Fiche de présentation

FREUD, Lucian

né le 8  décembre 1922 à Berlin, Allemagne, fils d'Ernest Freud, le plus jeune fils de Sigmund ; 1934, arrive en Angleterre ; 1938-1939, étudie à la Central School of Arts and Crafts, Londres ; 1939, naturalisé britannique ; 1939-1942, East Anglian School of Painting and Drawing, Dedham, Essex  ; 1941, s'engage dans la Merchant Navy mais est réformé ; 1942-1943, Goldsmith's College of Art, Londres ; 1946-1947, peint à Paris et en Grèce; 1948-1958, enseigne à la Slade ; 1948-1952, épouse Kitty Godley*, fille de Jacob Epstein* ; 1953-1957, épouse lady Caroline Blackwood, fille du 4ème marquis de Dufferin et Ava ; 1953-1954, enseigne à la Slade School of Fine Arts, Londres; 1993, nommé dans l'Ordre du Mérite par la reine d'Angleterre; vit à Londres ; reconnait avoir, au bas mot 30 enfants illégitimes ; 2011, meurt le 20 juillet. à Londres.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : Débuts :
A 15 ans, il sculpte un cheval...
Au départ, il a une touche naïve* - il a 19 ans -, Les Réfugiés, (1941),  que l'on retrouve dans la série des Girl, (1947-1948, MoMA), notamment ; il y a aussi la touche de surréalisme* du Salon du peintre, (1943), girafe rouge, haut de forme, ou de Quinces on the Blue Table, (1943-1944, MAGS), découpages très pop* avant la lettre de peu d'objets faisant irruption de manière insolite dans un intérieur, ou Scène de plage, (1945), aux deux fleurs croissant dans le bois de la barque.
Emergence :
Puis vient l'influence de la Nouvelle Objectivité* et l'irruption de son style propre, Man with a Feather, (1943), autoportrait ; il use d'un pinceau aussi précis et minutieux que celui des gothiques flamands, Autoportrait, (1946, Tate), voire la ciselure de Foujita* pour Girl with a Kitten, (1947), l'un des nombreux portraits de sa première femme Kitty Godley.  Francis Bacon, (1952, Tate), -volé en 1988 à Berlin- aussi impitoyable que celui des véristes*, sans leur aspect caricatural mais pour la seule recherche de l'ossature du crâne sous la peau burinée, Autoportrait, (1985, 1993).
Maturié :
L'abordant de bonne heure, il scrute la réalité sans concession en employant des empâtements de sorte que  Le Nu endormi, (1950), dans sa beauté marmoréenne, reste une exception. Dans la galerie d'un réalisme dur qu'il aligne, les toiles sont désespérées, Intérieur à Paddington, (1951, WAGl) ou Hôtel Bedroom, (1954, Beaverbrook Art Gal., Fredericton, Nouveau-Brunswick) ; les hommes, roides et gauches, face à une plante délabrée et affligée, là et ici, face à la femme endormie, portent le poids de la souffrance, de la pauvreté, de l'isolement, remplis d'une tristesse navrée. Déjà la chair de Girl with a White Dog, (1950-1951, Tate) était pâle et fade, marquée d'ombres qui sont à la fois des rides et des traînées de pinceau ; elle devient obscène, Naked Portrait, (1972, Tate). Toute laideur est captée, les cheveux de la mourante, plaqués par la sueur, les tavelures de la peau, l'arthrose des articulations. Il faudra, auparavant, que la fermeté du pinceau s'envole dans des touches déliées, lyriques, à la Bacon* ou, plus discrètement, à la Frans Hals, de Young Painter, Baring Brothers, Ltd, (1957) et jusqu'à Girl in a Fur Coat, (1967, Fukuoka Sogo Bank Ltd). Les corps qui sont montrés, ce sont des tas de chairs défaites, croulantes, cellulitiques, à l'éclairage blafard, repoussoir cliniques marquées par l'âge, en voie vers la corruption, et pour l'instant, en début de déliquescence, encombrés de mauvaises graisses, de couperose, d'éphélides, de vergetures ; ventre et seins démesurés et flasques, puisque ce sont surtout les femmes dont il traite les nus, Benefits Supervisor Sleeping, (1995) -adjugée en 2008 à 23 millions £, le montant le plus élevé pour un artiste vivant- ou le ventre distendu de Eight Months Gone, (2002) ; The Painters's Mother Reclining, (1976) évite ces excès ; sans pour autant se ,privere des hommes, Nude with legs up, (1992, HIR), jambes avantageusement écartées, Painter working, (1993), l'artiste en pied, fait face, son chevalet hors champ,  David et Eli, (2004), en raccourci, affalés, le chien lové contre son maître exhibant ses parties génitales, Eight Legs, (1996-1997, AIC) deux hommes et leur chien.  Il devient alors le Goya des Bourbons, Naked Man with a Rat, (1977, Art Gallery of Western Australia) ou Naked Portrait, (1980-1981). Il dispose ses nus de manière que leur couche semble relevée et que l'on ne sait s'ils gisent debout ou étendus, Standing by the Rags, (1988-1989, Tate)  et en cela, il y a une certain cousinage avec Stanley Spencer*. Il montre moins les gens tels qu'ils sont que tels qu'ils vont devenir, selon la recette du Portrait de Dorian Gray. "La chair est triste hélas, et j'ai lu tous les livres." La pudeur reprend ses droits avec Le Dernier Portrait, (1976-1977, Th-B), d'une femme à ses derniers jours ou IG and her Husband, (1992), enlacés mais vêtus. De temps à autre, sa manière s'apaise, Girl in Attic Doorway, (1994-1995), deux versions, Irish Women on a Bed, (2003-2004). Durant la même période, il y a le peintre précis, purement objectif, des plantes en gros plans, Interior with Plant, Reflection Listening, Self-Portrait, (1967-1968),  Two Plants, (1977-1980), des gros plans sur la verdure de bord à bord, Jardin du peintre, (2004), et le portraitiste simplement réaliste*, Man in a Chair, (1983-1985, Th-B). Elisabeth II, (2001) est prise au plus près du visage de telle manière que la couronne disparait dans l'encadrement et que les traits ne cachent rien de l'ennui de la fonction.
Datations :
La plupart de ses toiles portent deux dates consécutives, signe probable de la lenteur du travail ou de la reprise ; elles sont situées dans ses ateliers successifs dont les fenêtres donnent sur l'environnement ingrat,  Wasterground, (1970) ou Factory in North of London, (1972) : lisses souvent, il leur ajoute aussi des plots d'huiles à des endroits bien précis des corps ; il maîtrise les plongées, les contre-plongés, Kate Moss, (2002), nue,  comme la frontalité ou l'éloignement des plans, Reflection with two Children, (1965, Th-B)

