivialement limitée : de 1914 à 1964, il peint inlassablement des natures mortes horizontales présentant dans une gamme de beiges assourdis et laiteux des objets verticaux, bouteilles, bols, brocs et pots. Mais ces natures mortes ne peuvent appartenir qu'au seul Morandi, tant leur ton est personnel. La rigidité des formes, l'éclairage froid, la perspective des guéridons ou des buffets sur lesquels les objets sont placés disent l'influence de Cézanne. On trouve de ces toiles à la Brera, au musée de la ville de Turin, à celui d'art moderne de Bologne. C'est la construction des toiles par l'équilibre des masses, toujours les mêmes, mais sans cesse différentes, et le jeu des blancheurs, du gris à l'ocre, qui importent; les objets ne sont que prétextes, exceptionnellement une touche de bleu pâle vient relever le sujet. La seule évolution se situe dans le chromatisme.
Tragiquement expressionniste*, à la fin des années 1910, Nature morte aux bols et bouteilles, (Mus. Morandi, Bologne, dit MMB), moulée dans la précision du Novecento*, Nature morte, (1919), il adopte la dominante ocre à la fin des années 1930, avec parfois l'alternance de noirs ou d'orangés ; enfin au milieu des années 1940, il atteint l'opalescence. Une oeuvre, de temps à autre, fait tache dans cette continuité imperturbable.
L'influence cézannienne, on la trouve au tout début, dès après Paysage, (1913, MMBi), de facture impressionniste, dans une Baigneuse, (1914), dont les rudesses, inspirées des Cinq baigneuses de Cézanne, se sont affinées, comme s'affinent, l'année suivante, celles de Modigliani*. Cette même année 1914, Paysage, (MMBi) a toutes les caractéristiques des Montagne Sainte-Victoire, et il n'est jusqu'à l'une des premières natures mortes, Nature morte, (1914, MNAM) ou Bouteille et Compotier, (1916, MMB), dont les arêtes marquent la filiation avec le peintre d'Aix. En revanche, Nature morte, 1918, ibid) schématise verticalement les objets, comme le fera Luc Peire* avant 1955. Lorsqu'on sait que "nature morte" se dit en allemand "stilleben", vie tranquille, on aura compris la qualité du silence qui sourd de ses toiles, en réalité peintes sans scrupules : les juxtapositions des objets sont floues, parce que le fond chevauche et rattrape les sujets.
Par ailleurs, il évoque les métaphysiciens et De Chirico* lorsque quelque buste tranche dans les ustensiles à boire, Nature morte, (1918, MM). De 1925 à 1943, en 1956 et en 1963, une série de paysages est d'un expressionnisme bien tempéré, d'un camaïeu de vert bouteille, Paysage, (1935, MMB).
Il peint aussi, de temps à autre, des portraits, à commencer par l'Autoportrait, (1924, Offices), frontal et ocre déjà, méditatif, ou le Portrait, (1960, MMB), d'une vieille dame en demi-deuil. Ou encore un bouquet, Fleurs, (1943, Musée. de Cardiff). En 1963, enfin, il s'arrache de peu à la figuration : un bout de ciel blanc, un espace de cil gris bleuté, si on ne les devinait, ce pourrait être du Poliakoff*. Les derniers pots sont disposés dans une aura et accompagnés d'une demi noix, Nature morte avec noix, (1963). Sa dernière Still Life, date de février 1964.
Il est aussi graveur.

Expositions : 1914, Hôtel Baglioni, Bologne (P) ; 1934, 1948, 1957,Biennale de Venise ; 1945, Il Fiore, Florence, (P) ; 1949, MoMA, New York, (G) et Musées royaux de Belgique, (P) ; 1950, Art moderne italien, Paris, (G) ; 1970, Coard, Paris (P) ; 2010, Hôtel des arts,Toulon, (P) ; 2010, Hôtel des arts, Toulon, (P).

Rétrospective : 1997, Musée Maillol, Paris ; 1999, Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid ; 2001, Musée d'Art moderne de la ville, Paris ; 2013, Bozart, Bruxelles.

Musées : Musée Morandi, Bologne, 216 oeuvres.