Fiche de présentation

ESTÈVE, Maurice

né le 2 mai 1904 à Culan, Cher, France ; 1915, commence à peindre ; 1918, étudie le dessin au cours du soir de la ville de Paris et dans un atelier de dessin ; 1923, dirige à Barcelone un atelier de dessin de tissus ; 1924, fréquente l'atelier libre Colarossi à Montparnasse*; 1937, participe à la réalisation des décorations murales de Robert et Sonia Delaunay* pour l'Exposition universelle ; 1970, gGrand prix national des arts ; 2001, meurt le 27 juin à Culan ; y est inhumé.

Type(s) : Artiste

Technique(s) : Peintre

Présentation : Il vient du postimpressionnisme* (1919-1927) et du postcubisme (1929-1938), Bouteille, fruit et pots sur table, (1938). Le passage de la figuration à la non-figuration* se fait par un glissement, de 1938 à 1946, durant lequel explose la couleur qui prend le pas sur la forme, et soudain, il n'y a plus de formes que colorées, qui va parcourir le chemin de l'abstraction, La Chaise de cuisine, (1942), à celui de la non-figuration, sans signification autre  les à-plats superposés de la figuration fortement chromatisée sont devenus simples emboîtements.
À compter de 1946 et pour plus de quarante ans, le style Estève est arrêté, l'année même de la définition du style Poliakoff*. Chez ce dernier, les formes sont juxtaposées, chez Estève, elles sont fondues. Chez Poliakoff, deux dimensions; chez Estève, il y en a une troisième, la profondeur, par le jeu des plans successifs, par l'opposition des formes sombres et des formes (centrales) claires et du "quadrillage" des oeuvres aux bandeaux géométriques, Ardentes en Berry, (1949), qui frappent les arrondis, les rejointoient et dialoguent avec eux, Intérieur de juillet, (1950, MNAM), ou Les Goudes, (1954), sorte de farandole géométrique. Ces arrondis rappellent Lacasse*, mais Estève entoure ses "pierres" par des méandres, issus des quadrillages. La texture, dense au départ, se détend, Orly, (1952), donnant à l'arrière-plan une existence nouvelle ou, à l'inverse, la supprimant par un kaléidoscope de formes, de bord à bord, Hommage à Stephenson, (1978, Mus. Estève, Bourges ou MEB), Buisson, (1981). La palette  oscille, entre les années 1950 et les années 1970, de la luminosité impressionniste au tragique expressionniste* des bleus nuit et des noirs, à peine rehaussés d'un soupçon de rouge ou d'une percée laiteuse. En 1973, les couleurs sont devenues violentes, avec tous les nuances des turquoises, améthystes, jaunes, rouges et orangés, les contours sont exceptionnellement fermes, le plus souvent souples, et les couleurs exceptionnellement unies, le plus souvent en dégradés vibratiles. C'est de l'eau dont il est question avec ses lunules, ses lentilles et ses filaments. De 1956 à 1983, une suite d'aquarelles, de dessins, de fusains, formellement semblables aux huiles, mais à leur opposé chromatique, puisque seuls les noirs, blancs, gris, indigos sont de la partie. La couleur absente, seul demeure le souci de la composition équilibrée.
L'année 1984 est particulière, en ce sens qu'il paraît se rapprocher de Cobra* : les arrondis le cèdent à des angles, les transparences aux juxtapositions, et les pièces géométriques, qui se détachent parfois d'un fond, se voient dotées d'yeux. Dans les années 1990, structure et chromatisme vif demeurent féaux à eux-mêmes, mais ce sont les formes qui changent; elles s'allongent et sinuent, chacune empruntant par imprégnation une partie des couleurs de la voisine, Compoisition n°885 A, (1964).  La palette s'obscurcit, D 1881, (1970), sans abandonner les transparences
.À compter de 1965, une suite de collages aux teintes sourdes révèle la même volonté de balancement des formes, anthropomorphes ou mécanomorphes, sur fond nu : ici, on est aux antipodes des huiles, d'autant que de rares morceaux de journaux, et une volonté de barioler, de dégrader, de strier les formes, rendent la composition plus complexe.

Expositions : 1929, Salon des Surindépendants, Paris ; 1930, Yvangot, Paris (G) ; 1948, 2000, Louis Carré, Paris.

Rétrospective : 1961, Bâle, Düsseldorf, Copenhague, Oslo; 1981, musée Cantini, Marseille, muse d'État, Luxembourg, musée de Metz; 1983, maisons de la culture de Bourges et de Châteauroux; 1986, Grand Palais, Paris.

Musées : musée Estève, hôtel des Échevins, Bourges, en deux donations de 1985 et de 1989, et une troisième, en 1994, de la collection complètedes 82 lithos.

Lieux publics : 1957, vitraux pour l'église de Berlincourt, Suisse.

Bibliographie(s) : Robert aillard, Catalogue raisonné de l'oeuvre peint, Ides et Calandes (1995).