Expositions : 1944, 1946, Lefèvre, Londres, G) ; 1948, René Drouin, Paris ; 2012, National Portrait Gallery, Londres, (P).

Rétrospective : 1974, Hayward Gallery, Londres ; 1987, 2010, Centre Pompidou, Paris ; 1988, National galerie, Berlin ; 2002, Tate Modern, Londres ; 2005, Musée Correr, Venise.

Citation(s) : Il a dit :
- Je veux que la peinture soit chair.
- Je dois peindre ce que je ressens sans tomber dans l'expressionnisme.


Oeuvres


After Cézanne - huile sur toile - 214 x 215 cm (dimensions irrégulières) - (c) National Gallery of Australia, Canberra,  L. Freud - 2000
After Cézanne - huile sur toile - 214 x 215 cm (dimensions irrégulières) - (c) National Gallery of Australia, Canberra, L. Freud - 2000
Leigh sous la lucarne - huile sur toile - 271 x 121 cm - coll. part., (c) DR, L. Freud - 1994
Leigh sous la lucarne - huile sur toile - 271 x 121 cm - coll. part., (c) DR, L. Freud - 1994
Reflet avec deux enfants (autoportrait) - huile sur toile - 91 x 91 - (c) Museo Thyssen-Bornemiska, Madrid, L. Freud - 1965
Reflet avec deux enfants (autoportrait) - huile sur toile - 91 x 91 - (c) Museo Thyssen-Bornemiska, Madrid, L. Freud - 1965
Le jardin du peintre avec Eli - photographie - 56,5 x 75,8 cm - (c) D. Dawson, Hazlitt Holland-Hibbert, Londres - 2006
Le jardin du peintre avec Eli - photographie - 56,5 x 75,8 cm - (c) D. Dawson, Hazlitt Holland-Hibbert, Londres - 2006