Fiche de présentation

GUAYASAMIN, Oswaldo

né le 6 juillet 1919 à Quito, Équateur ; 1932-1941, Beaux-Arts, Quito ; 1942-1945, voyages aux États-Unis et en Amérique latine ; 1955-1956,voyage en Europe ; 1999, meurt le 10 mars à Baltimore.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : À peu de toiles près, il ne se soucie que de l'homme, de ses mains et de ses yeux, qu'il traite dans un expressionnisme* monumental. Ses débuts rappellent Soutine*, Delacroix, Van Gogh. Le cubisme* nègre marque de manière déterminante sa macropeinture, Larmes de sang, (1945), avec de temps en temps une réminiscence du Greco, Quito vert, (1947), ou du surréalisme*, La Marimba, (1949). Il se voue aux misères du monde; qu'il s'agisse de paysages, de fleurs ou de portraits, toute l'oeuvre sourd l'angoisse. Son paysage sans cesse recommencé, c'est Quito au pied de ses montagnes menaçantes; sa végétation, ce sont des cactus géants ou de tragiques fleurs séchées; quant aux yeux démesurément ouverts des portraits, ils reflètent les peurs de notre temps. En 1952, il peint une suite de 100 toiles, Le Chemin des larmes. S'ouvre, en 1959, de grandes suites, l'Ère de la colère, (1968-1987), où culmine le tourment : Ls têtes, Les femmes pleurant, Les Désespérés, Hommage aux martyrs, etc. La plus grande de ces toiles dépasse les 2 m de haut (ce qui n'est pas encore courant en cette fin des années 1960). Chaque toile entretient avec sa voisine le rythme lancinant des terreurs policières des dictatures; les corps de ces camps sont réduits à des squelettes encore vivants, posés en géométries tragiques, la tête réduite à un élément bafoué secondaire : ce sont les membres qui luttent autour d'un thorax qui n'est plus que suggestion. Il revient souvent sur des visages protégés par des doigts aux phalanges bien détachées, en premier plan, ce qui lui permet, en exagérant la différence des échelles de grandeur, d'insister sur l'aspect dramatique, Larmes de sang, (1973). Représentant éminent de la peinture murale* sud-américaine, c'est un peintre "engagé"; en témoignent ses amitiés, Allende, Gabrielle Mistral, Pablo Neruda, Frantz Fanon, mais son art transcende ce que l'orientation politique pourrait avoir de fragile ou de momentané. C'est le peintre de la douleur et de la révolte et non de la soumission et de la déchéance, ni du triomphalisme, comme on l'aperçoit, même furtivement, chez Rivera* ou Siqueiros*. À sa mort, il laisse inachevée la Chapelle de l'Homme, à Quito, sur trois étages, celui de l'Amérique précolombienne, celui des massacres de la colonisation et celui du métissage hispano-indien. On estime son oeuvre à 7 000 tableaux et d'innombrables aquarelles.

Expositions : 1942, Quito.

Rétrospective : 1973, Musée d'Art moderne, Paris ; 1977, ministère des Relations extérieures, Quito ; 1982, Cuba, Leningrad, Vilnius, Moscou ; 1992, Musée du Luxembourg, Paris.

Musées : Fondation Guayasamin, Quito.

Lieux publics : 1959, La Découverte de l'Amérique, mosaïque de 130 m, palais présidentiel, Quito ; 150 m faculté de droit, Quito ; 1982, mural, 120 m, aéroport, Madrid ; 1988, mural, 360 m, Congrès national de l'Équateur ; 2002, Chapelle de l'homme, Quito.

Citation(s) : On a dit :
- Témérité héroïqe de ce qui est visible; il y a autre chose dans ces peintures majestueuses comme la pierre, tendres comme un bois sonore et une peau de serpent" (Miguel Angel Asturias).
- Il déclame le désespoir. (Régis Debray).
- Il est l'un des derniers croisés de l'imagerie ; nourricier et figuratif, son coeur est empli de créatures, de douleurs terrestres, de personnages voûtés, de tortures et de signes. Il est le créateur d'une plus grande envergure de l'homme. (Pablo Neruda).